A Dampierre-en-Burly (Loiret), l'entreprise Onet Technologies accueille des stagiaires qui s'entraînent aux bonnes pratiques dans un décor reproduisant fidèlement l'intérieur des centrales EDF. La plus proche, avec ses quatre réacteurs, n'est qu'à quelques kilomètres.
"L'intervention de cette après-midi, c'est la décontamination d'un chantier", explique la formatrice Emeline Loiseau, 33 ans, à un petit groupe de six jeunes hommes qui viennent perfectionner leurs connaissances en radioprotection.
Déshabillage puis enfilage d'une tenue blanche complète selon un protocole strict, port d'un dosimètre pour mesurer l'exposition aux radiations: le petit groupe suit à la lettre les règles qui s'appliquent dans une vraie centrale.
Les stagiaires pénètrent dans la "zone contrôlée" et, dans une salle où s'entrecroisent de multiples tuyauteries et vannes, s'attaquent au nettoyage d'un périmètre contaminé par une radioactivité imaginaire.
Face à ce risque invisible, la formatrice rappelle ses stagiaires à l'ordre. "Tu as fait un débit de dose avant de ramasser ça?", demande-t-elle à l'un. "On ne mélange pas l'humide et le sec", dit-elle à un autre qui ne sait plus comment trier ses déchets.
"Une perspective d'avenir"
Malgré cet environnement difficile, tous sont déjà convaincus des vertus du nucléaire.
"Il faut trouver une énergie qui est capable de fournir autant d'électricité", avance Kevin Henry, 25 ans, employé d'un sous-traitant d'EDF spécialisé dans les échafaudages et l'isolation thermique.
Pour lui, le nucléaire c'est d'abord "énormément de recrutements tous les ans" et "une perspective d'avenir".
Yassine Ghayou, 27 ans, abonde: "c'est pour ça que je me tourne vers le secteur nucléaire, pour moi il y a du travail à long terme, il y aura toujours besoin de cette source d'énergie".
Après des missions en intérim dans d'autres secteurs, il vient suivre un stage sur les "savoirs communs du nucléaire" pour pouvoir travailler en centrale. "Je ne vois pas d'autre source fiable", insiste-t-il.
Enzo Couteau, 25 ans, ne regrette pas non plus d'avoir quitté le secteur du bâtiment pour un métier "un peu plus cadré". Aujourd'hui, il s'occupe de travaux de renforcement de la sûreté des centrales françaises décidés après la catastrophe de Fukushima (2011).
Que pense-t-il de la perspective de nouveaux EPR, annoncée par Emmanuel Macron en novembre? "Je me dis que j'ai peut-être fait le bon choix et qu'il y aura du travail jusqu'à ma retraite!"
"Candidatures spontanées"
Mis en doute après Fukushima ou associé aux déboires du chantier de l'EPR de Flamanville (Manche), le nucléaire n'a pas toujours eu bonne presse dans le pays qui produit pourtant 70% de son électricité grâce à lui.
Mais à quelques mois de la présidentielle, nombre de candidats y voient surtout un moyen de production stable et vertueux pour le climat. D'Eric Zemmour au communiste Fabien Roussel, ils promettent la même chose que le président Macron: de nouveaux EPR.
"C'est bien qu'on parle du nucléaire dans les débats politiques, parce que c'est ce qui fait que tous les jours quand on rentre chez nous on appuie sur un bouton", juge Emeline Loiseau. "Il faut que l'on sache si la personne pour qui on va voter est plutôt pour ou contre".
Cette mise en lumière est aussi bien accueillie par une filière de 220.000 salariés, qui aura d'énormes besoins de recrutement et de formation si des nouveaux chantiers sont lancés.
Ces nouveaux EPR, "c'est plus attirant pour nous en termes de communication et même pour les collaborateurs, de venir participer à cet essor du nucléaire", souligne Elodie Volle, la DRH de Onet Technologies.
"Je reçois plus de candidatures spontanées qu'avant" et "quand on se rend dans des forums de recrutement aujourd'hui, on a un peu plus d'étudiants qui se présentent à nous", se félicite-t-elle.