"La Tour Triangle sera un atout pour le développement économique et le rayonnement de la capitale. Le projet générera pendant sa construction plus de 5.000 emplois directs et indirects", indique le géant des centres commerciaux, propriétaire du Forum des Halles.
Avec ce chantier, URW dit confirmer "son attachement à des projets structurants pour le rayonnement de la ville et du territoire".
Le soutien d'Axa lui permet de respecter "sa stratégie claire d'optimisation de l'allocation de ses ressources", souligne-t-il, en référence à sa stratégie de désendettement.
De fait, sans une bouffée d'oxygène venue de l'extérieur, ce projet à quelque 700 millions d'euros, selon des estimations qui ont circulé dans la presse, n'était pas assuré de voir le jour.
Unibail-Rodamco-Westfield a beaucoup souffert de la crise sanitaire et de la fermeture des commerces dits "non essentiels". Le chiffre d'affaires du groupe a dégringolé, avant une légère reprise au troisième trimestre 2021.
Axa, dont l'apport financier n'a pas été précisé, s'est dit "fier" de s'associer à la construction de la Tour Triangle: "un projet phare pour la ville de Paris et sa région", "un lieu particulièrement innovant et qui bénéficiera des meilleures certifications environnementales", a salué Isabelle Scemama, cheffe d'Axa IM Alts, la division de l'assureur français dédiée aux investissements alternatifs.
Signée de l'agence d'architecture suisse Herzog et de Meuron, cette tour de 180 mètres de haut et 42 étages sera érigée dans l'enceinte du Parc des expositions de la Porte de Versailles, dans le XVe arrondissement de Paris.
Elle doit notamment héberger un hôtel quatre étoiles, plus de 2.000 mètres carrés d'espace de travail partagé ("coworking"), un centre de santé et un espace culturel.
Les travaux, confiés à l'entreprise Besix, devraient durer jusqu'en 2026, a souligné URW.
Enquête du parquet financier
Le projet est au coeur d'une bataille politique.
Le maire (LR) du XVe arrondissement Philippe Goujon "totalement opposé" à ce projet a estimé lundi qu'"entre les beaux discours de la maire de Paris sur l'environnement et la réalité qui est de construire une tour de près de 200 m de haut, il y a un océan".
Née en 2008 sous la mandature de Bertrand Delanoë, lorsque Anne Hidalgo était adjointe à l'urbanisme, la Tour Triangle reste soutenue par l'Hôtel de Ville mais pas par les élus écologistes, alliés de Mme Hidalgo.
Pour le conseiller EELV, Emile Meunier, ce projet "antiécologique au possible" est "révoltant". "J'en veux particulièrement à AXA qui a sauvé ce projet in-extremis", a-t-il déclaré lundi à l'AFP estimant que le groupe "qui se vante de faire des investissements responsables et écologiques, investit dans ce projet du siècle dernier".
"On voit bien que si on laisse les enjeux économiques et les grandes entreprises guider les choix d'infrastructure, notre politique (...) ce sont toujours des projets qui iront à l'encontre du climat, à l'encontre de l'intérêt général, qui seront choisis", a renchéri l'adjoint EELV à la transformation de l'espace public David Belliard.
L'adjoint (PS) à l'urbanisme, Emmanuel Grégoire, a pour sa part salué une "excellente nouvelle pour l'attractivité de Paris et de notre pays", ajoutant que "ce projet répond aux plus exigeantes normes environnementales et s'intégrera parfaitement dans le tissu urbain parisien de la Porte de Versailles".
L'octroi par la ville de Paris de la concession où doit être bâtie la tour intéresse par ailleurs la justice. Le Parquet national financier (PNF) a ouvert en juin dernier une enquête préliminaire pour "favoritisme", après un signalement en 2020 de la maire LR du VIIe arrondissement, Rachida Dati, et le dépôt début 2021 d'une plainte par l'association Anticor.
Mme Dati et Anticor s'appuient sur un rapport de la chambre régionale des comptes d'Ile-de-France de juillet 2020 concernant le Parc des expositions de la Porte de Versailles. Selon ce rapport, la ville de Paris a notamment accepté d'indemniser le concessionnaire du parc, Viparis, qui est une filiale d'URW, à hauteur de 263 millions d'euros "pour un préjudice non démontré". Tout en attribuant à Viparis "dans des conditions en partie contestables" un nouveau contrat pour continuer à exploiter les installations.
Après l'annonce de cette enquête préliminaire, le groupe URW avait contesté "formellement les allégations sans fondement portées à son encontre" et regretté "la confusion opérée avec la Tour Triangle".
"Alors que le PNF a été saisi et que les interrogations sont plus que légitimes, ce début du chantier est inacceptable. Plus que jamais cette tour énergivore de bureaux est une aberration écologique et un projet économique appartenant au passé", a déclaré à l'AFP la conseillère LFI, Danielle Simonnet.