Ce déménagement, destiné à regrouper au même endroit les 16 sites de la région (qu'elle loue ou possède) et les 1.800 agents qui y travaillent, s'effectuera par étapes. L'emménagement dans les nouveaux locaux de Saint-Ouen, au nord de Paris, se fera sur un mois, à compter du 5 février.
Font leur cartons pour l'instant 1.400 agents, ainsi que la présidente et l'exécutif.
Les conseillers régionaux attendront jusqu'en 2019 pour intégrer un second bâtiment, pas encore construit, qui contiendra l'hémicycle.
"Notre région donne l'exemple, puisque dans quelques jours nous franchirons le périphérique, et nous nous installerons en Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen, dans un quartier populaire", a déclaré Valérie Pécresse lors de ses voeux mardi. "Le déménagement, 17 ans qu'on en parlait... nous on le fait".
La Région possède actuellement sept immeubles (33.000 m2) dans le VIIe arrondissement et loue 31.000 m2 de locaux dans la capitale, pour 30 millions d'euros par an. Au final, elle louera ses locaux à Saint-Ouen à un tarif moyen de 237 euros/m2 contre 504 euros/m2 en moyenne actuellement, assure l'entourage de Mme Pécresse.
La décision de déménager au-delà du périphérique avait été adoptée dès la première séance du conseil régional qui a suivi son élection, en janvier 2016. Trente-sept sites avaient été présélectionnés, puis trois retenus (Saint-Ouen et Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, et Ivry dans le Val-de-Marne), après concertations des syndicats.
En juin Valérie Pécresse a finalement choisi deux bâtiments (dont l'un pas encore construit) d'un total de 56.815 m2, à Saint-Ouen. Le loyer annuel est annoncé à 21,2 millions d'euros, avec options d'achat.
L'opposition de gauche avait alors déploré une absence de concertation et le FN le choix du site "le moins pertinent".
Les syndicats se sont aussi inquiétés de problèmes de pollution sur le site, réfutés par la région.
Outil de communication
"Les agents sont toujours assez rebutés par la perspective de déménager", assure Fabrice Delangre, délégué CFDT, qui évoque notamment l'allongement du temps de transport et le travail en open-space qui va être généralisé. "On nous parle de 4 minutes de transports supplémentaires en moyenne, mais ça c'est avec la future ligne de métro 14. En attendant les agents vont devoir prendre la ligne 13, déjà surchargée".
"Ce déménagement, ce n'est pas qu'un changement d'adresse, insiste l'entourage de Mme Pécresse, c'est la transformation de l'administration, avec des directions plus transversales, ouvertes et connectées".
"Il était nécessaire d'optimiser notre budget et notre capacité d'intervention", renchérit Jean-François Vigier (UDI), membre de la majorité régionale, évoquant également "une volonté de mieux accueillir nos agents" avec "un équipement plus fonctionnel", loin des "vieux bâtiments consommateurs d'énergie".
François Damerval, élu du groupe Alternative écologiste et sociale et président de la mission d'information mise en place à la demande de l'opposition, évoque un projet "imaginé comme un outil de communication électorale" et "un outil de plan social", pour "faire partir les agents".
Il relève, comme les syndicats, "une importante demande des agents à faire du télétravail", du fait des futurs open-space et des temps de trajets plus importants pour certains agents.
Pour la région, le télétravail, qui fait partie des cinq accords sociaux qu'elle a signés en deux ans, est au contraire un signe d'amélioration du "dialogue social". Il est ouvert à 70 à 80% des postes et sera possible jusqu'à 2 jours par semaine.
Sur le fond du dossier, M. Damerval souligne avoir saisi le procureur au nom de l'article 40 du code de procédure pénal qui oblige tout élu à signaler aux autorités des éléments qui pourraient relever du délit, estimant qu'"un problème de favoritisme en terme de marché public pourrait apparaitre".
Des propos "diffamatoires", selon la région, qui souligne que "toutes les décisions ont été prises sous le contrôle de légalité du préfet, qui les a toutes validées sans observation".