Annemasse Agglo a souhaité également en faire un exemple en matière de conception partagée pour créer un sentiment d’appartenance au territoire pour l’ensemble des futurs habitants et usagers. Dans cet esprit, une démarche ambitieuse de participation citoyenne a été mise en place au travers de rendez-vous réguliers sur le terrain pour faire émerger et concrétiser ces nouvelles façons de bien vivre en ville.
Réunir les citoyens autour de l’écoquartier
Pour accompagner les prochaines étapes du quartier d’ici sa finalisation, Annemasse Agglo et l’aménageur UrbanEra ont créé une instance de participation citoyenne : le Forum du projet. Associant à la fois des acteurs du territoire issus du milieu économique, social ou solidaire mais aussi des habitants et riverains, le Forum vise à mener des réflexions sur le projet urbain. Plusieurs rencontres sont déjà organisées par le biais des AGORAS et des FOCUS.
Animées par l’agence de maîtrise d’usage Réciprocité, les AGORAS réunissent un panel d’une trentaine de personnes composé de riverains et habitants de l’écoquartier, d’acteurs locaux ou encore d’acteurs de l’habitat. Les membres des AGORAS suivent l’avancée du projet et sont amenés à se réunir deux à trois fois par an pour travailler sur des secteurs ou thématiques spécifiques de l’EcoQuartier. Leurs points de vue croisés vont permettre d’enrichir les réflexions pour donner vie au projet urbain. Le samedi 21 janvier 2023, la première AGORA a marqué le lancement de cette démarche de participation citoyenne. À l’issue de premiers échanges et d’une présentation de la démarche, les participants se sont rendus sur l’espace de la Rotonde accompagnés par l’architecte-urbaniste de l’Étoile, Benoît Billy (Devillers & Associés) pour faire un premier diagnostic, identifier les besoins et imaginer les futurs usages de cet espace public. La prochaine AGORA est prévue le 17 juin.
Les FOCUS sont des temps de concertation permettant de travailler sur un espace en particulier, comme un parc ou une place publique. Le Focus va donc plus directement s’adresser aux riverains et usagers directs du secteur étudié. Ces moments d’échanges permettent d’intégrer les prescriptions, besoins et idées des habitants et riverains dans la conception des futurs espaces publics, mais aussi de tisser des liens entre ce nouveau quartier, les villes existantes et leurs usagers. Le premier atelier organisé le 1er février a porté sur la co-conception de la future aire de jeux du Jardin Ferroviaire, situé sur la commune d’Ambilly. Le deuxième Focus portant sur le réaménagement du parvis Martin Luther King à Annemasse s’est déroulé en deux temps, les 15 mars et 19 avril.
La parole à Denis Maire, maire de Juvigny, vice-président en charge de l’aménagement du territoire et de l’innovation territoriale à Annemasse Agglo
Participation citoyenne : quel enjeu pour Annemasse Agglo pour l’écoquartier de l’Étoile ?
Annemasse Agglo est un EPCI (Établissement Public de Coopération Intercommunale) qui est tout jeune puisqu’il est né en 2008. Du fait de notre jeune existence, nous nous constituons au niveau territorial en donnant une certaine consistance humaine à ce bassin de vie. L’écoquartier n’est pas un quartier que l’on transforme mais une page blanche que l’on construit. En effet, il n’y a pas encore beaucoup d’habitants aujourd’hui en place ou de riverains directement impactés. Avec ce projet, nous travaillons véritablement sur l’aménagement et l’animation des nouveaux espaces de vie qu’ils soient déja livrés ou encore en phase d’étude.
Vous êtes-vous appuyés sur l’exemple d’autres agglomérations pour concevoir cette démarche citoyenne ?
