"Une véritable inquiétude" pour la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME)
"L'état d'esprit, c'est une véritable inquiétude, on a une incertitude aujourd'hui", a estimé Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire national de la CPME, sur Radio Classique.
"Les entreprises s'étaient mises en mode pause, elles avaient suspendu leurs investissements et recrutements, est-ce que le gouvernement qui va arriver sera en capacité de leur redonner suffisamment confiance pour qu'elles ne (les) ajournent pas purement et simplement, ce qui serait une catastrophe totale", pour les entreprises mais aussi le système de protection sociale, selon lui.
Aucun camp politique n'a obtenu de majorité absolue à l'Assemblée nationale à l'issue dimanche du second tour des élections législatives anticipées. Il n'y a pas eu de déferlante Rassemblement national, l'union de la gauche s'avère fragile malgré sa première place, tandis que la macronie est en recul.
Après la dissolution, les organisations patronales avaient toutes dénoncé des risques économiques liés à certains programmes et à la fragilité des finances publiques, alors que la dette de la France s'était creusée à presque 3.160 milliards d'euros à fin mars.
"Est-ce qu'on va maintenir la politique de l'offre", relancer "le texte sur la simplification administrative" ou au contraire voir voter des textes "qui supposent plus de prélèvements obligatoires et de nouvelles contraintes", s'inquiète M. du Mesnil.
L'augmentation du Smic à 1.600 euros net, une des mesures phares de l'alliance de la gauche, arrivée en tête en sièges au second tour, c'est "une ligne rouge" pour lui. "Il ne faut pas se fracasser sur le mur de la réalité et bien prendre en compte la situation financière de notre pays", a-t-il dit.
"Soit on essaie de corriger le tir et leur redonner confiance (aux entreprises, NDLR). Soit au contraire on leur met un coup de rame sur la tête et ce sera une catastrophe pour tout le monde. Et demain qu'est-ce qu'il se passera, une mise sous tutelle de la France", estime-t-il.
Pour le Syndicat des Indépendants (SDI), "des risques imminents pour nos entreprises"
A l’issue du résultat des dernières élections législatives, le Nouveau Front Populaire (NFP) et son programme arrivent en tête sans pour autant obtenir la majorité absolue.
Pour mémoire, le programme du NFP comporte de nombreux points qualifiés par nos chefs d’entreprise comme dévastateurs pour l’économie.
Citons notamment le SMIC à 1600€ nets/ mois, l’indexation des salaires sur l’inflation ou encore la hausse des impôts.
Nous entrons dans une période d’incertitude politique majeure qui conduit d’ores et déjà les artisans, commerçants et responsables de TPE à suspendre leurs investissements et leurs recrutements, voire à les annuler.
La suite dépendra de la capacité des forces politiques responsables à organiser un front républicain, au fond véritable vainqueur de ces législatives, en capacité de prendre en compte la réalité économique déjà complexe des TPE/PME.
Pour Marc Sanchez, secrétaire général du SDI : « Sans jugement de fond sur les valeurs portées, nous constatons que le programme économique de la coalition en tête des législatives présente des dangers majeurs pour l’économie française et plus particulièrement pour les artisans, commerçants et dirigeants de TPE. Nos premières remontées d’informations démontrent une crainte majeure de ces professionnels qui suspendent voire annulent leurs investissements prévus. Nous en appelons à un front entrepreneurial en vue de soutenir auprès de l’Assemblée nationale une voie soutenable économiquement et socialement pour nos 4 millions d’entreprises et autant de salariés. »
Pour Pascal Boulanger, président Fédération des Promoteurs Immobiliers de France (FPI), "il y a urgence" d'agir pour le logement
Dès leur installation, la nouvelle Assemblée nationale et le nouveau gouvernement devront se saisir sans perdre du temps de la question du logement : il y a urgence !
Une nouvelle Assemblée nationale, aux contours flous, s’est dessinée hier soir : aucun parti politique n’a obtenu de majorité absolue.
J’adresse mes félicitations républicaines aux député(e)s élu(e)s ou réélu(e)s : leur responsabilité sera immense dans les prochains mois, notamment s’agissant des solutions qu’ils décideront d’apporter à la crise du logement qui ronge notre société.
L’attentisme qui prévaut depuis l’annonce de la dissolution, le 9 juin dernier, doit cesser.
Il y a en effet urgence à prendre les bonnes décisions pour traiter, enfin, la crise du logement.
Il y a urgence car chaque mois qui passe voit nombre d’emplois disparaître dans la filière du logement. 300.000 emplois au total devraient être supprimés en 2024 et 2025.
Il y a urgence car les étudiants, comme l’année dernière, vont rencontrer de très grandes difficultés à se loger. Près de 2 étudiants sur 10 renoncent à leurs études faute de logement.
Il y a urgence car en l’absence de nouveaux logements, les entreprises vont avoir de plus en plus de mal à recruter.
Il y a urgence car chaque collaborateur qui quitte la promotion immobilière, emporte avec lui des savoir-faire et des compétences uniques. Il faudra 4 à 5 ans pour former un responsable de programme immobilier, par exemple.
