Plusieurs chefs de parti ont appelé à "une régulation très forte" du prix de l'électricité, selon Matignon.
"Certains craignent que la transition écologique soit synonyme de baisse de pouvoir d'achat. C'est au contraire l'absence de transition qui y conduirait, car nous serions éternellement soumis à des chocs sur les prix et donc sur le pouvoir d'achat", a affirmé la Première ministre.
"Protéger le pouvoir d'achat, cela passe donc par la sortie des énergies fossiles, la rénovation des logements, les relocalisations. Cela passe par la maîtrise des coûts de l'électricité (...) En un mot, cela passe par la planification écologique", a ajouté la cheffe du gouvernement.
Elle a détaillé la répartition des 10 milliards d'euros supplémentaires qui seront engagés dans la transition écologique, dont sept seront dépensés en 2024.
"Les ménages les plus modestes (...) sont ceux qui polluent le moins, mais qui sont les plus impactés par la pollution" et qui "sont les moins armés pour faire face à cette transition", a souligné à l'issue du CNR Noam Leandri, président du collectif Alerte qui rassemble 34 associations de lutte contre la pauvreté. Il réclame des mesures "beaucoup plus concrètes" en leur faveur.
Les représentants des collectivités ont demandé des "moyens adaptés" à cette transition, a rapporté pour l'Association des maires ruraux Yvan Lubraneskin, tandis que pour l'U2P (Union des entreprises de proximité), Michel Picon a réclamé du "temps" pour s'adapter.
En juillet, le gouvernement avait reporté la présentation de cette feuille de route, notamment en raison des émeutes et du remaniement.
Il promet un plan "très concret" et "très opérationnel" afin "d'être au rendez-vous européen" de la baisse de 55% des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et de se "projeter vers la neutralité carbone en 2050".
Le président de la République Emmanuel Macron doit s'exprimer lundi sur le sujet, avant la présentation, le 27 septembre en Conseil des ministres, du projet de budget pour 2024.
Où iront les milliards supplémentaires ?
Bâtiment, agriculture et biodiversité en tête, le gouvernement a détaillé mardi devant le Conseil national de la refondation (CNR) la répartition des 10 milliards d'euros supplémentaires engagés dans la transition écologique, dont 7 milliards seront dépensés en 2024.
Elisabeth Borne, accompagnée de cinq ministres, a présenté la planification écologique dont elle est chargée aux différents acteurs du CNR: représentants d'organisations patronales, syndicales, de chambres consulaires, d'associations environnementales ou de lutte contre la pauvreté.
Emmanuel Macron doit s'exprimer lundi sur le sujet, avant la présentation en Conseil des ministres du projet de budget pour 2024 mercredi prochain.
Au total, l'Etat engagera 10 milliards d'euros d'"investissements supplémentaires", dont 7 milliards seront effectivement "décaissés" l'an prochain.
Selon le centre de réflexion I4CE, le budget 2023 comprenait environ 28 milliards d'euros de dépenses pour la planification écologique.
Dans le détail, cette nouvelle enveloppe de 10 milliards sera répartie comme suit :
AGRICULTURE et BIODIVERSITE : +2,3 milliards
- 500 millions pour la forêt (reboisement et aval forestier)
- 500 millions pour le plan eau
- 500 millions pour le diagnostic carbone ou les haies
- 400 millions pour la biodiversité
- 300 millions pour le plan phytosanitaire (hors France 2030, un plan, annoncé en 2021, qui vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d'avenir)
- 100 millions pour le plan protéines
BATIMENT : +2,2 milliards d'euros
- 1,6 milliard pour la rénovation énergétique des logements
- 600 millions pour celle des bâtiments de l'Etat
ENERGIE : +1,8 milliard
- 800 millions de soutien à l'injection de biogaz
- 700 millions de soutien à l'hydrogène
- 300 millions pour d'autres projets dont les territoires d'Outremer
INDUSTRIE : +1,8 milliard
- 1,5 milliard de crédits débloqués de France 2030
- 300 millions pour d'autres projets
TRANSPORTS : +1,6 milliard
- 1,4 milliard pour les infrastructures ferroviaires, fluviales et maritimes
- 200 millions pour le verdissement des flottes de véhicules
COLLECTIVITES : +800 millions
- 500 millions pour le Fonds vert (porté à 2,5 milliards)
- 300 millions pour le verdissement des dotations
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