"L'Aspahr s'élève avec force contre cette destruction. Le quartier Saint-Jacques a une valeur d'ensemble qui, au fil des démolitions, disparaît", souligne cette association pour la sauvegarde du patrimoine roussillonnais.
De son côté, la mairie dirigée par le RN Louis Aliot met en avant "deux rapports d'experts (qui) ont démontré que les fortes pluies de fin novembre ont sérieusement endommagé les derniers bâtiments de l'îlot Puig".
"Cette évolution entraîne de facto un risque imminent d'effondrement", explique-t-elle dans un communiqué.
Jean-Bernard Mathon, spécialiste du patrimoine de la région et membre de l'Aspahr, affirme ne "pas avoir connaissance de ces expertises" citées par la municipalité.
"Peut-être qu'il y a un risque avéré d'effondrement, mais le vrai problème c'est que ni l'ancienne municipalité, ni l'actuelle, n'ont fait le nécessaire pour éviter d'en arriver là", dit-il à l'AFP.
"Si on veut préserver le patrimoine architectural de Saint-Jacques, il faut y mettre les moyens", soutient-il.
La démolition de cet îlot avait déjà été ordonnée par le précédent maire de Perpignan Jean-Marc Pujol (LR) mais une mobilisation inédite des habitants du quartier en 2018 avait permis de stopper net la pelleteuse.
Nick Gimenez, l'un des patriarches de la communauté gitane, y avait participé, craignant qu'à long terme les gitans ne soient chassés de ce quartier du centre-ville. Il affirme aujourd'hui à l'AFP que "la violence ne mènera à rien", et prône le dialogue avec la mairie.
Cette dernière a promis dans son communiqué "un projet de construction de logements en concertation avec les habitants".
"Les constructions qui remplaceront celles que l'on rase aujourd'hui n'auront jamais le caractère ancien, ni les qualités de celles qui sont détruites. La ville va vers la banalité et la perte de mémoire", accuse pour sa part l'Aspahr.
Peuplé d'environ 4.000 personnes, le quartier historique de Saint-Jacques, construit à partir du 13e siècle à l'initiative des rois de Majorque, possède une identité singulière car y cohabitent l'une des plus importantes communautés gitanes sédentarisées d'Europe, une population d'origine maghrébine et d'autres familles catalanes.