Des mesures locales en complément des modélisations nationales
En complément entre autres des publications de l'Ineris sur l'évolution de la qualité de l'air en France, d'images satellites d'agences spatiales, des communiqués d'Atmo France et localement des différentes AASQA sur l'impact du confinement sur la qualité de l'air, Atmo France a réalisé un focus synthétique sur l'évolution des oxydes d'azote (NOx) à proximité des axes routiers à fort trafic grâce aux données historiques des stations de mesure des associations agréées en charge de la surveillances et de l'information sur la qualité de l'air en France. Les NOx proviennent en grande partie du transport routier ; or la baisse drastique de ce dernier est l'un des éléments le plus marquant du confinement pour l'ensemble du territoire métropolitain et outre-mer. Pour les personnes dont le lieu de vie est proche de grands axes routiers, leur exposition aux NOx est particulièrement importante.
Grace à la surveillance et aux données de terrain des AASQA, il est possible de voir, sur tout le territoire, l'historique de la pollution de l'air à différents polluants, notamment aux NOx, ainsi que l'évolution de cette pollution.
Pourquoi choisir les oxydes d'azote (NOx) comme indicateur ?
Les NOx regroupent le monoxyde d'azote (NO) et le dioxyde d'azote (NO2) exprimés en µg/m3 équivalent NO2. La source principale d'émission de NOx en ville est le trafic routier pour plus de 2/3. Indicateurs de pollution du trafic routier, ces polluants sont règlementés par la législation européenne. Leur surveillance sur le territoire est obligatoire et le NO2 est une espèce particulière suivie en raison de sa toxicité. La France est, d'ailleurs, en contentieux avec la Commission européenne pour non-respect des directives concernant les concentrations de ce polluant dans l'air ambiant de nombreuses agglomérations. L'équilibre en NO et NO2 étant très sensible à la température, l'indicateur NOx est plus stable que le simple NO2 en période de variation importante de température.
Les NOx sont également précurseurs d'autres polluants : dans certaines conditions climatiques et d'ensoleillement, ils réagissent avec certains polluants selon des processus physico-chimiques complexes intervenant dans l'atmosphère. Ils réagissent en particulier avec les composés organiques volatils (COV) pour conduire à la formation d'ozone troposphérique ou avec l'ammoniac (NH3) pour former des particules secondaires (dont les niveaux sont d'ailleurs restés soutenus certains jours pour une bonne partie de la France, malgré les mesures de confinement).
Diminution importante des expositions aux oxydes d'azote (NOx) en bordure des axes de trafic
Atmo France avec l'appui des AASQA a analysé l'évolution des concentrations moyennes journalières en NOx du 1er au 31 mars 2020 sur des stations représentatives de l'exposition à la pollution dû au trafic dans les principales agglomérations françaises. Les émissions de NOx étant globalement en lien avec le trafic routier, les données de la station de référence à l'exposition du trafic ont été utilisées et ce, pour toutes les préfectures de région ainsi que pour les agglomérations de plus de 500 000 habitants.
La baisse du trafic routier lié au confinement a eu pour impact une baisse globale des concentrations de NOx sur tout le territoire français métropolitain et outre-mer. Sur le mois de mars 2020, la mise en place du confinement a mené à une baisse des concentrations moyennes journalières en NOx proches des axes routiers de 50% à Bordeaux ; 70% à Toulouse ; 67% à Fort-de-France ; 69% à Dijon ; 62% à Rennes et 69% à Marseille par exemple (voir infographie ci-dessus).
L'évolution des niveaux de NOx a également été analysée pour plusieurs agglomérations de plus de 500 000 habitants. L'impact de la baisse du trafic routier y est également visible sur les concentrations de NOx. Par exemple l'agglomération de Paris a observé une baisse de 73%, l'agglomération de Grenoble de 72%, l'agglomération de Toulon de 49% et l'agglomération de Nice de 69%.
Méthodologie
Afin de montrer l'impact du confinement sur la pollution en NOx, Atmo France a réalisé sur quelques stations trafic représentatives dans chaque agglomération un ratio entre la moyenne des concentrations journalières en NOx du mois de mars avant la mise en place du confinement (1er au 17 mars 2020) et au début du confinement (18 au 31 mars 2020). Exprimé en pourcentage, ce ratio indique l'évolution des niveaux de NOx mesurés sur les grands axes routiers en mars 2020 avant et pendant le confinement.
Les concentrations journalières en NOx du mois de mars 2019 sont également renseignées sur les graphiques en partie III afin d'illustrer l'état des concentrations en NOx en 2019 à la même période*. La comparaison entre les mois de mars 2019 et de mars 2020 illustre aussi cette baisse des concentrations, tout en gardant à l'esprit que les variations observées résultent d'une part de l'impact du confinement sur la circulation mais aussi de conditions météorologiques qui ont pu localement être très différentes entre 2019 et 2020.
* A la suite d'incidents techniques, dans certaines régions, quelques données journalières sont indisponibles. A noter que la réglementation oblige les AASQA à disposer d'au moins 90% de données sur l'année.