"Il faut inciter les jeunes à s'orienter vers les métiers de l'industrie", qui manque de bras, car "l'image de l'industrie est décalée par rapport à la réalité", a dit le ministre en suggérant à un parterre d'industriels reçus à Bercy "d'inviter les enfants à se rendre dans les usines" pour "découvrir juste ce que c'est, comment cela fonctionne et qu'ils s'en fassent une autre idée".
"On emmène des enfants du primaire et du collège visiter des lieux de mémoire, des musées, des lieux du patrimoine, tant mieux, c'est indispensable de transmettre nos mémoires mais notre mémoire est aussi industrielle. Et si l'industrie fait partie de notre culture, pourquoi est-ce que nous n'inviterions pas nos enfants à partir du collège, du primaire?", a-t-il lancé.
Selon lui, "la seule façon de remédier" à la désindustrialisation qui touche la France depuis 40 ans, c'est de "recréer une volonté industrielle".
"La relocalisation est indispensable et vitale pour l'emploi, mais aussi pour la lutte contre les extrêmes, pour redonner confiance", a ajouté le ministre.
Car, "là où une usine ferme, il y a une permanence du Front National qui ouvre, c'est une réalité politique", a ajouté M. Le Maire, qui s'exprimait en clôture d'un colloque sur la relocalisation d'activités essentielles sur le territoire national, organisé par Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie.
Sur la désindustrialisation, M. Le Maire, plusieurs fois ministre, a fait son mea-culpa: "nous sommes collectivement responsables", a-t-il dit, citant "les politiques, les chefs d'entreprise, les filières industrielles, tous ceux qui ont inventé le fameux concept de +fabless industries+ (les entreprises sans usines, dépendant de la sous-traitance dans des pays à bas coût, NDR), tous ceux qui ont recouvert d'un vernis scientifique ce qui était une défaite politique".
"La France a abandonné son industrie et nous en payons encore aujourd'hui le prix économique, le prix financier, le prix en termes d'emplois et le prix politique", a-t-il jugé.
Estimant que, sans industrie, il n'y a ni indépendance, ni transformation énergétique, ni cohésion sociale, Agnès Pannier-Runacher a de son côté rappelé que les emplois de ce secteur sont à 70% "dans des communes de moins de 20.000 habitants".
Pour un "choc de réindustrialisation", il faut "essayer de réconcilier, souvent les mêmes d'ailleurs, ceux qui veulent des médicaments produits en France, des emplois dans les territoires, avec ceux qui relaient une image passéiste dans l'industrie sans voir que nos investissements améliorent drastiquement les conditions de travail des salariés, créent de la richesse et nous aideront (...) à affronter concrètement les transitions environnementales et numériques", a-t-elle ajouté.
Elle a rappelé les six secteurs considérés comme "stratégiques": santé, agroalimentaire, électronique, nucléaire, applications industrielles de la 5G, intrants essentiels de l'industrie (chimie, matériaux, métaux, matières premières transformées).