Des millions pour les écoles?
En pleine rentrée scolaire, Emmanuel Macron avait dressé un constat sans appel: 174 écoles --sur les 472 de la ville-- sont "dans un état de délabrement tel que l'apprentissage y est devenu impossible". Depuis, le maire Benoît Payan a chiffré à 1,2 milliard d'euros le plan de rénovation des écoles, "le plus grand chantier que la ville de Marseille a initié depuis les années 1960".
Mais quelle sera la participation de l'Etat ? "On ne va pas créer un précédent, sinon tous les maires de France vont me dire +moi aussi+", avait mis en garde M. Macron, refusant "une prime à ceux qui font mal". "En même temps, je n'ai pas le droit de vous laisser perdre du temps parce que sont les enfants (...) les premières victimes", avait-il ajouté.
"Personne ne peut imaginer, (...) au vu de la réalité, que le président vienne jeter de la poudre de perlimpinpin", avait lâché le maire socialiste de Marseille fin août.
Au-delà de la question budgétaire, le corps enseignant a été surpris par l'annonce du président de ces 50 écoles "laboratoires" dans lesquelles le directeur pourrait "choisir l'équipe pédagogique". Si la mairie botte en touche sur ce point, la proposition a braqué les syndicats d'enseignants, qui ont appelé à boycotter l'expérimentation, la qualifiant d'"inconcevable", et appelé à manifester lors de la nouvelle visite présidentielle vendredi.
Logement: "Pas d'annonces"
Le logement indigne est un fléau dans la deuxième ville de France où, selon un rapport gouvernemental de 2015 toujours d'actualité, 100.000 personnes vivent dans 40.000 taudis, et ce dans le parc privé uniquement.
Après l'effondrement de deux immeubles délabrés au coeur de Marseille qui avait fait huit morts, le 5 novembre 2018, Etat et collectivités avaient signé un plan d'action pour répartir les 600 millions d'euros promis contre l'habitat indigne, sur 15 ans, pour 1.000 hectares du centre-ville. Mais la première phase de ce projet, de 217 millions d'euros, vise seulement 7 ha, soit quatre îlots dégradés.
Insistant pour que ces chantiers s'engagent "immédiatement" et que la gouvernance de ces dossiers s'améliore, le chef de l'Etat avait annoncé en septembre le lancement d'une opération d'intérêt national pour la ville, une procédure qui permettra à l'Etat de copiloter ce gigantesque chantier et d'accélérer les procédures.
Depuis, "il n'y a eu aucune nouvelle annonce, c'est très décevant sur l'enjeu numéro 1 à Marseille avec les écoles", a réagi Kevin Vacher, porte-parole du Collectif du 5 novembre, selon qui "300 immeubles sont encore frappés de péril imminent".
Transports: un milliard d'euros, mais pour quoi ?
Il faut "désenclaver les quartiers nord" pauvres de Marseille, avait insisté Emmanuel Macron, en mettant un milliard d'euros pour les transports, dont 250 millions de subventions. Et d'annoncer notamment "la création de quatre lignes de tramway" en plus des deux lignes de métro et trois lignes de tram existantes.
Banco a répondu la métropole Aix-Marseille-Provence, compétente en matière de transports et dirigée par Martine Vassal (LR), en présentant quatre projets de prolongation du tram, notamment vers la plage des Catalans, au coeur de la ville. Mais trois nouvelles stations seulement ouvriraient vers le nord, d'ici 2025 au mieux, en doublon avec la ligne 2 du métro... Et il faudrait attendre 2028 pour que la cité de la Castellane soit reliée au coeur de la ville.
"C'est une interprétation erronée des propos du président de la République, (...) il n'est clairement pas venu pour financer ce qui est déjà dans les cartons", a commenté auprès de l'AFP Audrey Gatian, adjointe à la Mobilité à la mairie de gauche de Marseille, en réaffirmant la volonté de la municipalité de prioriser les projets vers le Nord.
Dénonçant "les chicayas locaux", M. Macron avait averti: à la ville et la métropole de régler leurs problèmes de gouvernance, sinon il ne mettrait "plus d'essence dans un système qui continue à garder les mêmes freins".