Le feu vert annoncé dans la matinée par les ministres italiens des Transports et des Sports est passé dans la soirée à l'orange, voire au rouge clair après la mise au point du Comité international olympique.
Matteo Salvini et Andrea Abodi croyaient pourtant avoir mis un point final au feuilleton qui empoisonne les organisateurs des JO-2026 de Milan Cortina depuis des mois.
"La piste de bob, skeleton et luge pour les JO et Jeux paralympiques 2026 de Milan-Cortina sera bien dans la commune de Cortina", ont-ils annoncé dans un communiqué commun. "Ce choix, ont-ils ajouté, met un point final (au dossier) et montre la détermination extrême de ce gouvernement de conclure tous les travaux en vue des Jeux le mieux possible et en Italie."
Mais, sans surprise, l'annonce du gouvernement italien qui a repris la main depuis décembre sur un dossier devenu hautement politique et symbolique a fait réagir le Comité internationale olympique (CIO), opposé depuis le début à un chantier onéreux (82 millions d'euros) et présentant peu d'intérêt pour la population locale et même pour les sports concernés.
Treize mois pour un chantier complexe
L'instance olympique, basée à Lausanne, a fait part à l'AFP par la voix d'un porte-parole "de sa grande inquiétude au sujet de la livraison (de la piste) pour que la deadline de mars 2025 soit respectée, afin qu'elle soit validée et homologuée".
"Aucune piste (de bobsleigh) n'a jamais été construite dans un délai aussi court", relève le CIO.
Il reste en effet treize mois au groupe de BTP italien Pizzarotti qui, seul candidat, a remporté l'appel d'offres, pour construire une piste qui mesure 1.445 mètres de long sur un terrain présentant une déclivité moyenne de 8,5% et qui comporte 16 virages, ainsi que des équipements de réfrigération spécifiques.
L'inquiétude du CIO est partagée par les deux fédérations internationales concernées, celle de luge et celle de bobsleigh/skeleton.
"C'est pourquoi le CIO a demandé au comité d'organisation de travailler sur un plan B, en cas de retards pour que les épreuves puissent avoir lieu", a-t-il indiqué.
Contacté par l'AFP, le comité d'organisation des JO-2026 n'a pas souhaité faire de commentaire et a renvoyé vers son communiqué publié mardi à l'issue de son conseil d'administration.
Les organisateurs avaient alors fait part de leur "optimisme", tout en précisant qu'ils continuaient de travailler sur un plan B, à savoir la délocalisation sur une piste déjà en état de fonctionnement à l'étranger, en Suisse ou Autriche voisines notamment, comme voulu par le CIO.
"Il faut un électrochoc"
Ce feuilleton à rebondissements a singulièrement écorné l'image des JO-2026 et des organisateurs.
En octobre dernier, ils avaient annoncé que, faute de piste en Italie, ils allaient déplacer hors du pays les épreuves, du jamais vu dans l'histoire des JO d'hiver.
Mais désireux d'éviter ce qu'il considérait comme un camouflet alors qu'il a mis le "Made in Italy" au centre de son action, le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni avait relancé l'idée de la construction d'une piste à Cortina, comme initialement prévu lorsque la candidature italienne avait été retenue en juin 2019.
A bientôt deux ans de l'échéance (6-22 février 2026), il n'y a pas que la piste de bobsleigh qui pose problème, à entendre le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti.
Peu après l'annonce de ses deux collègues du gouvernement, il a tenu un discours quelque peu alarmiste. "Je commence à regretter d'avoir contribué à amener les Jeux olympiques d'hiver (en Italie), parce que c'est une grande responsabilité et je vois qu'il y a de grandes difficultés" dans la réalisation des travaux, a-t-il déclaré selon des propos rapportés par la presse italienne.
"Il ne reste plus que deux ans et qu'avons-nous fait ? (...) Le temps pour faire des travaux d'infrastructure est terriblement réduit et devient presque impossible à respecter. Nous devons trouver un moyen de ne pas rater cette occasion historique, il faut un électrochoc", a-t-il prévenu.