A partir de juillet prochain, la durée du congé pour un père - ou le deuxième parent - d'un enfant à naître ou adopté, actuellement de 14 jours, sera doublée.
"Nous allons porter le congé paternité à un mois, au sein duquel il y aura sept jours obligatoires pour chaque jeune papa", a déclaré mercredi le chef de l'Etat dans une vidéo publiée sur Instagram à l'issue du Conseil des ministres.
Il s'est ensuite rendu dans l'après-midi dans un centre de protection maternelle et infantile (PMI) en Essonne pour promouvoir cette mesure.
Réclamé de longue date par les militantes féministes, les syndicats et nombre de pères, l'allongement de ce congé avait fait l'objet de plusieurs pétitions.
La mesure sera inscrite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2021, présenté le 7 octobre en Conseil des ministres.
Son allongement sera financé par la Sécurité sociale, pour un coût également doublé et estimé à plus de 500 millions d'euros en année pleine. Les trois jours du congé de naissance seront toujours à la charge de l'employeur, et les 25 jours restants seront indemnisés par la Sécurité sociale.
De Julien Bayou (EELV) à Julien Aubert (LR), les représentants politiques ont largement salué cette avancée, les élus de gauche plaidant toutefois pour un congé encore plus long.
Début septembre, la commission présidée par Boris Cyrulnik sur les "1.000 premiers jours" du nouveau-né avait d'ailleurs recommandé de le porter à neuf semaines.
Interrogé sur BFM, le pédopsychiatre a rappelé que la proximité des pères permettait de limiter la dépression péri-natale, qui frapperait 10 à 15% des femmes: "Il faut pas oublier que les jeunes mères actuellement sont seules, ce qui n'est jamais arrivé dans l'histoire humaine".
"Changer de nom"
Pour Thibaut Pradinas, à l'origine d'une pétition réclamant son extension à quatre semaines, qui avait trouvé beaucoup d'échos en 2017, c'est "une victoire, même si le temps a été long".
"Mes trois ans et demi de militantisme sur ce sujet me font penser qu'un mois ça ne sera pas assez pour gommer toutes les inégalités qui s'installent au moment de la naissance, mais c'est une première étape, importante", a-t-il déclaré à l'AFP.
Ce père d'un enfant de 20 mois, membre de l'association "Parents et Féministes", se dit toutefois déçu du nombre de jours obligatoires, estimant que "le caractère obligatoire est incitatif pour les travailleurs indépendants et protecteur pour les salariés précaires vis-à-vis de leur patron".
L'Elysée avait indiqué mardi soir, sans préciser le nombre de jours, qu'"une part obligatoire" serait introduite dans ce congé avec sanction pour les entreprises qui ne la respecteraient pas.
Actuellement, sept pères sur dix prennent ce congé optionnel, un chiffre qui dissimule de fortes inégalités sociales: 80% des salariés en CDI y ont recours, contre moins de 60% de ceux qui sont en CDD.
Laurent Berger, patron de la CFDT, a salué "un progrès social". Dans un communiqué, la CGT a évoqué "une première avancée".
Seule voix discordante, l'organisation patronale des PME françaises (CPME) a dit "comprendre la finalité" mais "regretter que cette annonce intervienne dans une période particulièrement tendue sur le plan économique pour un grand nombre de TPE-PME".
Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, cette mesure "ira dans le bon sens" après des mois de grossesse et un accouchement "épuisants" pour les femmes, suivis de nombreux soins et démarches administratives liés à l'arrivée d'un enfant.
"Et si on pouvait en profiter pour lui faire changer de nom... Ça n'est pas un congé car c'est loin d'être des vacances", ajoute-t-elle sur Twitter.
Stéphanie, lesbienne et maman d'une fille née par PMA, a demandé sur son compte Twitter (@_Tes_Mères) qu'on arrête de le réduire à un simple "congé paternité": "Arrêtez de nous invisibiliser. Les lesbiennes aussi, y ont le droit. Et c'est déjà assez compliqué à dire ou faire comprendre aux employeurs".