Pour Françoise Férat, sénatrice de la Marne, « la sidérurgie française, fortement ancrée dans les territoires, constitue un véritable enjeu de souveraineté »
Insistant sur ses opportunités de croissance et de développement, elle a souligné le rôle essentiel de l’acier dans l’architecture française avant de rappeler les conclusions du rapport piloté par Valérie Létard, Vice-présidente du Sénat « Donner des armes à l’acier » adopté le 9 juillet dernier.
« Des défis majeurs sont à relever en terme d’emplois, de formation, de reconnaissance du patrimoine architectural » selon Michel Julien-Vauzelle, Président de ConstruirAcier
Aujourd’hui, la filière acier rassemble plus de 175.000 emplois, recèle un potentiel de formation considérable et offre un large éventail de qualifications. Elle dispose de quelque 22 000 sites sur l’ensemble du territoire au sein d’un maillage géographique particulièrement dense permettant des circuits courts dans la chaîne de valeur. Le secteur réalise 44 milliards de chiffre d’affaires. Mais si les formations sont au cœur des métiers de la filière, elle souffre d’un déficit d’attractivité. Le Président de ConstruirAcier a rappelé que « l’aval de cette industrie sidérurgique et en particulier la filière constructive, actuellement portée par une activité correcte dans le bâtiment voire très correcte dans le TP, a besoin d’être soutenue et renforcée par les politiques publiques. La filière constructive représente 35% de l’acier consommé en France ». Il a enfin rappelé que celle-ci, partie intégrante du patrimoine français, fait également partie du patrimoine architectural français.
« L’acier est au cœur de la transformation des territoires » selon Bertrand Lemoine, architecte D.P.L.G.
Bertrand Lemoine, architecte D.P.L.G., Ingénieur X-Ponts, Directeur de recherche honoraire CNRS a, lors de son intervention, balayé trois siècles d’histoire d’utilisation de l’acier dans la construction en France. De l’âge de la fonte (1779-1851) à celui du fer (1851-1889) jusqu’à celui de l’acier à partir de 1889, le matériau témoigne au fil des siècles de sa capacité à accompagner les démarches architecturales les plus inventives et les plus abouties. Présent dans toutes les typologies d’ouvrages (pont, bâtiment industriel, immeuble d’habitation et de bureaux, musée, aéroport, gare, halle, serre, piscine…) , des programmes les plus modestes aux grands bâtiments prestigieux, l’acier se plie aux conditions de mise en œuvre les plus exigeantes. Matériau par excellence de la réhabilitation, il se met pleinement au service et au secours du patrimoine architectural. L’utilisation de l’acier dans la réhabilitation offre une liberté architecturale et une variété de formes exceptionnelles : grandes portées, grands plateaux réaménageables, vastes volumes, surélévations… Le patrimoine industriel offre également un très fort potentiel de transformation en lui conférant de multiples solutions d’adaptation pour répondre à l’évolution des besoins et des usages.
« Patrimoine, le choix de l’acier, matériau anti-feu par excellence » par Philippe Hostaléry, Directeur général du CTICM
Alors que la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame fait débat, l’histoire des monuments du patrimoine français témoigne des choix des principes constructifs opérés par les concepteurs pour reconstruire les édifices endommagés par de graves incendies. Directeur général du Centre Technique de la Construction Métallique (CTICM), Philippe Hostaléry a ainsi évoqué les cas de la cathédrale de Chartres et du remplacement de sa charpente en bois détruite à la suite d’un grave incendie, par une charpente métallique de fonte et de fer et une toiture en cuivre en 1841. La cathédrale de Metz, celle de Reims, de Nantes en 1972, le parlement de Bretagne à Rennes en 1994 sont autant exemples illustrant le choix du matériau acier, durable et ininflammable, dédié à la protection des édifices.
« Face aux enjeux environnement et climatiques, la filière acier s’engage » selon Stéphane Herbin, Directeur département innovation & communication du CTICM
Matériau de construction à part entière, l’acier possède de véritables atouts pour répondre aux préoccupations environnementales et aux enjeux de l’économie circulaire. Pour Stéphane Herbin, Directeur département innovation & communication du CTICM « La filière est engagée depuis longtemps déjà : elle souhaite donner des indications chiffrées de ses performances, fournir des repères, accompagner les acteurs de la construction et montrer son aptitude à l’innovation. Les solutions constructives de l’acier sont propices à l’économie de ressources et au réemploi et permettent de s’associer à tout autre matériau pour aborder la construction neuve et la rénovation » . Engagée dans le Comité Stratégique de Filière « Industries pour la construction », la filière place l’innovation au cœur de ses priorités : transition numérique et industrie du futur, fabrication additive, BIM, traçabilité et modularité grâce à la préfabrication, déconstruction programmée, prévention de la production de déchets…
« L’acier est au cœur des besoins de toute l’industrie française » selon Valérie Létard, Vice-présidente du Sénat et rapporteure de la mission d’information sur les enjeux de la filière sidérurgique
Pour Valérie Létard, les quatre défis majeurs pour l’avenir de la filière acier sont :
- les surcapacités croissantes qui exacerbent la concurrence et les tensions commerciales ;
- l’adaptation des producteurs d'acier aux exigences de la transition énergétique ;
- les moyens nécessaires à l'adaptation de la filière difficiles à mobiliser ;
- le déficit d'attractivité de la filière qui fait peser un risque sur le recrutement et le savoir-faire français. Préconisant la création d’un ministère de l'Industrie, doté de véritables ressources humaines et budgétaires au service du tissu industriel français, la sénatrice a rappelé les 30 propositions de la mission d’information axées autour de quatre leviers principaux :
- soutenir l'organisation de la filière et l'effort d'attractivité ;
- donner à la sidérurgie de nouvelles armes dans la concurrence mondiale ;
- faire de la filière sidérurgique un levier de décarbonation de l'économie ;
- instaurer un accompagnement stratégique à tous les niveaux des politiques publiques.
A l’issue du colloque, la filière acier construction a fait part de six préoccupations au Sénat en proposant des axes de réflexions :
- Comment faire respecter la règle de l’allotissement dans les marchés publics ?
- Quels moyens pourraient être mis en place pour s’assurer du bon équilibre entre qualité, fonctionnalité et économie des projets architecturaux, quand l’entreprise générale supplante la maîtrise d’œuvre ?
- Comment adapter la réglementation au réemploi ?
- Face aux grands enjeux sociétaux à relever, comment mieux piloter la transformation des territoires (résilience, mobilité…) et faciliter la mise en œuvre concrète de la rénovation du bâti existant (réhabilitation, surélévation, mutation des usages…) ?
- Comment concilier plus aisément la prise en compte de la sécurité incendie et les champs d’innovation ouverts par le permis d’innover, introduit par la loi ESSOC et notamment l’ordonnance 2 visant les IGH ?
- Comment étendre la prise en compte des préoccupations environnementales au-delà de l’impact carbone, en exploitant certains des 25 autres indicateurs que comporte une analyse de cycle de vie (utilisation de contenu recyclé, parcours des déchets, composants destinés au recyclage ou à la réutilisation) ?
ConstruirAcier est une association d’idées pour l’architecture. Elle informe et conseille les architectes, les bureaux d’études et les maîtres d’ouvrage sur les défis économiques et environnementaux relevés par l’acier dans l’architecture. L’association s’appuie sur un solide réseau d’experts et peut intervenir sur tous types de projets afin de transmettre les informations techniques essentielles, pour un usage approprié, performant, économique et innovant du matériau acier.