Selon des journalistes de l'AFP, l'épaisse fumée aux teintes jaunâtres qui se dégageait de l'édifice était moins dense vers 20h30, mais badauds et touristes se pressaient toujours aux alentours du périmètre de sécurité établi par les secours.
Le président, qui se rendait sur place accompagné du Premier ministre Édouard Philippe, a dit dans un tweet, partager l'"émotion de toute une nation". Au-delà des frontières, plusieurs responsables étrangers ont aussi fait part de leur émotion, Donald Trump évoquant des "images terribles à voir" et Angela Merkel "un symbole de la France et de notre culture européenne".
"Je n'arrive pas à y croire, j'ai envie de pleurer, tout le toit brûle", a déclaré à l'AFP Nathalie, 50 ans, une Française expatriée à Londres.
Une partie de l'île de la cité a été évacuée, dont les urgences de l'hôtel-Dieu, voisin de la cathédrale, a expliqué un médecin sur place.
L'incendie, qui s'est propagée extrêmement rapidement, a pris dans les combles de la cathédrale, ont indiqué les pompiers, évoquant "un feu difficile". Il semble être parti au niveau d'échafaudages installés sur le toit de l'édifice, construit entre le XIIe et le XIVe siècle.
"Il faut voir si la voûte, qui protège la cathédrale, va être touchée ou pas", a-t-il ajouté, "les objets sacrés sont préservés dans la sacristie, normalement il n'y a pas de risque que des choses soient brûlées".
"Tout est en train de brûler. La charpente, qui date du XIXe siècle d'un côté et du XIIIe de l'autre, il n'en restera plus rien", a indiqué à l'AFP André Finot, le porte-parole de Notre-Dame. Selon lui, le feu s'est déclaré aux alentours de 18H50.
"Un haut-lieu de la foi catholique est en train de brûler", a déploré auprès de l'AFP le porte-parole des évêques de France.
"Mes collègues vont sans doute privilégier d'aller à l'intérieur mais le but est de ne pas perdre des hommes", a indiqué à l'AFP un pompier. Il existe aussi la possibilité d'"utiliser des grandes échelles avec des bras élévateurs articulés, avec une nacelle au bout", a-t-il ajouté.
Le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les causes d'un sinistre qui a semé la stupeur dans la capitale.
Le long des quais et sur les ponts qui mènent à l'île de la cité, une foule de badauds est arrêtée et prend des photos, de l'immense panache de fumée.
"Notre Dame is on fire?!" ("Notre Dame est en feu ?") interroge incrédule une touriste japonaise. "J'espère que c'est pas un attentat", ajoute quelqu'un d'autre en français.
12 millions de touristes
Le chef de l’État qui devait dévoiler à 20H00 ses mesures de synthèse du grand débat national a décidé de reporter son allocution télévisée à une date qui n'a pas été précisée, a-t-on appris de l’Élysée.
En 2017, 12 millions de touristes ont visité ce bijou de l'architecture gothique, situé au cœur de la capitale française. D'importants travaux y ont lieu depuis plusieurs mois, notamment pour nettoyer l'édifice, noirci par la pollution.
Très prisée des touristes, cette cathédrale, qui est aussi un sanctuaire marial élevé au rang de basilique, continue d'assurer ses fonctions d'édifice religieux: cinq offices y sont célébrés quotidiennement, et sept les dimanches. Avec les fêtes et célébrations exceptionnelles, ce sont plus de 2.000 offices qui résonnent chaque année sous ses voûtes.
La flèche de la cathédrale, dressée sur les quatre piliers du transept, était un des symboles de la capitale française.
Les touristes d'outre-Atlantique sont notamment particulièrement attachés à Quasimodo et aux autres personnages -- immortalisés par le cinéma et la comédie musicale -- sortis de l'imaginaire de Victor Hugo, dont le roman "Notre-Dame de Paris" (1831) a amplifié le mouvement en faveur de la restauration de la cathédrale au XIXe siècle.
Cet incendie intervient au premier jour des célébrations de la Semaine sainte qui mène à Pâques, principale fête chrétienne.
Il faudra "des décennies" pour reconstruire Notre-Dame de Paris
Eric Fischer, directeur de la Fondation de l'OEuvre Notre-Dame, qui veille depuis 800 ans sur la Cathédrale de Strasbourg, explique à l'AFP comment Notre-Dame de Paris pourra être reconstruite mais aussi les risques que les chantiers font peser sur ces édifices et les leçons à tirer de l'incendie.
