Attendue en clôture de cette grand-messe économique, la Première ministre Elisabeth Borne a finalement renoncé à s'y rendre en raison, selon Matignon, des émeutes qui ont embrasé la France après la mort de Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.
Essoufflement de la croissance économique, pouvoir d'achat rongé par l'inflation, tensions sociales, dérèglement climatique, prégnance du risque géopolitique... Dans un environnement marqué par une convergence de crises, les organisateurs veulent créer les conditions de la sortie de crise plutôt que verser dans le pessimisme.
Pendant trois jours, une soixantaine de débats seront accessibles gratuitement au grand public et retransmis sur internet, rassemblant quelque 380 économistes, responsables politiques de tous bords, chefs d'entreprises, syndicalistes et autres représentants de la société civile d'une quarantaine de nationalités autour de sujets résolument tournés vers l'avenir.
"Capacités de rebond"
"Le Covid joue un rôle absolument majeur dans l'histoire de l'humanité. La sortie du Covid, c'est d'abord une immense victoire scientifique", souligne Jean-Hervé Lorenzi, le président des Rencontres d'Aix.
"A partir de ce moment-là, les sociétés se reconstituent parce que les références qui étaient les leurs (...) sont sur la table", poursuit-il, interrogé par l'AFP.
"Dans les faits, on s'aperçoit que nos sociétés, et notamment la société française, portent en elles beaucoup de capacités de rebond", note l'économiste. "Encore faut-il régler quelques urgences", au premier rang desquelles il cite le logement, le marché du travail et l'éducation.
"Si vous avez des capacités de logement, les gens vont être plus mobiles. Si vous avez des rémunérations plus adaptées, les emplois seront pris. Tout cela suppose une formation ainsi qu'un dispositif éducatif qui n'exclut pas et forme de manière plus satisfaisante".
Ces thématiques figurent au programme, comme de nombreuses autres, telles le nouveau rapport au travail, la renaissance industrielle, le réveil des consciences écologiques, le rôle des entreprises dans la société, les enjeux de mobilité, les nouvelles voies de la démocratie, les progrès de la médecine, la transition énergétique ou encore la croissance soutenable...
Seront présents le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde, le président sénégalais Macky Sall, son homologue géorgienne Salomé Zourabichvili, le Premier ministre de Djibouti Abdoulkader Kamil Mohamed ou encore le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné.
Place aux jeunes
A l'heure où le gouvernement veut couper des milliards d'euros de dépenses pour redresser les finances mal en point de la France, la résolution des urgences comme le logement relève davantage de la volonté politique que d'une question de financement, juge M. Lorenzi.
"Je pense que la plupart des sujets que nous avons à traiter dans notre pays sont tout à fait traitables", souligne-t-il: "la plupart des problèmes sont des problèmes politiques".
Et sur les finances publiques, il plaide pour "une réorganisation du mode de fonctionnement de la puissance publique" plutôt que des "rabotages".
Sous le thème "espérer dans un monde de violences", la session inaugurale du vendredi rassemblera le maire de Kiev Vitali Klitschko, la présidente d'Amnesty International Anjhula Mya Singh Bais, le secrétaire général adjoint de l'Otan Mircea Geoana ainsi que la journaliste et écrivaine Abnousse Shalmani.
Cette 23e édition des Rencontres veut aussi faire la part belle aux jeunes, placés au cœur du débat économique. Elisabeth Borne devait initialement partager la scène avec quatre d'entre eux dimanche.
En lieu et place de la traditionnelle déclaration finale, les Rencontres se clôtureront le dimanche par un manifeste qui ambitionnera de rallier tous les intervenants et portera des thèmes comme l'intégration sociale des jeunes, l'emploi des séniors, la formation et l'action publique.