Selon les premiers éléments de cette enquête confiée à la police judiciaire, il n'y avait pas de risque d'explosion mais des analyses sont en cours pour déterminer la nature du carburant contenu dans les bouteilles.
Après la découverte faite par des ouvriers, des policiers, des membres de la police scientifique et des pompiers se sont rendus sur place et un périmètre de sécurité a été brièvement mis en place sur le site situé sur les bords du canal de l'Ourcq.
Les caméras de vidéosurveillance, qui fonctionnent 24H sur 24 sur le parking où sont garés les camions, ont filmé deux personnes tentant de mettre le feu la nuit dernière, a précisé une source policière à l'AFP.
A 06H00 jeudi, au moment où les ouvriers prenaient leur poste à la centrale située porte de Pantin, dans le nord-est de la capitale, la dizaine de camions étaient "garés comme d'habitude", a témoigné auprès de l'AFP Bruno, un grutier de 49 ans prestataire de service pour le cimentier.
Mais sous trois d'entre eux, les ouvriers découvrent six bouteilles de carburant. Des allumettes étaient collées sur les bouteilles, selon une source policière.
Dans un bref communiqué, Lafarge France a confirmé que "plusieurs bouteilles reliées à un système de mise à feu ont été découvertes sous trois camions-toupies". Le groupe, qui dit "coopérer pleinement à l'enquête", a précisé que "de source policière, ces bouteilles contenaient du gasoil et le système de mise à feu était très artisanal".
Bidons étranges
Cette découverte intervient après celles de bonbonnes de gaz équipées d'un dispositif de mise à feu dans un immeuble du 16e arrondissement de Paris dans la nuit de vendredi à samedi. Dans cette affaire, six personnes, dont deux fichées pour radicalisation, ont été placées en garde à vue.
"Le système d'allumage découvert sous les camions, rudimentaire, n'a a priori rien à voir avec celui découvert sur les bonbonnes de gaz dans le 16e arrondissement", a néanmoins indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Le groupe Lafarge, qui a fusionné avec le Suisse Holcim en 2015, est actuellement au coeur d'une enquête sur les liens qu'il a pu entretenir avec des groupes armés, notamment avec l'organisation jihadiste Etat islamique, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, sa cimenterie de Jalabiya, au nord de la Syrie.
Une instruction, confiée à trois juges, est en cours notamment pour financement d'entreprise terroriste. La semaine dernière, un collectif de défense des chrétiens d'Orient a déposé plainte pour "complicité de crimes contre l'humanité".
L'un des chauffeurs du groupe, Idriss, a raconté à l'AFP comment il a remarqué "deux bidons sous (son) camion" lors de l'inspection habituelle sur le parking jeudi matin. Après avoir pris en photo les bidons qu'il trouve "étranges", le chauffeur de poids lourds a alors prévenu avec un collègue "les centraliers".
Au total, il y avait "sous deux ou trois camions, cinq bouteilles avec du liquide inflammable, des allumettes dessus déjà entamées. Automatiquement la centrale a appelé la police". Quand il revient au site "vers 10H00", la police avait pris en main la situation.
Jeudi après-midi, l'activité avait repris avec le va-et-vient habituel des camions, a constaté une journaliste de l'AFP. Mais cette découverte, "ça fait un peu flipper", reconnaît Bruno, chargé de vider les barges qui arrivent par le canal de l'Ourcq.