Il y a autour de nous peu d’expériences de ce type à part des conseils locaux de développement. Cependant, une chose est à prendre en compte : la Zac Étoile touche le territoire du canton de Genève. Nous nous inspirons ainsi du cœur métropolitain qu’est la ville de Genève. Même si tout ne coïncide pas en termes de culture, nous regardons du côté de la Suisse pour voir comment ils organisent la fabrique de leurs quartiers et comment ils font participer les habitants à la mise en place d’initiatives citoyennes. Par exemple, nous portons aujourd’hui un projet d’habitat participatif et d’habitat coopératif appelé la Coop Étoile. Ce projet qui existe depuis 6 ans est fortement inspiré ce qui se passe et ce qui se fait en Suisse.
Participez-vous en tant qu’élu à ces instances ?
Nous y assistons mais pour un temps déterminé parce que nous ne souhaitons pas en tant qu’élus interférer dans ce qui va se construire. En effet, nous avons déjà beaucoup participé à ce projet et nous ne voulons pas parasiter l’expression des citoyens et plus largement l’expression du territoire. Ainsi, lors de la première Agora qui s’est tenue en janvier dernier, nous ne sommes pas restés pendant tout l’atelier. Je sais que ce premier rendez-vous a été plutôt productif et qu’une diversité de profils d’acteurs du territoire était présente comme des commerçants, des représentants des bailleurs sociaux et des riverains. Cette diversité des profils est notre première satisfaction dans la mesure où nous arrivons à faire dialoguer ensemble tous ces acteurs clés.
La parole à Agnès Roux, directrice de projet chez UrbanEra, l’aménageur urbain de Bouygues Immobilier, maître d’ouvrage de l’écoquartier de l’Étoile
Pourquoi avoir instauré une instance de participation citoyenne dédiée à l’écoquartier de l’Etoile ?
Nous avions cette volonté d’associer le public qui est en demande et qui souhaite participer plus directement à la création de son environnement et plus largement de sa ville. De plus, il y avait chez UrbanEra une envie de retravailler la conception d’un projet et même durant sa réalisation, de voir si des éléments étaient à repenser, améliorer, refaire. Forts de cela, sur la volonté des élus d’Annemasse Agglo et des communes, nous avons proposé de créer un forum du projet avec plusieurs instances pour tester cette participation citoyenne. L’idée est de se dire que de ces échanges peuvent émerger des initiatives auxquelles nous n’aurions pas pensé, et qui répondent à des besoins et attentes des futurs habitants et usagers du quartier. Le but de cela est d’identifier des aspects de projets, qui bien que avancé, peuvent être réinterrogés et développés.
Est-ce que ce type de démarche est courant chez UrbanEra ?
Chez UrbanEra, nous réalisons des nouveaux quartiers en prenant en compte l’existant et nous sommes convaincus que la ville de demain se pense avec les futurs habitants et usagers. A toutes les étapes des projets, nous associons le public pour l’informer ou le consulter à travers des rencontres régulières notamment dans le cadre de réunions d’information, de visites de chantiers ou d’ateliers participatifs. Sur l’écoquartier de l’Étoile, cette démarche est particulièrement poussée puisque nous invitons les gens à co-concevoir des espaces publics du quartier : leurs aménagements, leurs ambiances ou encore leurs usages. En tant qu’aménageur, ces instances permettent de nourrir notre réflexion sur le projet urbain pour répondre au mieux aux attentes et besoins des futurs habitants et usagers.
Est-ce que ces instances vont être appliquées à l’offre tertiaire de l’écoquartier ?
Aujourd’hui nous nous adressons aux futurs usagers et aux travailleurs. Dans la mesure où ces derniers vont utiliser le quartier nous sommes très intéressés par leurs différentes idées sur la manière de se déplacer, consommer, se divertir, se reposer. Nous avons d’ailleurs déjà quelques acteurs qui occupent des rez-de-chaussée commerciaux et qui sont présents aux différents moments de concertation que nous organisons.
La parole à Benoit Billy, architecte-urbaniste chez D&A – Devillers & Associés