"Longtemps focalisée sur le respect des droits individuels en matière de regroupement familial et de droit d'asile", la France s'est privée "des avantages économiques que pourrait lui procurer une immigration de travail plus dynamique et plus ciblée vers les hauts potentiels", écrivent les députés Stéphanie Do (LREM) et Pierre-Henri Dumont (LR).
Sa publication intervient au lendemain de la diffusion des chiffres de l'immigration en France, marqués notamment par une hausse de 7% des demandes d'asile et du regroupement familial, et deux mois après la présentation par le gouvernement d'un plan immigration controversé, instaurant notamment des "quotas" de professionnels qualifiés.
"La France n'est pas du tout prête à ce système de quotas", a estimé Pierre-Henri Dumont, membre de l'opposition, lors d'une conférence de presse.
Le rapport rappelle notamment "l'obsolescence" de la liste des métiers sous tension, élaborée en 2007 et jamais actualisée depuis. Selon une étude de l'OCDE citée par le rapport, "seuls 15% des métiers inscrits sur cette liste seraient encore en tension" en France.
Le gouvernement a chargé Pôle emploi et la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) de créer un "nouvel outil statistique", qui doit être prêt d'ici mars.
"Nous préconisons plutôt une pilotage précis, bassin d'emploi par bassin d'emploi, métiers par métiers, par un comité d'experts indépendants placé auprès du ministère de l'Intérieur, comme ce qui se fait déjà au Royaume-Uni", a souligné M. Dumont.
L'immigration en France, en majorité familiale, a un impact "neutre" sur les salaires et l'emploi et "légèrement négatif" sur les finances publiques, tandis que les pays de l'OCDE qui ont valorisé une immigration plus qualifiée en tirent davantage de bénéfices pour leur économie, souligne le rapport.
Selon les chiffres publiés mardi, l'immigration économique a représenté 15% des titres de séjours délivrés en 2019, contre 32% pour l'immigration familiale - dont le regroupement familial est une sous-partie.
Les rapporteurs appellent donc à promouvoir une immigration du travail "plus nombreuse, sélectionnée davantage en fonction de l'éducation et des qualifications", en s'élargissant aux "pays émergents sous-représentés dans l'immigration française", comme la Chine, le Brésil, l'Inde, la Russie et les pays d'Asie du Sud-Est.
Instauré en 2016, le dispositif "passeport talent", destiné à faciliter la venue des salariés les plus qualifiés, est salué par les deux députés qui estiment nécessaire de davantage le faire connaître par des "campagnes d'information" ciblées sur les employeurs et les principaux pays d'origine.
Le rapport suggère aussi de simplifier les dispositifs de recrutement des travailleurs immigrés, jugés "lourds et complexes", ce qui a pour effet de décourager les PME à embaucher. Le système de critères définis pour la délivrance des autorisations de travail est notamment jugé "opaque et aléatoire".