Ces deux jours de rencontres seront l’occasion d’échanger, de revisiter les politiques de protection de la nature mises en œuvre à travers le monde au regard des nouveaux enjeux comme le changement climatique, la mondialisation des échanges ou les Objectifs du Développement durable.
Cet événement s’inscrit dans le cadre de la préparation du Congrès mondial de la Nature qui se tiendra en juin 2020 à Marseille.
Qu’est-ce que l’UICN ?
Fondée en 1948 à Fontainebleau, l’UICN est une organisation internationale unique au monde en ce qu’elle rassemble 1300 membres à travers 163 pays. Observateur permanent aux Nations-Unies, l’UICN réunit des Etats, des organisations non gouvernementales, certaines très spécialisées comme les plus grandes ONG de protection de la nature (comme notamment WWF, CI, WCS), des fondations et des gestionnaires d’espaces naturels. Elle s’appuie sur une communauté de 10.000 experts pour élaborer ses politiques et rendre ses avis, comme notamment les « Listes rouges des espèces menacées » qui servent de base aux mesures de protection mises en œuvre par les Conventions internationales, les organisations régionales et les Etats. L’UICN conseille également l’UNESCO pour le classement des espaces de nature au Patrimoine mondial.
Un programme international
Avant de tenir son Congrès mondial à Marseille en juin 2020, l’UICN célèbre en France son 70ème anniversaire les jeudi 30 et vendredi 31 août prochains à Fontainebleau, lieu de fondation de cette organisation unique au monde. Pour quelques-uns des représentants de ses 1300 membres répartis dans 163 pays à travers le monde, ces Rencontres seront à la fois un véritable retour aux sources et, en s’appuyant sur leur diversité, l’occasion de réfléchir à la façon dont nous pouvons collectivement repenser notre rapport à la nature.
Cet été a vu s’accumuler des nouvelles alarmantes concernant l’état de notre planète : températures records, avancement de deux mois du jour du « dépassement mondial » en l’espace de 20 ans, incendies, inondations… Si la prise de conscience progresse, les actions tardent à se mettre en place. Au-delà des décisions politiques et des actes réglementaires, au-delà des « éco-gestes » individuels, au-delà des changements de modes de production et de consommation, il est temps de reconsidérer notre relation à la planète, à la nature... Et de le faire en mettant en commun les expériences et les savoirs existant partout dans le monde.
Plus de 40 intervenants
Ces Rencontres ont été pensées pour réunir des intervenants venus de France, d'Amérique du Nord et du Sud, d'Afrique, ou encore d’Océanie, qu’ils soient scientifiques, gestionnaires, responsables institutionnels, ou représentants d’ONG (petites et grandes comme CI, WCS, WWF). C’est l’opportunité de rencontrer, d’entendre des personnalités agissant pour la protection de la nature rarement présents en France.
Le plus illustre d’entre eux est certainement Tom Lovejoy, considéré comme l’un des inventeurs - en 1980 - du terme de « diversité biologique » - expression qui sera ensuite contractée en « biodiversité » par Walter G. Rosen. Tom Lovejoy débute sa carrière de chercheur en Amazonie en 1965. Tout au long de sa carrière, il s’attache à mettre en évidence la dégradation des écosystèmes sous l’effet de la pression anthropique – notamment à travers ses travaux sur les effets de la fragmentation de la forêt amazonienne - mais aussi à la recherche de solutions. Ainsi, il est à l’origine du concept de « swap Dette publique / Protection de la nature » qui permet d’effacer la dette publique d’états en échange de la protection de zone de nature, et du programme REDD +, programme de compensation carbone visant à restaurer des espaces de forêt.
À ses côtés, plus de 40 intervenants seront présents. Aussi est-il difficile de les citer tous !
Commençons par le plus inattendu : Didier Van Cauwelaert, romancier français, plus connu pour son œuvre littéraire que pour son engagement – pourtant profond - pour la protection de la nature, a accepté d’intervenir comme « Grand témoin » le jeudi 31 au matin.
Institutions : Monique Barbut, Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies pour la Lutte contre la Désertification, Inger Andersen, Directrice générale de l’UICN, Marie-Laure Lavenir, Directrice générale du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), Lazare Eloundou-Assomo, Directeur adjoint du Patrimoine, UNESCO, Joseph King, Directeur de l'Unité "Sites", Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) ou encore Christophe Aubel, Directeur de l’AFB.
