La société française, créée en 2008 et "rentable depuis 2011" selon son PDG Xavier Barbaro, est un "pure player" des énergies renouvelables qui a progressivement bâti une présence dans 16 pays, à commencer par l'Australie, la France et la Finlande, où elle possède le plus grand parc éolien du pays.
Elle rivalise avec les géants mondiaux de l'énergie avec plus de 8,3 gigawatts de capacité d'énergies renouvelables en opération ou en construction, entre de grands parc solaires en France ou au Mexique, ou des sites de stockage par batteries à grande échelle en Australie.
Brookfield, qui exploite la plateforme d'énergies renouvelables Brookfield Renewable Partners, est entré en négociations exclusives avec les actionnaires de Neoen pour "acquérir environ 53,32% des actions (...) existantes au prix de 39,85 euros par action", ont annoncé les deux sociétés mardi dans des communiqués. Soit une prime de 26,9% par rapport au dernier cours de clôture"(31,40 euros), a précisé Neoen dans son communiqué.
"15 années après la création de Neoen (...), nous sommes ravis d'ouvrir avec Brookfield un nouveau chapitre de notre histoire", s'est réjoui Xavier Barbaro. Il précise que le conseil d'administration "approuve pleinement cette transaction".
La société française n'est pas le premier fournisseur d'énergies renouvelables à se voir racheter dernièrement.
Convoitises
Mi-mars, le fonds d'investissement américain KKR a lancé une OPA sur l'exploitant allemand de parcs éoliens et solaires Encavis, pour un montant (2,8 milliards d'euros) largement supérieur à sa valeur en Bourse.
Les valeurs renouvelables ont connu dernièrement des moments difficiles sur les marchés. Après avoir fortement progressé jusqu'à début 2021, l'indice de la banque UBS rassemblant les actions des principales entreprises d'énergies renouvelables en Europe a en effet perdu en trois ans et demi environ 30% par rapport à ce pic.
En cause ? la hausse des taux d'intérêt qui limite la rentabilité de projets au long cours comme les renouvelables, ainsi que la baisse des prix de l'électricité, notamment aux Etats-Unis.
Et ces prix plus bas ne manquent pas d'attiser les appétits des investisseurs pour un rachat.
Neoen, qui a perdu en Bourse 12,79% en 2023 mais a affiché sur l'année un triplement de son bénéfice net (150,2 millions d'euros), attisait donc les convoitises. Pour les analystes d'Oddo BHF, ce rachat signe un "dénouement attendu" d'une "success story boursière".
"Même si cette cession par Impala intervient un peu plus tôt que ce que nous pensions", tablant plutôt sur une vente à partir de 2026, "elle va permettre au groupe de trouver les ressources financières pour poursuivre son développement à un rythme accéléré, peut-être même sans dilution minoritaire de son portefeuille en Australie", ont-ils détaillé dans une note.
Sortie de la Bourse
Les discussions sont surtout engagées avec Impala, société de l'homme d'affaires Jacques Veyrat qui détient 42,14% du capital de Neoen, mais aussi avec le Fonds Stratégique de Participations (6,92%), Céleste Management SA (2,48%), Cartusiai et Xavier Barbaro (1,22%) et Mosca Animation Participations et Conseil (0,55%).
Une fois l'acquisition de ce bloc principal réalisée, Brookfield compte déposer une offre publique d'achat (OPA) obligatoire sur les actions restantes de Neoen, là aussi "au prix de 39,85 euros par action", et "avec l'intention de mettre en oeuvre une procédure de retrait obligatoire" de la Bourse.
Neoen, coté à Paris depuis 2018 et intégré à l'indice SBF 120, pourrait sortir de la cote parisienne si Brookfield parvient à obtenir plus de 90% de son capital et de ses droits de vote à l'issue de l'opération. Sa cotation était suspendue jeudi matin et jusqu'à nouvel ordre, à la demande de la société, explique un document publié sur le site de l'opérateur boursier Euronext.
Le rachat à 39,85 euros par action valorise l'entreprise à 6,1 milliards d'euros, contre une capitalisation boursière de 4,78 milliards d'euros mercredi soir.