Alors que le gouvernement est critiqué pour l'absence de conditions de ce plan doté de 100 milliards d'euros, Jean Castex a durci le ton lundi.
Si Etat a consenti "un effort historique inédit" en affectant 35 milliards d'euros au "réarmement industriel" de la France, "tout cela ne fonctionnera qu'à une seule et unique condition: votre totale mobilisation", a lancé le Premier ministre à l'adresse des entreprises.
Il les a invitées à "conclure massivement et très vite, d'ici au 1er novembre, des accords d'activité partielle de longue durée" afin d'empêcher une explosion du chômage, qui devrait atteindre 9,5% de la population active à la fin de l'année.
Selon le ministère du Travail, 345 plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) ont été signés depuis mars. Au total, 715.000 emplois devraient avoir été détruits à l'issue du premier semestre, au cours duquel un confinement strict de deux mois a été imposé pour enrayer la propagation du Covid-19.
Sous réserve d'un accord d'entreprise ou de branche, ce nouveau dispositif d'activité partielle permet de réduire le temps de travail d'au maximum 40% pendant une période de 6 à 24 mois, le salaire étant garanti à hauteur de 93% du salaire net.
"Ces accords permettent d'organiser la formation de vos équipes pendant les périodes de chômage" alors "il faut y aller (...) il faut s'engager, il faut négocier", a ajouté le Premier ministre, qui était accompagné notamment de la ministre du Travail Elisabeth Borne et du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
"Changer la donne"
Autre volet phare de "France Relance", le nom officiel du plan de redressement de l'économie à l'horizon 2023, la décarbonation de l'industrie. Notant que "25 sites industriels sont responsables de 36% des émissions de CO2", Jean Castex a dit compter sur eux "pour répondre aux appels à projets" déjà lancés, et dont la clôture est attendue "fin octobre-début novembre". Un premier bilan sera dressé lors de la prochaine réunion du Conseil national de l'industrie, a-t-il précisé.
Le Premier ministre a aussi annoncé que les feuilles de route des 18 filières industrielles devraient être revues d'ici le début de 2021 pour tenir compte des exigences du plan de relance en matière de transition écologique. "Je sais que c'est exigeant, mais c'est nécessaire car +France Relance+ change la donne et les stratégies de filière ne peuvent évidemment l'ignorer".
Avant de prononcer son discours, Jean Castex a visité les locaux de l'usine BIC, géant français des stylos, briquets et rasoirs jetables, dont le logo orange est la signature emblématique de la marque fondée en 1945.
Masqués et casqués, les membres du gouvernement ont pu voir à l'oeuvre des machines qui testent les billes bleues des stylos, dessinant des spirales aux déliés parfaits. "Les machines ont la même orientation que la main", leur a expliqué Benoît Bemer, le directeur industriel de BIC Ecriture.
Clou de la visite, la salle où sont fabriqués les mythiques stylos quatre couleurs. Une grosse machine vert pomme y crache des capuchons blancs sous l'oeil d'employés en polo noir au col jaune. Muni de lunettes de chantier et de sur-chaussures, le Premier ministre s'est attardé sur l'imposante machine qui injecte l'encre dans les tubes transparents en plastique souple.