Scientifiques : Gilles Boeuf, Président du Conseil scientifique de l’Agence française pour la Biodiversité, Eleanor Sterling, Responsable scientifique de la conservation au Centre pour la biodiversité et la conservation au Muséum d'histoire naturelle américain, Hélène Melin, Maître de conférences en sociologie, CNRS Université de Lille, Yildiz Aumeeruddy-Thomas, CNRS, Directrice de Recherche, Responsable Équipe Interactions Bioculturelles, CEFE, Paul Arnould, Professeur émérite des universités, Ecole Normale Supérieure de Lyon, Président du Comité scientifique pour l'inscription de la forêt de Fontainebleau au patrimoine mondial de l'Unesco ou encore Jan Olov Westerberg, Anthropologue, Président du Comité Politique et Programme du Conseil de l'UICN.
Entreprises : Marie-Claire Daveu, directrice du Développement durable et des Affaires institutionnelles internationales de Kering, et Dr. Helen Crowley, responsable de l’approvisionnement durable et innovant de Kering ou encore Bettina Laville, présidente du Comité 21.
ONG : John Robinson, directeur de la conservation de l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) et Vice President de l’UICN, Kristen Walker, Vice-Présidente du Centre pour les communautés et la conservation de l'ONG Conservation International (CI), Pascal Canfin, Directeur de WWF France, Mohamed Ewangaye, Comité de coordination des Peuples autochtones d'Afrique ou encore Magdalene Setia Kaitei, Directrice de l'organisation "Emayian Integrated Development", Kenya.
Le programme
Placées sous le parrainage du ministre de la Transition écologique et solidaire - qui interviendra en ouverture aux côtés de Frédéric Valletoux, Maire de Fontainebleau, et de John Robinson, Vice-Président de l'UICN et Directeur de la conservation de l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) – ces rencontres intitulées « L’avenir des paysages, nouveaux rapports entre l’humain et la nature » se décomposent en deux matinées de plénière, un après-midi d’ateliers et un après-midi de visites Nature & Culture.
Les temps forts
Jeudi 30 Aout
Protéger la nature par l’inscription au Patrimoine Mondial
Animée par Tim Badman, Directeur UICN du Programme « Patrimoine Mondial », la première table ronde « Paysages et relations entre l’humain et la nature : perspectives sur le patrimoine naturel et culturel » verra Lazare Eloundou-Assomo, Directeur adjoint du Patrimoine, UNESCO, Joseph King, Directeur de l'Unité "Sites", Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) et Marie-Laure Lavenir, Directrice générale du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), rappeler les critères pris en compte pour le classement des 209 espaces de nature, répartis dans 96 pays, ou encore les 38 sites « mixtes » (c’est-à-dire reconnus pour leur valeur culturelle et naturelle) inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO et échanger sur leur évolution au regard des menaces nouvelles. Rappelons que cette inscription a déjà permis de protéger des sites remarquables tels que Ngorongoro, en République-Unie de Tanzanie, le Parc national de Royal Chitwan, au Népal, le sanctuaire de baleines d’El Vizcaino, au Mexique ou encore le Parc national du Mont Kenya…
Évolution des paysages et des relations entre l’humain et la nature : « d’où venons-nous et où allons-nous ?»
Animée par Cyriaque Sendashonga, Directrice des Politiques Globales de l’UICN, cette table ronde verra intervenir Gilles Boeuf, pour une présentation des menaces qui pèsent sur la biodiversité, Tom Lovejoy, considéré comme l’inventeur du terme « Biodiversité », chercheur qui a travaillé aussi bien sur l’état de la biodiversité que sur les solutions pour la préserver (avec l’invention des mécanismes de swap dette publique/nature ou REDD +), dressera un panorama critique des politiques de conservation mises en œuvre, Bettina Laville, Présidente du Comité 21 et organisatrice, en 1998, du 50ème anniversaire de l’UICN rappellera le chemin parcouru et Hélène Melin, à travers ses travaux sur le Parc National des Calanques ou les paysages du Nord, l’importance du lien affectif qui unit l’humain à la nature.
