Publié lundi par l'Insee, l'institut national des statistiques, un article propose de classer 25 pays, pour l'essentiel européens, en différents types de marchés du logement à partir d'une base de données lancée en 2017 par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
"Le but, c'est de pouvoir faire des comparaisons internationales: voir ce qui marche dans certains pays et ce qui marche moins bien", explique à l'AFP l'économiste Christophe André, co-auteur de l'article avec son collègue Thomas Chalaux.
"Cela existait déjà mais dans des sources un peu éparpillées", a-t-il ajouté, voyant "un pas en avant" dans le fait que cette base prend en compte les différents types de politiques mises en oeuvre dans chaque pays.
L'analyse dresse quatre grandes catégories. Les deux premières sont caractérisées par de bonnes conditions générales de logement.
Dans la première, qui comprend la majorité des pays nordiques ainsi que l'Allemagne, l'accession à la propriété est forte, avec comme corollaire un endettement important des ménages, tandis que les locataires sont principalement logés dans le privé.
Dans la seconde, qui compte la France, la péninsule ibérique ainsi que le Royaume-Uni et l'Irlande, l'accession à la propriété est moindre et la part du logement social est conséquente chez les locataires.
Dans la troisième catégorie, dominée par les anciens pays communistes de l'Est comme la Hongrie, la part des propriétaires est très importante avec peu d'endettement mais des conditions de logement très médiocres.
La dernière catégorie compte d'autres pays de la région comme l'Estonie ainsi que certains pays méditerranéens comme l'Italie: elle est surtout caractérisée par des conditions intermédiaires aux trois précédentes catégories.
Une fois dressé ce tableau, qui correspond à des typologies déjà existantes mais se distingue par exemple en différenciant les pays méditerranéens entre eux, l'étude met en regard ces différentes catégories avec les politiques menées par les gouvernements.
Selon elle, il n'y a pas de lien manifeste entre une politique particulière et l'appartenance d'un pays à l'un des groupes.
Déséquilibre des politiques
"Les politiques mises en oeuvre ne sont pas fortement corrélées avec les conditions de logement", a expliqué M. André. "L'analyse suggère que les conditions socioéconomiques ont une influence plus large."
"Les pays qui ont une richesse par tête plus faible ont généralement des conditions de logement plus défavorables", a-t-il précisé. "On ne voit pas de politique qui compense ça."
L'étude se garde de tirer des conclusions avancées: elle souligne avoir évalué la présence des politiques de façon binaire - si elle sont menées ou non - sans mesurer leur degré d'application.
De plus, "ça ne veut pas dire que les politiques du logement n'ont pas d'impact: peut-être que les politiques qui pourraient en avoir n'ont pas été mises en oeuvre", nuance M. André.
A ce titre, l'étude établit que ce sont les politiques de la demande - aides au logement et incitations à l'accession à la propriété tel le prêt à taux zéro (PTZ) en France - qui dominent l'ensemble du panel étudié.
"C'est une tendance que l'on observe depuis les années 1980 dans la plupart des pays de l'OCDE", a rappelé M. André.
A l'inverse, les pays étudiés mettent beaucoup moins en oeuvre des politiques destinées à augmenter l'offre d'habitats: cela peut passer par de nouveaux logements sociaux ou l'allègement des contraintes sur la construction.
"Dans beaucoup de pays, on a des règles qui sont restrictives et qui réduisent l'offre", a remarqué M. André.
"C'est clair dans un pays comme le Royaume-Uni où il y a des +ceintures vertes+ autour des villes, où on ne peut pas construire", a-t-il cité en exemple, même s'il remarque que la situation est plus favorable dans certains pays, en particulier l'Allemagne.
Rappelant d'autres études préalables, l'article note en conclusion la conséquence logique d'un soutien à la demande sans accroissement de l'offre: des prix et des loyers en hausse.