Avec "un maximum" de 47 éoliennes, installées à plus de 32 km au large du Cotentin (Manche et Calvados), ce parc "Centre Manche 1" aura une puissance d'un gigawatt (GW), de quoi alimenter en électricité plus d'1,5 million d'habitants par an -- environ la moitié des besoins des Normands.
Le projet a été attribué, deux ans après le lancement de l'appel d'offres, au consortium "Eoliennes en Mer Manche Normandie", réunissant EDF Renouvelables et le développeur canadien Maple Power, a annoncé le ministère de la Transition énergétique.
Le groupement, opposé à cinq concurrents (dont Iberdrola, TotalEnergies-RWE ou Shell), a proposé un tarif "très compétitif" de vente de la future électricité, indique le ministère.
Ce prix s'élève à moins de 45 euros le mégawattheure (MWh), a précisé la ministre Agnès Pannier-Runacher au journal La Presse de la Manche. Plus précisément, 44,90 euros, selon EDF Renouvelables, pour un montant d'investissement entre 2 et 3 milliards d'euros.
Le précédent parc attribué, celui de Dunkerque en 2019, avait également été remporté par EDF, sur la base du tarif alors inédit de 45 euros (quand ces technologies étaient encore à 200 euros le MWh il y a quelques années).
Du côté d'EDF Renouvelables, on se dit "confiant" dans la capacité de rentabiliser une telle infrastructure avec un tel prix: c'est "une offre solide".
Outre le prix, cet appel d'offres a introduit des critères "renforçant le rayonnement du projet sur l'économie locale et l'environnement", assure le ministère, sur fond de préoccupations des riverains et usagers de la mer: avec des engagements comme le recyclage des pales, la contribution à un fonds de protection de la biodiversité, le recours à des PME locales, à l'investissement participatif, etc.
EDF s'est aussi engagé à ne planter pas plus de 47 éoliennes, ce qui signifie des turbines de 22 MW non disponibles encore mais attendues au vu des évolutions technologiques promises.
Grands débats à venir
Désormais, huit parcs éoliens en mer sont donc confiés à des opérateurs, un secteur largement dominé par EDF (avec 5 parcs).
Une bonne nouvelle pour l'électricien national, "heureux de poursuivre (sa) collaboration de confiance avec le territoire normand en faveur de la transition énergétique", a dit le PDG Luc Rémont, cité dans un communiqué du groupe. "Le parc éolien en mer de Manche Normandie s'inscrit pleinement dans la stratégie du groupe EDF".
Mais la France devra accélérer si elle veut remplir son objectif de 40 GW, soit environ 50 parcs, à horizon 2050.
Entre recours juridiques et procédure, le tout premier de France, face à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), a été inauguré à l'automne dernier, 10 ans après son attribution: 80 éoliennes (480 MW) à même d'alimenter 700.000 personnes.
Pour changer de braquet, le gouvernement a annoncé lundi une consultation sur l'accélération des procédures de mise en concurrence et l'évolution des modalités de soutien public (jusqu'au 12 juin, sur le site éoliennesenmer.fr).
Plusieurs projets sont aussi dans les tuyaux, notamment dans la technologie émergente de l'éolien flottant, en particulier en Méditerranée mais pas seulement : le cahier des charges pour le champ flottant de 250 MW en sud Bretagne est attendu en avril, pour une attribution prévue fin 2023.
Autre mesure, réclamée par la filière et actée par la récente loi d'accélération des énergies renouvelables, une planification globale des sites, permettant de sortir du choix des parcs au coup-par-coup.
Quatre grands débats publics doivent ainsi se tenir cette année pour déterminer, par grande façade maritime, le positionnement des futures zones.
Plusieurs questions devraient alors être posées : combien de gigawatts par façade ? Fait-on un gros parc, plusieurs petits, quels sont les points de raccordement ?, explique la Commission nationale du débat public (CNDP), l'objectif in fine étant de "donner plus de visibilité quant au devenir de la mer et de ses usages".