La sixième Rencontre des entrepreneurs de France, à l'hippodrome de Longchamp à Paris, a cette année pour thème "Pouvoir", décliné sous toutes ses formes.
Le pouvoir exécutif manque à l'appel cette année à la tribune et dans les allées, faute de gouvernement en place pour honorer le rendez-vous annuel du patronat.
Le pouvoir législatif, lui, était représenté lundi par Yaël Braun-Pivet, présidente Renaissance de l'Assemblée nationale, et Gérard Larcher, président LR du Sénat. Tous deux se sont inquiétés de l'état des finances publiques. M. Larcher a redit l'importance, à son avis, du rôle des partenaires sociaux.
Dans "le panorama inédit, fracturé, inquiétant" du pays, "il est heureux à bien des égards que notre Parlement retrouve un rôle central", a estimé M. Martin.
Interrogé en début de soirée sur le communiqué de l'Elysée écartant un gouvernement NFP, dont les propositions comme le SMIC à 1.600 euros ou l'annulation de la réforme des retraites hérissent le patronat, M. Martin s'est montré prudent : "ce qui nous inquiète, ce n'est pas la personne, la composition du gouvernement, mais le programme", a-t-il estimé auprès de l'AFP.
Un peu plus tôt, dans son discours, M. Martin avait appelé à "réaffirmer la responsabilité et l'autonomie des partenaires sociaux", proposant notamment de reprendre la négociation "inaboutie" sur l'emploi des seniors.
"La démocratie sociale est une composante essentielle de la cohésion et de la performance de notre pays, a fortiori quand la démocratie politique se cherche", a-t-il lancé.
Il a annoncé que le Medef avait bien l'intention "d'étendre son influence" pour peser davantage dans le débat public et défendre des politiques favorables aux entreprises.
Main sur le cœur
Le président du Medef a annoncé la création d'un "front économique" associant des chefs d'entreprise, des économistes et des think tanks (groupes de réflexion) pour peser dans le débat.
En cette période d'incertitude qui inquiète les patrons et ralentit les investissements, le Medef compte de surcroît surmonter les divergences qui l'opposent parfois aux autres organisations patronales représentatives, CPME et U2P, pour afficher "un collectif".
Cette incertitude n'a cependant pas dissuadé les inscriptions à cette REF, 10.000, au moins autant que l'an dernier, selon le Medef.
Outre des dirigeants de grandes entreprises - Axa, EDF, Engie, Google, L'Oréal, Publicis, Safran, Sanofi France, Schneider Electric, ou CMA CGM (dont le PDG Rodolphe Saadé sera invité mardi d'une "conversation" d'une demi-heure), artistes ou membres de la société civile, et, quelques politiques, participeront aux différentes tables rondes.
Ce sera le cas de l'ancien ministre, maire de Meaux et ancien patron de la droite Jean-François Copé, de la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau, ou de la députée européenne Valérie Hayer, tête de liste de l'ex-majorité présidentielle aux élections européennes et présidente du groupe Renew Europe.
Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a participé pour la première fois à la REF, à une table ronde sur la consommation, au cours de laquelle il a été parfois applaudi.
Il a pris connaissance à sa sortie de scène du communiqué de l'Elysée écartant formellement de nommer un gouvernement du Nouveau Front populaire, appelant immédiatement à "une grande mobilisation populaire" contre la décision du chef de l'Etat.
Un seul ministre était présent lundi à l'ouverture de la REF. Venu selon son entourage "remercier les entrepreneurs", Bruno Le Maire, ministre démissionnaire de l'Economie et des Finances, depuis 7 ans à Bercy, était au premier rang lors des discours introductifs, mais n'a pris la parole ni sur scène ni dans les couloirs.
Celui qui a promu la politique de l'offre, appréciée des entreprises, a remercié debout, l'air ému et la main sur le coeur, l'assistance qui l'a vivement applaudi.