Selon un bilan communiqué jeudi, l'application, dont l'objectif est de permettre à chacun de s'inscrire à une formation sans intermédiaire, a été téléchargée 967.000 fois depuis son lancement le 21 novembre.
Plus de cinq millions de visiteurs uniques ont été enregistrés sur le site Mon Compte Formation et l'appli CPF, soit un salarié sur quatre, selon le ministère.
"Les gens ont voulu d'abord savoir combien ils avaient en euros sur le CPF", explique l'entourage de la ministre Muriel Pénicaud.
Depuis un an, le CPF n'est plus alimenté en heures mais en euros. Le compte est crédité de 500 euros par an (800 pour les salariés non qualifiés) dans la limite de 5.000 euros (8.000). Le prochain versement interviendra en avril pour 2019.
"C'est la confirmation que ce passage en euros était une bonne mesure pour que les Français s'intéressent à la formation", alors que certains acteurs craignaient une perte de droits, juge-t-on.
En tête des 136.000 formations acceptées: le permis de conduire (14.000), le bilan de compétences (9.000), la création et reprise d'entreprise (5.000), les tests en anglais TOEIC (5.000) ou en informatique TOSA (4.000)...
Mais la "meilleure nouvelle" pour le ministère est que l'application a été utilisée à 56% par des gens de diplôme inférieur ou égal au Bac et à 67% par des ouvriers et employés qui se forment en entreprise deux fois moins que les cadres.
"C'est une démocratisation de l'accès à la formation", estime-t-on alors que l'une des craintes était que l'appli reste élitiste.
Le montant moyen pris sur le CPF est de 1.190 euros tandis que le reste à charge moyen pour l'individu est de 490 euros.
En moins de trois mois, la Caisse des dépôts (qui paye les organismes de formation) a déjà engagé 158 millions d'euros sur le milliard de financement prévu jusque fin 2019.
Le ministère estime que cela devrait suffire à la montée en charge prévue du dispositif: en mars l'appli sera accessible aux indépendants, en avril Pôle emploi pourra abonder le compte des chômeurs et en juin les entreprises, branches ou conseils régionaux pourront compléter le compte des salariés pour favoriser certaines compétences.
900.000 formations suivies entre 2015 et 2018 via le CPF
Entre 2015 et 2019, 900.000 formations ont été suivies par les salariés du secteur privé via leur compte personnel de formation (CPF) ancienne version, puisque celui-ci a été fortement refondu fin 2019, selon le service statistiques du ministère du Travail (Dares).
Le recours à ce compte, aujourd'hui calculé en euros et plus en heures, progresse (383.000 formations en 2018, contre 272.000 en 2017) mais reste très faible, selon le bilan présenté mercredi lors d'une conférence de presse.
0,2% des Français y ont eu recours en 2015 et 1,7% en 2018, et parmi eux plus de cadres et d'employés que d'ouvriers.
Une majorité de formations, six sur dix, ont été financées uniquement par les heures de CPF. La part des salariés qui participent financièrement à leur formation a augmenté de 5 points entre 2015 et 2018, a aussi souligné la Dares.
Les formations les plus suivies sont les langues, l'informatique et le transport (permis de conduire, "caces" pour engins de chantier etc), généralement plus courtes et moins chères.
"Ce palmarès reste d'actualité" depuis la mise en place de l'application "moncompte formation" fin 2019, a précisé Michel Yahiel, directeur retraites et solidarité de la Caisse des dépôts, organisme gestionnaire du CPF.
Selon ses calculs, chaque salarié dispose en moyenne de 2.000 euros pour une formation fin 2019, en comptant le report d'heures du droit individuel à la formation (DIF, système précédent le CPF, stoppé fin 2014 ) qui n'est pas toujours fait. Sans ce report, la moyenne est de 1.040 euros.
A noter, la date limite du 31 décembre 2020 pour enregistrer ses droits acquis au titre du DIF, sous peine d'être perdus.
Le coût moyen d'une formation en 2018 est de 2.400 euros. Interrogé sur le coût observé pour le CPF nouvelle version, dont l'objectif est que chacun puisse s'inscrire sans passer par un intermédiaire, M. Yahiel a indiqué "2.150 euros".
La nouvelle appli lancée fin novembre a donné lieu à 136.000 dossiers acceptés, dont les deux tiers par des ouvriers et des employés, selon des chiffres communiqués récemment par le ministère.
A partir du mois d'avril, Pôle emploi pourra alimenter les comptes CPF et les entreprises pourront le faire quelques semaines plus tard grâce à une plateforme.