Le pays est le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde, de par son immense population (1,4 milliard d'habitants) et son statut de pays manufacturier avec de nombreuses usines. Mais il construit aussi près de deux fois plus d'infrastructures solaires et éoliennes que tout le reste de la planète réuni.
La région du Ningxia, dans le nord de la Chine, fait figure d'exemple de la politique industrielle nationale.
Elle abrite dans le désert de Tengger un parc solaire, un temps le plus important au monde, grâce à des centaines de rangées de panneaux photovoltaïques permettant de produire 1,5 gigawatt d'électricité.
Mais ils font désormais pâle figure face à de nouvelles installations dotées d'une capacité deux fois plus importante.
Le Ningxia, réputé pour ses vignobles, est peu peuplé et relativement ensoleillé.
Son emplacement en fait un lieu de choix pour produire de l'électricité d'origine solaire, acheminée ensuite vers des provinces de l'est et du sud de la Chine où la demande en courant est élevée.
Poids du charbon
"L'énergie solaire chinoise se développe à une échelle et un rythme inédits", observe Wu Di, analyste à l'Institut de l'énergie de l'université de Pékin.
La Chine a accru ses capacités de production d'électricité d'origine solaire de plus de 55% l'an dernier, d'après l'Administration nationale de l'énergie.
Selon M. Wu, le pays abrite ainsi plus de 40% des capacités de production mondiale dans ce domaine.
La Chine s'est engagée à stabiliser ou faire décroître ses émissions de carbone d'ici à 2030, puis à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060.
Cet objectif a été fixé dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat qui vise à limiter le réchauffement à 1,5°C depuis l'ère pré-industrielle (le monde en étant déjà à environ 1,2°C).
Le pays s'appuie encore grandement sur ses centrales au charbon, énergie fossile très polluante, pour répondre à la demande d'électricité en hausse.
Le géant asiatique peine également à acheminer une partie de l'énergie renouvelable, celle produite dans les régions éloignées, vers les centres économiques densément peuplés de l'est.
Cela pourrait ralentir la transition énergétique voulue par Pékin, met en garde David Fishman du cabinet spécialisé Lantau Group, qui suit le secteur de l'électricité en Chine.
Gaspillage
Le développement fulgurant de la production d'électricité d'origine solaire n'a pas suivi pour le réseau de distribution, ce qui entraîne un gaspillage d'énergie.
Le taux de perte a atteint 4% au premier trimestre 2024 et l'agence de notation financière américaine Fitch a mis en garde en mai qu'il pourrait encore augmenter.
"Si elle veut maintenir (ce taux) dans une fourchette convenable, la Chine a encore beaucoup à faire", prévient l'analyste Wu Di.
D'autant, qu'acheminer l'énergie d'ouest en est n'est pas non plus "l'approche la plus rentable", souligne Gao Yuhe, de l'organisme de protection de l'environnement Greenpeace.
Outre les parcs solaires géants du nord du pays, la Chine s'appuie aussi sur une production décentralisée reposant sur des panneaux photovoltaïques installés sur les toits de zones résidentielles et commerciales, ce qui réduit les pertes de transmission.
Mais l'industrie chinoise des panneaux solaires est en proie à une offre excédentaire, ce qui entraîne une chute des prix et conduit des entreprises à la faillite.
Les subventions publiques sont aussi à l'origine de frictions avec des partenaires commerciaux étrangers.
L'Union européenne a notamment lancé en 2024 des enquêtes visant des groupes chinois dans l'énergie solaire, dont le numéro un mondial du secteur, soupçonné d'avoir reçu des subventions faussant la concurrence sur le marché européen.
Pékin assure que ses politiques industrielles ne sont pas des pratiques déloyales. En représailles, la Chine a lancé à son tour une série d'enquêtes visant des produits européens importés, au risque d'aggraver les tensions commerciales avec un partenaire incontournable.