De 47 m de hauteur, sous un ciel bleu parsemé de nuages, le président contemple le trou béant au milieu de la splendeur gothique, résultat de l'effondrement de la flèche sous l'action des flammes, le 15 avril 2019.
Il loue "l'immense travail accompli" en deux ans et la "fierté collective" de voir la "Grande Dame" reprendre corps, mais insiste-t-il: "il va falloir tenir nos objectifs".
Casque blanc sur la tête, combinaison grise et masque noir, c'est la première fois que le chef de l'État, accompagné de la maire de Paris Anne Hidalgo, revient officiellement sur les lieux depuis que la toiture et la flèche sont parties en fumée. Mais cette fois, il a pu observer au plus près l'ampleur de la tâche, à laquelle 35 entreprises sont dévolues, pour tenir l'objectif de 2024.
L'échafaudage préexistant déformé par l'incendie a été enlevé à l'automne et une plateforme installée autour du toit du transept éventré. Acheminés par un ascenseur, entre 80 et 200 charpentiers, échafaudeurs, cordistes, suivant les tâches à effectuer, se hissent chaque jour sur le célèbre monument.
Pierres instables
En ce moment, ils sont 130, dirigés par une vingtaine d'architectes, à s'atteler avec prudence. "Il y a des endroits très fragiles, comme là où la flèche s'est fracassée et a fracassé la voûte", explique l'architecte en chef Philippe Villeneuve.
De la plateforme, des cordistes s'élancent en rappel pour maçonner les pierres instables des voûtes du chœur. Une phase de sécurisation indispensable "pour éviter que les échafaudeurs ne prennent des risques lorsqu'ils vont démonter ces bouts de voûte", explique M. Villeneuve.
C'est là même que s'érigera la nouvelle flèche, reconstruite à l'identique de celle ajoutée par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Dès 2024? "Tous les matins, je me lève dans cet objectif-là", veut croire M. Villeneuve, son successeur. "Viollet-le-Duc l'a montée rapidement. Il n'y a pas de raison qu'avec nos moyens modernes, on n'y arrive pas."
Après être redescendu du toit et passé par le chœur, Emmanuel Macron, son représentant spécial pour la reconstruction, le général Jean-Louis Georgelin et Anne Hidalgo ont repris un ascenseur pour arriver sous les voûtes.
A la croisée des transepts, l'un des charpentiers à l'œuvre sur les voûtes temporaires formule un vœu. "J'espère que ce sera, comme le veut la tradition, le plus jeune ouvrier de la société qui posera le coq" sur la flèche de la cathédrale.
2024, objectif maintenu
"Nous tiendrons le délai" de rendre Notre-Dame au culte et à la visite en 2024, a affirmé plus tôt sur France Inter le général Georgelin, "ce qui ne veut pas dire que tout sera terminé". La restauration de certaines chapelles sera "peut-être" encore en cours "et, bien sûr à l'extérieur il y aura des travaux", a-t-il prévenu.
Quelque 833 millions d'euros ont été recueillis pour cette restauration grâce à une collecte nationale et internationale qui a rassemblé 340.000 donateurs.
Si Mme Hidalgo, qui s'est dite "optimiste" sur les délais, et M. Macron mettent de côté leurs différends quand il s'agit de Notre-Dame, deux adversaires politiques, les leaders du Rassemblement national, Marine Le Pen, et de Debout la France!, Nicolas Dupont-Aignan, ont demandé sur Twitter: "Où en est l'enquête?"
Deux ans après, les enquêteurs ont terminé leurs investigations dans les décombres, mais une longue phase d'analyse des prélèvements doit encore s'étendre sur plusieurs mois pour essayer de déterminer l'origine du sinistre.
Des politiques saluent la reconstruction de Notre-Dame
Plusieurs responsables politiques essentiellement de droite et la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo ont salué jeudi la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ravagée il y a deux ans par un incendie. Marine Le Pen a demandé où en était l'enquête.
La maire PS de Paris, Anne Hidalgo
"Il y a 2 ans, #NotreDame était frappée par un terrible incendie. Alors que la restauration se poursuit, Paris lance un projet de valorisation patrimoniale et d'embellissement des abords de la cathédrale, afin de révéler toute la richesse du site et mieux accueillir les visiteurs" (Twitter).
Sur le chantier, elle s'est dite "très impressionnée à la fois sur la partie technique de ce chantier monumental mais aussi par cette ferveur, cet engouement autour de ce défi regardé dans le monde entier".
La présidente du RN et candidate à l'Élysée Marine Le Pen (Twitter)
"Il y a deux ans, un violent incendie ravageait le cœur de la cathédrale #NotreDameDeParis. Nous gardons tous en mémoire ces images terribles qui nous ont affligés, mais aussi l'héroïsme des pompiers de Paris qui ont sauvé l'édifice. Où en est l'enquête ?"
Le président des Hauts-de-France et candidat à l'Élysée Xavier Bertrand (Twitter)
"Reconnaissance aux @PompiersParis qui sont intervenus à #NotreDameDeParis et à ceux qui ont contribué pour la reconstruction de ce joyau de notre patrimoine. #NotreDame est une part de l'âme française, merci aux artisans et aux métiers d'art qui permettront sa renaissance".
La présidente de l'Ile-de-France Valérie Pécresse (Twitter)
"Aujourd'hui 15 avril 2021, deux ans après le terrible incendie de #NotreDame, l'agence des espaces verts régionale offre 60 chênes de qualité exceptionnelle pour la rénovation de sa charpente. Déjà 10MEUR d'aides versées par l'Ile-de-France #EnsembleReconstruireNotreDame"
Le chef de file des députés LR Damien Abad (Twitter)
"Il y a 2 ans, un monument majeur de notre histoire prenait feu, un des plus éclatants témoignages de notre culture et de notre civilisation. Mais, comme un symbole, #NotreDameDeParis a su triompher des flammes ! #Reconstruction"
Le numéro deux du RN Jordan Bardella (Twitter)
"Le 15 avril 2019, nous avons dit qu'être Français est avoir eu le cœur qui saigne en voyant brûler Notre-Dame. Merci aux sapeurs-pompiers de Paris d'avoir sauvé l'une des plus belles créations de l'humanité, cette œuvre si française que nous saurons reconstruire et transmettre"
Le maire LR de Nice Christian Estrosi (Twitter)
"Il y a deux ans, l'incendie de #NotreDame de Paris a suscité un traumatisme et engendré une unité extraordinaire. Je veux rendre hommage aux pompiers engagés ce jour et porte l'espoir que cet édifice renaisse dans le respect de son histoire et son architecture".
Le député et candidat à l'Élysée Nicolas Dupont-Aignan (Twitter)
"Notre-Dame a tenu. Pas la patience des Français : où en est l'enquête deux ans après ? Nous voulons connaître la cause du brasier qui aurait pu détruire le symbole de nos racines, courageusement sauvé par nos pompiers. Au bout de deux ans, aucune piste... Que nous cache-t-on ?"