Unissant leurs voix dans un premier communiqué commun depuis l'annonce de cette fusion en février, les quatre syndicats de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont exprimé "unanimement leurs vives inquiétudes".
L'ASN avec ses 500 agents est le gendarme du nucléaire et l'IRSN avec 1.750 salariés la police scientifique de la sûreté nucléaire.
Le gouvernement a annoncé le 8 février son intention de supprimer l'IRSN en vue de "fluidifier les processus d'examen" au moment où l'Elysée porte un programme de construction de nouveaux réacteurs.
"(...) le maintien d'une telle réforme de fusion de l'ASN et de l'IRSN conduira inéluctablement à une déstabilisation de nos organisations qui nuira à notre capacité à instruire et à décider vite, de manière motivée et rigoureuse", redoutent les signataires de la CFDT, CGT, Unsp-FO et CFE-CGC.
Et cela, au pire moment selon eux, puisque la relance de l'atome décidée en 2022 par l'Elysée va devoir trouver à la fois les bras nécessaires et le soutien de l'opinion.
"Notre rigueur, nos compétences, notre indépendance et notre transparence sont reconnus au plan international et sont le fondement de la crédibilité du système actuel", ont fait valoir les représentants du personnel de l'ASN et de l'IRSN.
Loin de rejeter la possibilité d'une réforme, les quatre syndicats critiquent un projet dont l'annonce a été "soudaine", "sans étude d'impact", sans faire d'état des lieux ni "identification des axes de progrès éventuellement nécessaires".
Ils dénoncent l'absence d'un cadre budgétaire défini, d'une réflexion précise des missions concernées par la fusion et de garanties concrètes pour le personnel des deux structures.
La fusion risque de faire perdre "beaucoup de temps et énormément de ressources" à un moment où la filière nucléaire française aura au contraire besoin de la disponibilité des équipes pour fournir des "contrôles rigoureux, agiles, transparents et indépendants".
Selon eux, "le maintien d'un contrôle et d'une expertise transparents, indépendants et efficaces en termes de sûreté nucléaire, est une garantie indispensable à la sécurité des travailleurs, de la population, de l'environnement, et des installations".
"C'est aussi LA condition de l'acceptabilité sociétale de cette relance" du nucléaire civil, préviennent-ils.