"La France bénéficie d'un fort potentiel de croissance en sources renouvelables. Mon impression est que nous sommes là à un moment opportun, celui d'une transition énergétique", a indiqué à l'AFP Martin Pacovsky, responsable de la CEZ en charge d'énergies renouvelables.
"Il est bon d'être présent", insiste-t-il alors que la France s'est fixé pour objectif d'élever la part des énergies vertes dans le mix énergétique global à 23% en 2020 puis à 32% en 2030.
La CEZ, premier électricien tchèque, a fait en juin 2017 l'acquisition en France d'un ensemble de neuf projets d'éoliennes en phase de préparation avancée, à la société allemande ABO Wind.
"Le processus de développement d'un projet, depuis l'idée jusqu'à la réalisation, est relativement compliqué. Au début, il est bon d'avoir un partenaire qui connaît les conditions locales telles que la force du vent ou la situation autour de la propriété des terrains", explique M. Pacovsky.
"Nous aspirons à rejoindre un projet au moment où il nécessite un savoir-faire industriel. Dès cette phase-là nous sommes prêts à le financer, le réaliser et l'exploiter", ajoute-t-il, sans toutefois vouloir se prononcer sur la rentabilité attendue de l'expansion dans l'Hexagone.
Quatre projets autorisés
La compagnie tchèque a déjà obtenu les feux verts nécessaires pour quatre de l'ensemble des neuf projets de centrales éoliennes en France, d'une puissance installée totale de 42,4 mégawatts.
La construction de la première éolienne CEZ en France commencera fin 2018 à Aschères-le-Marché, dans le Loiret, pour être achevée au second semestre 2019.
Les cinq autres projets se trouvent "à différentes étapes d'autorisation", constate M. Pacovsky avant de relever que le processus d'octroi de permis "n'est pas des plus simples" en France.
Si tous les neuf projets sont réalisés, la puissance installée des éoliennes CEZ en France atteindra 100 MW d'ici cinq ans.
La CEZ, 8e groupe énergétique d'Europe, est implanté, outre la République tchèque, en Allemagne, en Roumanie, en Pologne, en Turquie, en Hongrie, en Bulgarie et en Slovaquie.
Sur le plan de l'éolien, la compagnie tchèque est particulièrement active en Roumanie (le parc de Fantanele-Cogealac d'une capacité de 600 MW) et en Allemagne (dix fermes d'une capacité installée totale de 133 MW).
Le groupe cherche à s'implanter en Europe occidentale, après avoir affronté ces dernières années d'importants problèmes dans le sud-est du continent où un litige l'a opposé à l'Albanie et où la cession en cours de filiales en Bulgarie à une compagnie locale a provoqué un scandale politique à Sofia.
Moins de risque
"Les pays d'Europe de l'Ouest dont la France sont très favorables aux énergies renouvelables", a dit le responsable de la CEZ en allusion aux conditions fixées par la loi et offrant aux producteurs d'énergie renouvelable des contrats d'obligation d'achat ou des contrats de complément de rémunération.
"Un investissement dans les actifs en Europe occidentale présente moins de risques", résume M. Pacovsky.
Fondée en 2017, la société CEZ-France siège à Toulouse.
"La France est un pays à environnement réglementaire stable. Il est donc juste à mon avis de diversifier notre portefeuille non seulement du point de vue technologique mais aussi géographique", poursuit-il, avant de laisser entendre que la CEZ s'apprête à se manifester prochainement dans l'Hexagone aussi dans le photovoltaïque.
"Un agriculteur raisonnable ne met pas tous ses oeufs dans le même panier", insiste le responsable du groupe qui exploite entre autres les deux centrales nucléaires tchèques à Dukovany et à Temelin et qui a vu son bénéfice net augmenter de 30% en 2017 à 747 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 7,94 mds EUR.
En 2017, la CEZ a produit 62,887 térawattheures d'électricité brute dont 4,677 TWh reviennent aux énergies renouvelables (hydraulique, biomasse, photovoltaïque, éolien, biogaz).
"Notre objectif est d'investir deux milliards d'euros d'ici 2021 dans les nouvelles solutions énergétiques et des actifs renouvelables", conclut M. Pacovsky.