"Les deux premiers centres dits de +desserrement+ ouvriront à Paris dans les prochains jours, pour un total de 150 places, dont le premier d'ici vendredi", a déclaré le ministère dans un communiqué.
Ces centres sont à destination des SDF contaminés par le coronavirus mais dont l'état ne nécessite pas une hospitalisation.
Le dispositif sera progressivement déployé sur tout le territoire. Les autorités prévoient d'établir un centre de desserrement par région, voire plus dans les régions les plus étendues.
Pour l'instant, plus de 80 sites ont été pré-identifiés par les autorités dans toute la France, pour un total de 2.875 places. "L'accès à ces centres se fera sur avis médical", en lien avec les Agences régionales de santé (ARS), selon le ministère.
Dans l'après-midi, la préfecture de région Occitanie a annoncé pouvoir ouvrir un centre de ce type à Toulouse, d'une capacité de 50 places, dès mercredi soir. Un second centre de 40 places ouvrira dans la région d'ici à la fin de la semaine.
Depuis la mise en place des mesures de confinement mardi, les associations sont confrontées à l'arrêt de certaines de leurs activités, notamment les maraudes, les accueils de jour et les distributions alimentaires.
"Ces fermetures se font à cause du manque d'effectifs, salariés et bénévoles, qui se confinent ou qui sont obligés de garder leurs enfants", explique Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe 800 associations de lutte contre l'exclusion.
"Certaines structures ferment aussi faute de matériel de protection, qui manque cruellement", tels que des masques, ajoute-t-il.
Actuellement, 157.000 personnes sont hébergées dans des centres, dont 14.000 dans le cadre du "plan hiver". Jeudi, le gouvernement a annoncé le report de la fin de la trêve hivernale du 31 mars au 31 mai.
"Les structures d'hébergement doivent rester ouvertes afin de pouvoir continuer à héberger les personnes en situation de détresse", souligne le ministère du Logement.
"Ces structures ne sont ainsi pas concernées par la décision de fermeture des lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays", rappelle-t-il.
Appels aux dons face à "l'urgence" pour les sans-abri
Les associations de lutte contre l'exclusion ont lancé mercredi, à l'unisson, des appels aux dons et à la mobilisation en "urgence" pour venir en aide aux sans-abri qui subissent de plein fouet les conséquences de la crise du coronavirus.
La précarité des personnes à la rue "s'est encore aggravée depuis le début de la crise sanitaire", alerte ainsi le Samusocial de Paris dans un communiqué. "C'est aussi leur solitude qui est encore plus criante".
On estime à 250.000 le nombre de SDF en France.
Distributions alimentaires drastiquement réduites depuis les mesures de confinement, isolement croissant pour ceux qui font la manche, réserves alimentaires qui s'amaigrissent pour les familles installées dans les hôtels sociaux: les équipes du Samusocial constatent depuis quelques jours "la détresse" des plus pauvres.
En redéployant ses personnels, l'organisation réussit toutefois à maintenir l'ensemble de ses activités: plateforme téléphonique (115), maraudes, centres d'hébergement et de soins.
Mais de nombreuses associations ont dû suspendre une partie de leurs actions car elles manquent de bras. Employés et bénévoles confinés, mais aussi manque de matériel tels que des masques gangrènent les équipes.
Le Secours populaire de Paris, qui pointe l'"isolement accru" de ceux qui vivent dans la rue, se concentre ainsi sur l'aide alimentaire et envisage des solutions comme le portage des repas à domicile.
La Croix-Rouge française a également suspendu certaines activités pour prêter main forte au Samu dans l'orientation et le transport des malades.
L'association a aussi lancé mercredi un appel à bénévoles, pour mettre sur pied une conciergerie solidaire: l'objectif est d'apporter les produits de première nécessité à ceux qui sont à l'isolement, chez eux.
Même appel aux bénévoles des Restos du coeur, qui ont besoin de profils spécifiques "mais aussi juste de personnes avec du temps", pour le transport de denrées, la préparation de colis et paniers repas, ou encore la distribution alimentaire.
Médecins sans frontières (MSF), de son côté, prévoit d'ici quelques jours des "activités mobiles de consultation et dépistage" du Covid-19 auprès des plus vulnérables et prendra en charge des cas de personnes infectées dans des structures d'hébergement dédiées.
Face au virus, "les personnes à la rue, les grands précaires, les personnes en errance sont en danger, certaines en danger de mort", met en garde la Fondation Abbé Pierre, qui elle aussi appelle à la générosité.