Face aux contraintes d'un bâtiment prestigieux inscrit aux Monuments historiques, Ando est resté fidèle à ses conceptions et à son matériau de prédilection: son projet radical consiste à imbriquer un cylindre de béton dans le vide central de la rotonde à arcades.
Ce cylindre de neuf mètres de haut et trente mètres de diamètre génère à la fois un espace d'exposition central et une zone de circulation en coursive desservant les parties ouvertes au public, et spécialement les salles d'exposition en périphérie sur trois niveaux.
"Il marque l'épicentre du bâtiment, à l'épicentre du quartier culturel de Paris qui est lui-même l'épicentre de la culture dans le monde", a lancé Tadao Ando lors d'une conférence de presse dans la Bourse de commerce, en présence de de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et de François Pinault, 80 ans, considéré comme l'un des plus grands collectionneurs d'art moderne et contemporain (plus de 3.000 oeuvres).
Petite entorse au dogme du maître japonais, le cylindre ne sera pas en béton pur, en raison du poids qu'il aurait exercé sur le sol, mais sera formé de structures métalliques recouvertes de béton armé, "une invention française" datant de 1867, a rappelé Ando, Prix Pritzker 1995 (considéré comme le Nobel de l'architecture). Les musées circulaires sont très rares, a-t-il souligné.
Au total, la Bourse de Commerce disposera de 7.700 m2 d'espaces accessibles au public, dont une zone d'accueil au rez-de-chaussée, un restaurant au dernier étage et un auditorium de 300 places en sous-sol. Elle offrira 3.000 m2 de surfaces d'exposition (en modules de 100 à 600 m2) et pourra accueillir simultanément un maximum de 1.500 à 2.000 personnes.
Coupole exceptionnelle
La fin officielle des travaux est prévue pour le 17 décembre 2018 et l'ouverture au public "au début de l'année 2019", a précisé François Pinault.
La Fondation "présentera à Paris des accrochages thématiques de la collection, ainsi que des monographies ou des cartes blanches d'artistes", a indiqué Martin Bethenod, directeur général délégué de Collection Pinault-Paris.
Cette première implantation parisienne doit tenir particulièrement à coeur au collectionneur après l'ouverture médiatisée de la Fondation Vuitton au Bois de Boulogne fin 2014 et ses déconvenues pour le projet de musée sur l'île Seguin (ouest de Paris) en 2005. Excédé par les lenteurs administratives, l'homme d'affaires avait finalement décidé d'installer sa fondation à Venise.
Il y possède désormais trois lieux culturels - Palazzo Grassi, Punta della Dogana, Teatrino - tous transformés par Ando. Sa fondation y a organisé depuis 2006 20 expositions, qui ont attiré plus de 2,5 millions de visiteurs. Elle a aussi proposé neuf expositions hors les murs.
La transformation de la Bourse de Commerce est aussi un énorme chantier de restauration d'un édifice "unique dans l'histoire de l'architecture classique française", a souligné Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques. Il a rappelé que l'exceptionnelle coupole en fonte de fer, créée en 1812 et protégée au titre des Monuments historiques, est la première de ce type construite dans le monde.
Seront également restaurés les façades, les grandes peintures murales sur l'histoire du commerce, ainsi que le cadran solaire et la fontaine de la Colonne extérieure édifiée par Catherine de Médicis.
Propriété de la Ville de Paris, la Bourse de Commerce a été concédée pour 50 ans, moyennant redevance, à la Fondation Pinault. Outre les travaux nécessaires à la transformation de l'édifice, la Fondation assurera les dépenses de fonctionnement du nouveau musée, l'usage du lieu revenant à la Ville de Paris au terme de la concession.