Des solutions existent pour relancer l’acte de construire. Elles ne coûtent rien à l’Etat et peuvent lui rapporter immédiatement des recettes de TVA.
Elles sont connues de tous :
- Fléchage de la TVA immobilière, au-delà d’un certain seuil, vers les communes bâtisseuses ;
- Permettre, sur une courte période, l’exonération partielle de droits de successions lors de la 1ère transmission à titre gratuit d’un logement neuf acquis en VEFA ;
- Permettre aux particuliers d’investir dans du logement locatif intermédiaire aux mêmes conditions que les investisseurs institutionnels ;
- Mettre en œuvre des prêts immobiliers innovants, dont le prêt hybride (20% du montant du prêt étant in fine).
Je souhaite rencontrer au plus vite les parlementaires et le nouveau gouvernement, dès sa constitution, pour évoquer tous ces sujets.
Pour la Fédération Cinov, il faut « agir pour la croissance de nos entreprises et la transition écologique »
À l’issue des élections législatives, la Fédération Cinov exhorte les nouveaux députés
et futurs membres du Gouvernement à agir rapidement sur les enjeux cruciaux de
notre époque. La transition écologique et énergétique, la compétitivité de nos entreprises,
l’innovation et la formation des talents sont des défis majeurs qui nécessitent une ambition
politique forte et déterminée. Ces enjeux sont essentiels pour la vie démocratique,
économique et sociale de notre pays et sont la clé pour assurer la création de valeur
et d’emplois par nos entreprises. Nous devons faire preuve d’une ambition forte,
sans compromis ni réserve, afin de garantir un avenir prospère et durable pour tous.
Organisation professionnelle réunissant les 14 syndicats des métiers de l’ingénierie, du conseil, du numérique et plus largement de la prestation de services intellectuels (branche BETIC), représentant 100.000 entreprises et 1,2 million de salariés, la Fédération Cinov a pour objectif de promouvoir une vision d’avenir : celle d’une société centrée sur le citoyen, l’usager et l’acteur responsable du monde qui l’entoure, une société qui reconnaît l’intelligence, l’engagement et la créativité des acteurs de son territoire.
La fédération s’inscrit dans de solides valeurs éthiques et environnementales, notamment dans le cadre des objectifs de développement durable fixés par l’Organisation des Nations-Unies, qui guident son action et celle de ses membres. Dans le monde professionnel, les syndicats, adhérents de la Fédération Cinov, considèrent ainsi comme essentielles les valeurs de responsabilité, d’implication, d’engagement, de conviction et d’indépendance. Ils attendent de l’ensemble de leurs adhérents le respect de ces valeurs.
Rétablir la confiance
La confiance est la pierre angulaire de toute société prospère et durable. C’est pourquoi la Fédération Cinov considère le rétablissement de la confiance comme un défi majeur à relever. Elle instaure ainsi des modèles de gouvernance au service de l’humain, fondés sur l’anticipation et l’engagement. La fédération s’engage auprès de ses membres et de son écosystème pour créer les conditions nécessaires au rétablissement de cette confiance. Elle appelle les représentants politiques à travailler ensemble pour rétablir la confiance dans notre société en promouvant des modèles de gouvernance éthiques, transparents et responsables, et s’engage à leurs côtés pour collaborer à cet enjeu.
Relever les défis actuels
Dans ce contexte, la Fédération Cinov souligne cinq axes essentiels pour relever ces défis:
- Accélérer la transition écologique par le soutien et l’accompagnement de toutes les innovations qui offrent des solutions pour répondre aux défis climatiques et au respect du Vivant.
- Renforcer la rénovation des logements en proposant une « rénovation sensorielle globale » des bâtiments, qui tienne compte des besoins des usagers et des enjeux énergétiques et écologiques. Cette approche vise à généraliser un habitat durable, décarboné, sécurisé et résilient. Les métiers de la branche BETIC jouent un rôle clé dans la conception et la réalisation de bâtiments, d’infrastructures et de services capables de répondre à ces enjeux.
- Augmenter la compétitivité des TPE-PME par une commande publique simplifiée : ancrées au cœur des territoires, ces entreprises sont des maillons indispensables à l’emploi et à la réussite des transitions à l’œuvre. Elles doivent pouvoir bénéficier d'une commande publique qui valorise leur expertise et leur engagement. Il est impératif de poursuivre la dynamique d'allégement des normes administratives et la réduction des fiscalités pénalisantes.
- Faire des nouvelles technologies et de l’innovation un atout économique et stratégique pour l’Europe en créant un « Buy European Tech Act » qui permettra de structurer un écosystème européen du cloud et de la donnée.
- Mettre en place une politique ambitieuse et efficace en matière de formation professionnelle et d'apprentissage, notamment en réformant le système de financement pour développer les compétences et en augmentant le soutien aux TPE-PME françaises pour leurs salariés en formation.
Nos gouvernants devront conduire leur action en gardant à l’esprit ces éléments, pour permettre à nos entreprises de continuer à se développer, à créer de la valeur et de l’emploi, et ainsi à consolider le tissu économique français.
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