"C'était un trou dans la raquette qui nous a été remonté du terrain. Ceux qui avaient démissionné peu de temps avant le confinement, avant le 17 mars, et qui avaient une promesse d'embauche, en CDI, en CDD, se retrouvaient souvent entre deux chaises et franchement pénalisés", a dit le ministre sur RMC et BFMTV.
"Avec Pôle emploi et l'Unédic, j'ai décidé que nous les prendrions en compte au titre du chômage", a-t-elle annoncé.
Il s'agit de personnes dont le "nouvel employeur a mis fin au contrat dans un délai de 65 jours à compter du 1er mars" ou dont l'"embauche effective n'a pas pu avoir lieu, mais la personne dispose d'une promesse d'embauche ou, à défaut, d'une attestation de son employeur justifiant le report de l'embauche", a précisé le ministère du Travail.
En outre, la ministre a actualisé le chiffre, en constante progression, des salariés pour lesquels leur entreprise a demandé le chômage partiel: ils sont désormais 6,9 millions, un nouveau record, sur près de 20 millions de salariés du privés. Au total, 628.000 entreprises ont recouru à ce dispositif, qui permet au salarié d'être indemnisé à hauteur de 70% du salaire brut et 84% du salaire net.
Le coût, partagé entre l'État et l'Unédic, l'organisme qui gère l'assurance chômage, "sera très important, de plus de 20 milliards d'euros", a précisé Mme Pénicaud. "C'est un investissement qui vaut la peine" car il évite des licenciements massifs, a-t-elle réaffirmé.
La ministre a appelé les grandes entreprises à faire preuve de "civisme", "quand elle ont les reins solides", et à ne pas demander de remboursement à l'État quand elle font appel au chômage partiel, donnant l'exemple de Schneider Electric.
Selon le site d'informations sociales AEF info, le gouvernement réfléchit à des exonérations pour ces entreprises. Le directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, Antoine Foucher, cité par ce site, a affirmé mercredi que le chômage partiel, les reports de charges, les dégrèvements d'impôts et les éventuelles faillites d'entreprises auront un coût "pour la nation française. Cela sera historique et supérieur à 100 milliards d'euros de très, très loin".
Mme Pénicaud, à qui l'on demandait si le gouvernement envisageait d'interdire le licenciement, comme le réclament des syndicats, a expliqué que "l'histoire a prouvé que ça ne marche pas du tout, sinon ça devient vite un refus d'embaucher" de l'employeur.
La ministre a également indiqué que le gouvernement réfléchissait à améliorer l'indemnisation des indépendants, qui peuvent actuellement déjà recourir au fonds de solidarité. "On envisage d'aller au-delà des 1.500 euros d'indemnités pour eux, parce que pour certains, c'est très difficile".
Elle a aussi précisé qu'elle travaillait à un décret complémentaire, qui précisera le cadre d'indemnisation des parents contraints de se mettre en arrêt pour garder leurs enfants. Avec ce dispositif, les salariés conservent 90% de leur rémunération (50% payés par l'assurance maladie, 40% par l'employeur). Or "il y a eu quelques ratés" dans le versement d'indemnisations. Avec le décret complémentaire, "les parents pourront avoir les indemnités journalières a posteriori s'ils ne les ont pas encore eues", a-t-elle promis.