Chaudière au gaz dernière génération, nouvelle isolation, renouvellement de la ventilation: les lourds travaux de rénovation ont déjà apporté leurs premiers résultats, un an après la fin du chantier.
"Nous souhaitions refaire le ravalement, mais nous en avons profité pour opérer une rénovation thermique", déclare Jean-Jacques Lauriaux, le président du conseil syndical de la résidence. "Résultat, nous consommons 60% d'énergie en moins et la performance énergétique de l'immeuble est passée de E à B".
Ambition gouvernementale, avec un financement qui a légèrement augmenté dans le projet de budget 2023, la rénovation énergétique est aussi une priorité de la mairie de Paris, qui compte 47.000 copropriétés.
Objectif de la ville: rénover 25.000 logements supplémentaires d'ici la fin de la mandature, en multipliant par trois, à hauteur de 58 millions d'euros, les budgets alloués par rapport à la première édition en 2016.
Entre un été caniculaire et un contexte de flambée des prix de l'énergie causé par la guerre en Ukraine, "on a été rattrapés par une réalité que certains pensaient réservée à d'autres pays lointains", juge Fatoumata Koné, présidente de l'Agence parisienne du climat (APC) et élue écologiste au Conseil de Paris.
Fin août 2022, l'APC avait reçu déjà reçu plus de demandes de nouvelles copropriétés que sur toute l'année 2021.
Sensibilisation
Dans sa copropriété, M. Robichez parle d'une concertation "de plusieurs mois" entre membres du conseil syndical, mais des débats "plutôt simples".
"On a beaucoup expliqué lors de nos réunions la nécessité de rénover en profondeur les 80 appartements de la résidence", décrit le copropriétaire, la cinquantaine, devant la façade rénovée de sa tour d'habitation.
"On ne regrette rien: avec cette nouvelle isolation, l'hiver dernier, on a eu moins froid, et cet été, on n'a pas été écrasés par la chaleur".
Côté financement, la copropriété a pu bénéficier du dispositif Eco-rénovons Paris, qui encourage les copropriétés privées parisiennes à la rénovation énergétique de leur immeuble.
"50% du coût total de 1,6 million d'euros pour la copropriété a été financé par cette aide et nos biens ont pris 10 à 15% de valeur immobilière", se réjouit Jean-Gérard Robichez, estimant le reste à charge par propriétaire à 20.000 euros en moyenne.
Mais dans certaines copropriétés, les débats sont souvent plus longs, avec des propriétaires plus récalcitrants à l'idée d'engager des sommes importantes, ou moins au fait des aides existantes.
"Entre le retour sur investissement, de plusieurs dizaines d'années et la crainte de nuisances liées aux travaux, des copropriétaires trouvent encore des raisons de bloquer des projets", analyse Florence Lievyn, responsable des affaires publiques de Sonergia, spécialiste de la rénovation énergétique.
La ville de Paris annonce des réunions publiques dans tous les arrondissements à l'automne pour convaincre des copropriétaires de se lancer.
Dispositifs pas assez ambitieux
A l'échelle de tout le territoire, les copropriétés représentent 28% des bâtiments et l'État multiplie les initiatives pour accélérer leur rénovation, indispensable pour respecter les objectifs climatiques de la France.
Les propriétaires de logements sont désormais obligés d'effectuer un diagnostic de performance énergétique (DPE) s'ils souhaitent les mettre en vente ou en location.
Pour les plus énergivores (étiquetés F et G), il est déjà interdit, depuis le 24 août, d'augmenter les loyers. A partir de 2023, ce sont des interdictions pures et simples de louer qui frapperont, progressivement, les "passoires thermiques".
Le dispositif-phare de l'Anah, MaPrimeRénov' Copropriétés, a été lancé en juillet 2021 et permet de subventionner 25% du montant des travaux, à condition que les gains de performance énergétique soient conséquents (35% au moins).
Des mesures insuffisantes selon certains spécialistes du secteur.
"Les aides pour les copropriétés sont trop faibles", regrette Manuel Domergue auprès de l'AFP, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre. "L'État devrait être bien plus ambitieux pour donner de vraies perspectives à long terme, à l'aube d'un hiver critique".
Seulement 12.000 logements ont pu bénéficier du mécanisme en 2021, pour un coût d'environ 70 millions d'euros.