Combien de temps faudra-t-il pour reconstruire Notre-Dame, des années, des décennies ?
Je dirais des décennies. Les dégâts vont être considérables. Mais en France, on a cette chance d'avoir pu conserver un réseau d'entreprises du patrimoine extrêmement performantes, petits artisans ou groupes plus importants. Ces entreprises ont en leur sein des ouvriers très qualifiés qui peuvent être meilleurs ouvriers de France ou issus du réseau du compagnonnage.
Il y a aussi le rôle déterminant qui sera joué par les architectes en chef des Monuments historiques qui ont la compétence des grandes cathédrales en France et bien évidemment le réseau des directions régionales des affaires culturelles qui ont la charge de l'entretien de ces édifices. Vu l'ampleur présumée des travaux, quasiment l'intégralité des corps de métiers devra intervenir. Il y aura évidemment des travaux sur la pierre, de charpente, de métallerie, les installations techniques, comme l'électricité, l'éclairage, la couverture...
Pourra-t-on un jour retrouver Notre-Dame dans l'état que l'on connaissait jusqu'à aujourd'hui ?
Il faut bien sûr l'espérer. Ce qui sera déterminant, ce sont les sources diverses de documentation, les copies qui permettront aux architectes et aux entreprises de reconstituer au plus près l'état actuel. A Strasbourg, nous disposons, grâce à la Fondation, de collections documentaires parmi les plus riches d'Europe. Et à Paris, on peut souhaiter qu'ils puissent remettre la main sur un maximum de données historiques ou plus récentes recueillies avec des technologies modernes comme des scans 3D ou d'autres techniques de numérisation. Elles ont peut-être permis de préserver l'information relative à la statuaire, aux vitraux ou à d'autres éléments de construction. Ces techniques sont en plein essor. Nous expérimentons la conservation d'éléments sous forme numérique qui faisaient l'objet jusqu'à présent de copies en plâtre. Pour le reste, on sait à mon avis tout faire, retravailler la pierre, refaire les vitraux...
Après cet événement, va-t-il falloir repenser la conservation des cathédrales ?
Attendons les conclusions des enquêtes pour savoir ce qui s'est passé à Paris. Mais tous ces édifices sont protégés par des dispositions de sécurité incendie qui permettent de détecter les débuts d'incendie le plus rapidement possible. Pour les chantiers, le risque existe. C'est pour cela qu'un certain nombre de dispositions réglementaires sont mises en oeuvre comme le signalement de toute intervention qui génère un point chaud ou la mise en place de dispositions particulières de surveillance. Plus généralement, passé le choc des premiers jours, cet événement va certainement nous conforter dans la philosophie que développe la Fondation depuis le Moyen Age: la transmission du geste et du savoir. Parce qu'il ne suffit pas de conserver le patrimoine.
S'il est détruit, il faut savoir le reconstruire. C'est le véritable enjeu.
Le pape souhaite la "mobilisation de tous" pour reconstruire Notre-Dame
Le pape François a appelé mardi à la "mobilisation de tous" pour que la cathédrale Notre-Dame, ravagée par un incendie, puisse redevenir "le joyau architectural d'une mémoire collective".
"En saluant le courage et le travail des pompiers qui sont intervenus pour
circonscrire l'incendie, je forme le voeu que la cathédrale Notre-Dame puisse
redevenir, grâce aux travaux de reconstruction et à la mobilisation de tous,
ce bel écrin au coeur de la cité, signe de la foi de ceux qui l'ont édifié,
église-mère de votre diocèse, patrimoine architectural et spirituel de Paris,
de la France et de l'humanité", a écrit le pape dans un télégramme adressé à
l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit.
Dans son message, le pontife argentin dit partager la "tristesse" des
fidèles et "de tous les Français" et les assure de sa "proximité spirituelle"
et de sa prière.
"Cette catastrophe a gravement endommagé un édifice historique. Mais j'ai
conscience qu'elle a aussi affecté un symbole national cher au coeur des
Parisiens et des Français dans la diversité de leurs convictions", écrit-il.
Interrogé sur l'aide que pourrait apporter le Saint-Siège à la
reconstruction, le cardinal Gianfranco Ravasi, "ministre" de la Culture du
Vatican, a expliqué qu'il s'agirait surtout de "contributions techniques".
La cathédrale est la propriété de l'Etat français, qui en faisait payer une
partie de la visite, a-t-il rappelé.
Mais le Vatican mettra à disposition l'expertise acquise au sein de ses
musées en matière de restauration d'oeuvres religieuses, a-t-il promis.