Le président donnera jeudi le coup d'envoi de la concertation, en recevant les principaux leaders syndicaux et patronaux. Jean-Claude Mailly (FO) ouvrira le bal à 09H00 et sera suivi par Philippe Martinez (CGT) à 10H00, François Hommeril (CFE-CGC) à 11H00, Alain Griset (U2P) à midi, Pierre Gattaz (Medef) à 15H00, Philippe Louis (CFTC) à 16H00 et François Asselin (CPME) à 17H00. Laurent Berger (CFDT), indisponible jeudi, sera reçu vendredi à 09H00.
La concertation se poursuivra avec des rencontres bilatérales à Matignon, puis, plus techniques, avec le cabinet de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Le processus doit déboucher au printemps sur un projet de loi, en vue d'une adoption définitive à l'été.
Le menu est copieux: ouvrir l'assurance chômage aux indépendants et aux démissionnaires, rendre l'apprentissage plus attractif et simplifier la formation professionnelle. Et le contexte, envenimé par le mécontentement syndical vis-à-vis des ordonnances réformant le Code du travail, risque de compliquer les discussions.
Pour le gouvernement, la réforme vise à offrir aux travailleurs davantage de protection, après avoir donné plus de liberté aux entreprises grâce aux ordonnances.
L'assurance chômage est le point le plus délicat. Elle inquiète les partenaires sociaux, patronat compris, même si l'Elysée assure vouloir garder "un système qui indemnise bien".
Au-delà de son extension aux indépendants et aux démissionnaires, l'exécutif compte en modifier le financement et la gouvernance. Le régime ne serait plus uniquement financé par les cotisations, mais également par l'impôt (CSG), et il passerait d'une gestion paritaire par les partenaires sociaux à une gestion tripartite avec un pilotage de l'Etat.
"Tout ce qui ressemble à un ménage à trois ou une dilution des responsabilités est susceptible d'affecter négativement le bon fonctionnement du dispositif", a récemment mis en garde Alexandre Saubot, président (Medef) de l'Unédic, le gestionnaire de l'assurance chômage. Sa vice-présidente Patricia Ferrand (CFDT) a défendu la "vraie valeur ajoutée" des partenaires sociaux.
Menace d'une mobilisation
Autre crainte des syndicats: que l'indemnisation des indépendants et des démissionnaires, qui pourrait se chiffrer en milliards d'euros, n'entraîne une baisse des allocations. Il est "hors de question" que "cela se fasse en pompant les droits des autres chômeurs indemnisés", avertissait Laurent Berger début octobre. Son syndicat, qui refuse de manifester contre les ordonnances, n'exclut pas de descendre dans la rue s'il n'est pas écouté sur l'assurance chômage.
La CGT et Force ouvrière ont, elles aussi, brandi la menace d'une mobilisation.
Les discussions plus poussées sur l'Unédic commenceront "vers la mi-novembre", souligne l'Elysée. L'apprentissage et la formation professionnelle auront été traitées avant.
La réforme de la formation professionnelle inquiète également les partenaires sociaux. Le gouvernement veut renforcer les droits individuels à la formation des actifs, en s'appuyant sur le compte personnel de formation (CPF) déjà existant.
Mais cela risque d'entamer les prérogatives des partenaires sociaux puisqu'une partie des cotisations formation des entreprises, aujourd'hui collectées et gérées par des organismes paritaires, les Opca, serait réorientée pour financer directement le CPF. Munis de leurs droits individuels, les actifs pourraient ainsi s'adresser directement aux prestataires de formation, sans l'intermédiaire des Opca.
Le dernier thème, l'apprentissage, est moins explosif, mais tout aussi complexe. L'objectif est de rendre plus attractif ce dispositif de formation initiale en alternance, dont l'efficacité est reconnue. Cette ambition, brandie par tous les gouvernements successifs, n'a jamais été atteinte: les effectifs d'apprentis plafonnent autour de 420.000, bien loin de la cible maintes fois fixée à 500.000.
Pour vaincre la malédiction, la stratégie du gouvernement repose sur trois piliers: simplifier le financement et les aides, mieux informer les jeunes et leurs familles sur les débouchés professionnels, et impliquer les partenaires sociaux des branches professionnelles dans l'élaboration des contenus pédagogiques.