La situation catastrophique du secteur du logement privé comme social, sur laquelle nous alertions depuis plusieurs années, est désormais devenue un fait de société que certains semblent découvrir, à travers les chiffres alarmants mis en lumière par les bailleurs sociaux. Le nombre de ménages en attente d’un logement dans le parc HLM est en hausse sur l’ensemble du territoire français et singulièrement dans le Var (41.713 demandes à fin juillet 2023, soit une hausse de 10% par rapport à la même période en 2022). A contrario, les objectifs de construction de logements agréés dans le département ne devraient pas être atteints : un grand nombre d’opérations immobilières ayant reçu un agrément ne verront pas le jour, pour des raisons inhérentes à l’interdépendance entre nos différents secteurs.
Celui du logement HLM s’appuie en effet sur celui du neuf, via l’achat en bloc. Confronté à une crise conjointe de l’offre et de la demande, le secteur du logement neuf est aujourd’hui quasi à l’arrêt : les chiffres de vente sont certes en hausse par rapport à 2022, mais ils sont encore loin de ceux enregistrés en 2021, qui n’était pas -loin s’en faut- une année de référence. La légère remontée des stocks disponibles est elle aussi en trompe l’œil : elle devrait rapidement décroitre dans les mois à venir. Par un effet collatéral, la filière du BTP est elle aussi pénalisée par la baisse des mises en chantier à fin juillet (-14%) et le mouvement devrait encore s’accentuer avec celle des délivrances de permis de construire (-30%), qui font craindre des défaillances pour les entreprises les plus fragiles. Autre secteur en très grande difficulté, la maison individuelle poursuit son plongeon avec -38% en glissement annuel sur 7 mois à fin juillet 2023 !
La dynamique du marché de la transaction semble également enrayée. On assiste conjointement à un phénomène de vases communiquant. Il se traduit par une pénurie de logements à la location dans l’ancien, qui ne peut qu’aller en s’aggravant, faute d’une offre suffisante sur notre territoire, à l’image de la situation observée à l’échelle du territoire national. Le retrait progressif du marché des biens les plus énergivores devrait encore accentuer cette situation de tension extrême. En première ligne sur cette problématique de rénovation thermique, les syndics de copropriétés sont pour leur part confrontés à des difficultés croissantes, concernant l’approbation par les copropriétaires des travaux prévus dans le cadre de la loi Climat et résilience et ce, au moment où le pouvoir d’achat des ménages subit la crise inflationniste.
Comment sortir par le haut de cette crise majeure à laquelle nous sommes tous confrontés, en tant qu’acteurs du logement, de l’immobilier et de la construction ? L’Observatoire Immobilier Provence a de ce point de vue montré la voie, il y a 30 ans, en associant dans une même structure l’ensemble des professionnels du secteur, pour faire entendre notre parole et peser davantage dans le débat public. La récente initiative des principales fédérations nationales, regroupées au sein de L’Alliance pour le logement, m’incite à penser que notre stratégie était la bonne. La mobilisation est plus que jamais nécessaire, le besoin de logements pour nos concitoyens reste un sujet incontournable mais curieusement marginalisé par le Projet de loi de finances 2024 récemment présenté.
Néanmoins, ces derniers jours il semble que ce problème commence à interpeller nos élus. La politique du logement doit transcender les clivages politiques pour devenir une cause nationale.
Tribune de Jean-Marc Stefanini, Président de la Délégation Territoriale Varoise de l’OIP & Président-Adjoint de la FNAIM Var.