Alors que des représentants de 130 pays se retrouvent à Pékin pour un forum célébrant les 10 ans de cette initiative ambitieuse, voici les principaux points à en retenir.
Dette et coûts opaques
Les Nouvelles routes de la soie visent à améliorer les liaisons commerciales entre l'Asie, l'Europe, l'Afrique et même au-delà par la construction de ports, voies ferrées, aéroports ou parcs industriels.
Ces infrastructures doivent permettre à ces pays de poursuivre leur développement et à la Chine d'accéder à davantage de marchés ainsi que d'ouvrir de nouveaux débouchés à ses entreprises.
Le projet a déjà généré quelque 1.900 milliards d'euros de contrats dans le monde, selon le gouvernement chinois.
Parmi ses chantiers les plus emblématiques: la création d'un réseau de train à grande vitesse en Asie du Sud-Est et des investissements conséquents en transport, énergie et infrastructures en Asie Centrale.
Mais pour les pays impliqués, le projet est synonyme d'énormes dettes: selon Pékin, celles auprès de la Banque d'import-export de Chine (Eximbank) dépassent désormais les 280 milliards d'euros.
Un endettement aggravé durant la pandémie de Covid-19, lorsque l'inflation galopante et la hausse des taux d'intérêt ont rendu plus difficile les remboursements.
Pékin a d'ailleurs dû dépenser plusieurs milliards de dollars dans des plans de sauvetage de pays ayant besoin de délais supplémentaires, selon un rapport de la Banque Mondiale et d'autres institutions publié cette année.
Les critiques du projet notent aussi l'opacité du coût de certains chantiers. Des pays comme la Malaisie et la Birmanie ont tenté de renégocier ces tarifs à la baisse.
La population, elle, constate avec amertume que la majorité des emplois générés profitent à des employés chinois qui envoient l'argent dans leur pays d'origine plutôt que de le dépenser localement.
Influence chinoise
Les Nouvelles routes de la soie ont clairement une visée diplomatique, en présentant la Chine comme un allié des pays du Sud, tout en permettant aux groupes d'infrastructure chinois de se positionner dans de nombreuses économies émergentes.
De quoi inquiéter les pays occidentaux, qui y voient une grande opération d'influence de Pékin, tandis que, chez les partenaires du projet, des voix s'élèvent contre la volonté chinoise d'interférer dans la politique locale.
Rivaux de la Chine, les Etats-Unis affirment, sans preuve toutefois, qu'elle pourrait utiliser ce projet comme un outil pour installer des bases militaires à travers le monde, sous le prétexte de vouloir protéger ses investissements.
Empreinte carbone
Ces gigantesques chantiers d'infrastructures inquiètent quant à leur empreinte carbone et la dégradation de l'environnement qu'ils provoquent.
Le développement de ports géants, pipelines, lignes de chemin de fer et autoroutes pourraient empêcher d'atteindre les objectifs de l'accord de Paris sur le climat, ont prévenu en 2019 des chercheurs de Chine, des Nations unies et du Royaume-Uni.
Un rapport d'experts de l'université de Boston a lui estimé que les projets chinois d'infrastructure sont plus risqués pour les terres indigènes et l'écosystème en général, car ils ne prévoient pas assez en termes de "gestion des risques environnementaux et sociaux".
La Chine a promis de faire mieux dans le domaine environnemental, s'engageant en 2021 à ne pas construire de nouvelles mines de charbon à l'étranger. Mais les projets déjà approuvés n'ont pas été stoppés.
Bénéfices économiques
Pékin assure que son projet apporte "un développement de haute qualité" aux pays partenaires avec des infrastructures durables, par opposition aux projets occidentaux qui, selon lui, ne sont que sur le court terme.
Le rapport d'experts de l'université de Boston a reconnu que les Nouvelles routes de la soie avaient permis de fournir "des ressources supplémentaires aux pays du Sud" et de contribuer à "une croissance économique significative".
"Le financement chinois du développement à l'étranger est beaucoup plus axé sur les prêts à l'industrie et aux infrastructures", ont-ils noté, et "il est donc davantage associé à la croissance économique, au traitement des goulets d'étranglement en matière d'infrastructures et à l'amélioration de l'accès à l'énergie".
La Banque Mondiale a, elle aussi, souligné que ces projets chinois "améliorent de façon substantielle le commerce, l'investissement étranger et les conditions de vie des habitants des pays participants".
Dans le domaine du transport, les chantiers des Nouvelles routes de la soie, quand ils seront terminés, pourraient entraîner un supplément de croissance mondiale entre 0,7 et 2,9%, selon la Banque Mondiale.