Didier van Cauwelaert, romancier : Quand passion fait passeur…
Romancier français, connu et couronné de nombreux prix littéraires (dont le Prix Goncourt en 1994 pour « Un aller simple »), Didier Van Cauwelaert fait partager à ses millions de lecteurs sa passion pour la nature, les arbres (à travers notamment la série Thomas Drimm), ou les abeilles à travers de belles histoires et une langue vive et alerte. C’est aussi un « passeur de connaissance » qui a pris position en faveur des peuples autochtones et des communautés locales. Il a choisi pour titre de son intervention « L’intelligence des Abeilles »…
Quatre ateliers pour croiser les points de vue et aborder deux thématiques emblématiques de la complexité des relations entre l’humain et la nature
Regards croisés à travers deux tables rondes :
« Peuples autochtones et communautés locales, quand culture et nature ne font qu'un » et « Valeurs culturelles et spirituelles dans la conservation des paysages ». L’humain fait partie de la nature mais se comporte parfois comme s’il en était séparé. Les témoignages de représentants et de défenseurs des peuples autochtones et communautés locales permettront de découvrir un autre rapport entre l’humain et la nature, comment les aider à nous aider, quels enseignements pour protéger les derniers grands espaces de nature primaire et de ce qu’on appelle la nature ordinaire, ce que Robert Barbault appelait le « tissu vivant de la planète ». La deuxième table ronde permettra de rappeler et de croiser les perspectives entre croyants et non croyants pourtant tous membres d’une même communauté ou comment les valeurs spirituelles contribuent à la protection de la nature.
Deux thématiques emblématiques :
« Pour une gestion respectueuse des paysages protégés terrestres, côtiers et marins » et « Le pastoralisme comme stratégie de conservation de la nature » : Comment concilier protection des espaces et développement humain, comment le faire au regard des changements climatiques seront quelques-unes de questions abordées lors de cette première session. Si, en France, la question du pastoralisme aujourd’hui divise et oppose protecteurs de la nature et activité pastorale, dans d’autres pays, sous d’autres horizons les deux vont pourtant de pair. Ces échanges permettront-ils de revoir nos positions ?
Vendredi 31 Aout
Fontainebleau, un cas d'école
Berceau de l’UICN, Fontainebleau abrite également le premier espace de nature protégé au monde. C’est en 1861 qu’ont été créées les « Réserves artistiques », espaces de la forêt de Fontainebleau protégés à la demande des Peintres de Barbizon. Aujourd’hui, sous l’impulsion du Maire, une demande d’extension à la forêt de l’inscription du Château de Fontainebleau au Patrimoine mondial débute. Paul Arnould, Professeur émérite des universités, Ecole Normale Supérieure de Lyon, préside le Comité scientifique pour l'inscription de la forêt de Fontainebleau au patrimoine mondial de l'Unesco présentera la démarche.
Etat, Entreprise, ONG, comment coopérer pour la protection de la nature ?
Après une restitution des ateliers de la veille, Christophe Aubel, Directeur de l’Agence française pour la Biodiversité, Bernard Cressens, Président du Comité français de l'UICN, Marie-Claire Daveu, Directrice du Développement durable et des Affaires institutionnelles internationales, Kering et Kristen Walker, Présidente de la Commission des Politiques Environnementales, Economiques et Sociales de l’UICN présenteront leur vision, leurs actions et leurs propositions à travers la session intitulée « Les rapports entre l'humain et la nature : vers un regard nouveau ».
Trois instruments séparés pour une même cause : « "Notre jardin habité, reconnecter l'humain à sa terre".
Keynote speech – Monique Barbut, Secrétaire Exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.
Trois Conventions sont issues du Sommet de la terre qui s’est tenu à Rio en 1992 : celle sur le Climat, celle sur la Diversité biologique et celle sur la lutte contre la désertification. Au-delà des conventions internationales, comment recréer le lien entre l’homme et la terre.
21 mois avant le Congrès mondial de la nature, repenser les politiques de protection de la nature au regard des nouveaux enjeux
« L’avenir des paysages : de la vision à l’action pour de nouveaux rapports entre l’humain et la nature », Inger Andersen, Directrice générale de l’UICN, Pascal Canfin, Directeur du WWF France et Jan Olov Westerberg, Anthropologue, Président du Comité Politique et Programme du Conseil de l'UICN ouvriront de nouvelles perspectives pour la protection de la nature au regard notamment des Objectifs du Développement durable adoptés en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies. L’adoption des Objectifs de développement durable (ODD) en 2015 représente un changement de paradigme dans la politique de développement mondiale. A la différence des Objectifs du Millénaire, les ODD s'appliquent à l'ensemble des pays du monde et pas seulement aux pays en développement. Par ailleurs, les ODD ont été conçus de manière à être interdépendants : on ne peut viser l’atteinte d’un objectif sans progresser sur les autres dans le même temps. Plus clairement : chercher à nourrir la population mondiale en portant atteinte à la qualité de l'eau, des sols, ou de la biodiversité n’est plus reconnu comme une solution. Et protéger la nature doit aller de pair avec le développement des populations.
Après les interventions de clôture de Frédéric Valletoux et John Robinson, les participants seront invités à des visites Nature & Culture pour aller à la découverte du Château et de la forêt.