"Des racines et des ailes" a été lancé sur France 3 en novembre 1997 par l'animateur Patrick de Carolis, devenu plus tard dirigeant de France Télévisions.
Un pari plutôt osé : diffuser en prime time un magazine culturel, à une heure stratégique où ce genre d'émissions était devenu rare, en s'écartant les codes du genre incarnés par des émissions emblématiques comme Apostrophes ou La Marche du siècle.
"Notre objectif c'était de sortir des studios. On avait l'envie d'installer notre plateau dans des hauts lieux de culture", raconte Patrick Charles, directeur des magazines de France 3 et ancien rédacteur en chef de l'émission.
Un double "challenge", car en plus d'obtenir l'autorisation d'installer un plateau dans des lieux d'exception, le tournage nécessitait d'importants moyens techniques et une longue préparation.
Au départ magazine sociétal à dominante culturelle, "Des racines et des ailes" s'est rapidement concentré sur le patrimoine, à la fois architectural et environnemental.
Le titre, que Patrick de Carolis avait réussi à imposer bien que certains le jugeaient trop long ou alambiqué, résumait toute son ambition : comprendre le passé pour éclairer le présent, et allier la proximité et l'ouverture au monde.
"Des racines sans les ailes, c'est pas terrible et ça peut même s'avérer dangereux. Il ne s'agit pas de rester dans l'entre-soi, mais on peut d'autant mieux voyager et aller à la rencontre des autres cultures lorsque que l'on sait qui l'on est", résume Patrick Charles.
Service public
En deux décennies, le programme n'a connu que trois présentateurs titulaires, Carole Gaessler ayant succédé en 2014 à Patrick de Carolis, qui avait passé la main à Louis Laforge de 2005 à 2013.
Les moyens techniques ont profondément évolué, permettant au programme d'aller dans des endroits toujours plus incroyables, par exemple à l'aide de drones.
Et en plus des numéros itinérants (avec des séquences en plateau sur un site emblématique en France où à l'étranger), le magazine s'est enrichi en 2010 avec le lancement de "Passion Patrimoine", une collection d'épisodes tout en images consacrés à une région ou un terroir français, et à toutes celles et ceux qui font vivre le patrimoine.
Signe de son succès, "DRDA" est désormais diffusé trois fois par mois, les mercredi, et toujours en première partie de soirée.
"A l'époque il n'y avait rien de cette nature à l'antenne... Et cela a réussi au-delà de nos espérances, cette émission est un marqueur fort du service public et de France 3", résume M. Charles.
Cette saison, le magazine rassemble en moyenne 2,6 millions de téléspectateurs, soit une part d'audience de 11,6%, et mi-novembre, un Passion Patrimoine sur les Pyrénées a établi le record de saison avec 3 millions de téléspectateurs et 13,5% de pda.
Pour ses 20 ans, le magazine sera présenté pour la première fois depuis Athènes, et Delphes, histoire de marquer un autre anniversaire: celui du classement au patrimoine mondial de l'Humanité de l'Acropole, et du sanctuaire panhéllenique de Delphes.
Parmi les temps fort de cette soirée, une reconstitution en 3D du Parthénon, qui permettra de voir le temple "au temps de Périclès, dans toute son intégrité et avec ses couleurs d'origine comme des bleu indigo et des rouges", retrouvés avec l'aide d'archéologues, explique à l'AFP Carole Gaessler.
Selon elle, ce qui contribue au succès c'est "le lien de confiance et de complicité" qui s'est tissé avec les gens rencontrés au fil des émissions, tous ces "amoureux du patrimoine" qui s'activent pour le restaurer et le mettre en valeur.
"On n'a pas fini de visiter le patrimoine car les gens n'ont pas fini de se l'approprier", prédit-elle.