"L'objectif macro-économique de court terme est atteint ou va bientôt être atteint en termes d'activité et encore plus en termes d'emplois", s'est félicité le président du comité d'évaluation, Benoît Coeuré, lors d'une présentation à la presse.
Toutefois, "on ne sait pas quantifier la contribution spécifique" de ce plan, baptisé "France Relance", " par rapport à l'ensemble des facteurs" qui ont permis le redressement, a nuancé M. Coeuré.
Il a souligné que c'était la première fois qu'un plan de soutien public était évalué aussi rapidement et de manière indépendante, alors que le plan de 100 milliards d'euros, lancé à l'été 2020, court jusqu'à fin 2022.
L'économiste a aussi salué le travail de "Bercy en tant que coordinateur", car "les objectifs opérationnels seront tenus", notamment celui d'engager 70 milliards d'euros avant fin 2021.
A la fin août 2021, 47 milliards d'euros avaient été engagés et 29 milliards décaissés.
De son côté, le gouvernement a pris "bonne note des résultats du rapport et de ses conclusions", rappelant que le comité "poursuivra ses travaux", selon un communiqué.
"La rapidité de déploiement du plan a été rendue possible par les efforts déployés pour la lisibilité et l'accessibilité des mesures, le ciblage des mesures et la mobilisation des acteurs économiques", a-t-il souligné.
Benoit Coeuré a toutefois estimé qu'il y avait un risque "qu'en privilégiant un décaissement rapide et une massification des aides, on perde en qualité ce qu'on a obtenu en quantité, et qu'on ne sache pas mesurer l'impact transformationnel, sur la compétitivité ou sur la transition énergétique, de ce plan".
France Relance assure la transition entre les mesures d'urgence prises pour préserver l'appareil productif pendant la crise sanitaire et le plan d'investissement de long terme France 2030, a-t-il souligné.
Dans le détail, le rapport Coeuré relève que le dispositif MaPrimeRénov de rénovation énergétique des logements de particuliers, préexistant à la crise, a été élargi, ce qui a permis d'en faire profiter plus de ménages, y compris à revenus intermédiaires ou supérieurs. Malgré cet élargissement, "81% des bénéficiaires étaient des ménages aux revenus modestes ou très modestes", selon le comité.
Le bilan est plus mitigé pour la rénovation des bâtiments publics car la mise en oeuvre, "tant de l'Etat que des collectivités locales, a privilégié les travaux pouvant être exécutés rapidement", ce qui a parfois "conduit à sélectionner des gros projets à impact énergétique plus faible", regrette M. Coeuré.
Priorité à l'offre
Sur le volet industriel, il a estimé que le plan est très utile pour les PME mais que, pour les grandes entreprises, certains projets d'investissements étaient déjà dans les tuyaux et qu'on est "simplement passé d'un auto-financement ou d'un financement bancaire à un financement par subventions publiques".
Par ailleurs, "compte tenu de la rapidité de sélection" des projets soutenus, "on ne peut pas être sûr qu'il y a derrière une grille d'analyse tournée vers des objectifs de transformation de l'outil industriel", a ajouté le président du comité d'évaluation.
Par conséquent, "on est un peu circonspect sur l'impact de long terme", notamment "l'impact croisé des aides industrielles sur la transformation écologique et sur la décarbonation, pour laquelle on a vraiment très peu d'éléments à ce stade", a encore dit M. Coeuré.
Au niveau européen, le plan de relance français s'inscrit "dans la moyenne des pays européens par sa taille, la France ayant privilégié comme le Royaume-Uni les mesures d'offre". Au vu des problèmes actuels sur les chaînes d'approvisionnement, ceci est "plutôt positif, car de nature à desserrer les contraintes sur l'offre", a jugé le président du comité.
La France se distingue aussi avec l'Allemagne par sa rapidité de décaissement, tandis que le plan italien, d'une dimension plus importante, est plus lent à être mis en oeuvre.