Contrôlé par l'Etat français, le groupe qui exploite au total 29 aéroports dans le monde a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 30% l'année dernière à 2,78 milliards d'euros, encore loin toutefois des 4,7 milliards de 2019, avant la crise du Covid-19 qui a torpillé l'ensemble du secteur.
Ce choc s'est encore fait sentir sur le trafic de passagers du Groupe ADP en 2021 : au total ses installations ont accueilli 160 millions de passagers, une hausse de 37,2% sur un an, mais ne permettant de retrouver que 45,6% du niveau de 2019.
Les aéroports de Roissy et Orly desservant la région parisienne se sont moins bien comportés que la moyenne, avec 38,8% du niveau de 2019, malgré une augmentation de 26,8% sur un an à 42 millions de passagers.
"Les mois de janvier à mai 2021 ont été marqués par une résurgence de la pandémie de Covid-19 qui a affecté l'ensemble des activités du groupe", a remarqué son PDG Augustin de Romanet, cité dans un communiqué.
"La reprise de l'activité amorcée à partir de mi-mai s'est poursuivie jusqu'à la fin de l'année", a-t-il ajouté.
L'exercice 2021 n'a que peu souffert du variant Omicron du Covid-19, identifié fin novembre et dont la forte contagiosité a temporairement provoqué de nouvelles restrictions de déplacement à travers le monde.
"Omicron aura produit ses effets entre 15 décembre et le 15 février", a estimé M. de Romanet dans un entretien avec l'AFP. Son impact "a quand même été fort", a-t-il ajouté, évoquant une chute du trafic "d'une douzaine de points" de pourcentage.
Mesure préventive sur les actions
Mais "janvier est un petit mois" pour la fréquentation des aéroports, "donc cela n'impactera pas trop nos prévisions annuelles", a-t-il affirmé.
Pour 2022, le groupe a fait état de son optimisme, comptant retrouver "entre 70% et 80%" du trafic de 2019 pour l'ensemble de ses aéroports, une fourchette qui serait située "entre 65% et 75%" pour les installations parisiennes.
Depuis le début de la crise en 2020, ADP a multiplié les mesures d'économies : investissements réduits, fermeture de terminaux et plan de départs volontaires.
M. de Romanet a salué "l'effort de solidarité" des employés qui a permis "de faire des économies très substantielles".
ADP a pu abaisser son "point mort", c'est-à-dire le volume de passagers à partir duquel il ne perd plus d'argent. L'entreprise estime pouvoir réaliser en 2022 une marge d'excédent brut d'exploitation (EBITDA) "entre 30% et 35% du chiffre d'affaires".
ADP compte revenir cette année à un "résultat net positif" pour la première fois depuis 2019. Il avait perdu 1,17 milliard d'euros en 2020.
A plus long terme, ADP pense que ses installations parisiennes retrouveront le trafic de 2019 entre 2024 et 2026, tandis que pour l'ensemble des aéroports du groupe, cette échéance arriverait plus tôt, entre 2023 et 2024.
Sorti endetté de la crise (8 milliards d'euros de dette nette à fin 2021 contre 5,3 en 2019), ADP juge être en mesure de faire face à ses échéances et de faire passer son ratio de dette sur EBITDA de 6 à 7 en 2022 à une fourchette de 4,5 à 5 en 2025.
L'année 2025 est aussi l'horizon du nouveau plan stratégique d'ADP, qui vise une forte progression des dépenses par passager dans les aéroports parisiens via une montée en gamme des services proposés.
Enfin, ADP a annoncé avoir approuvé une mesure pour pouvoir contrôler les 8% de son capital que la société gestionnaire de l'aéroport de Schiphol (Pays-Bas) doit céder dans le cadre de la fin de leurs participations croisées, conformément à des accords préexistants.
Il s'agit d'une "mesure d'anticipation, de protection éventuelle" pour pouvoir "préempter nos titres si les solutions retenues par Schiphol n'étaient pas complètement en ligne avec les intérêts de l'entreprise", a expliqué Philippe Pascal, directeur général adjoint chargé des finances.
ADP, en l'état, ne prévoit pas de racheter ces actions, d'une valeur de quelque 1,3 milliard d'euros, a-t-il poursuivi.