Le lidar, tracté de Port-la-Nouvelle, se trouve aujourd'hui à quelque 17 kilomètres des côtes, dans le golfe du Lion, là où la société Quadran Energies Marines prévoit d'installer une ferme pilote, baptisée EolMed, de quatre éoliennes de 6,12 mégawatts (MW) chacune.
EolMed est l'un des 4 lauréats d'un appel à projets de parcs pilotes d'éolien flottant lancé par le gouvernement en 2016, dans le cadre de la transition énergétique.
L'un, de 4 éoliennes de 6 MW, se situe en Bretagne, au large de Groix. Mais c'est encore en Méditerranée que doivent être ancrés les deux autres projets.
Dans le golfe de Fos-sur-mer, EDF Energies nouvelles pilote le projet "Provence Grand Large" de 3 éoliennes de 8 MGW, à 17 km du rivage.
Enfin, au large de Leucate, le projet "Les éoliennes flottantes du golfe du Lion" (EFGL), est porté par l'énergéticien Engie, qui prévoit 4 turbines de 6 MW. Son promoteur a lui aussi installé un lidar sur le site, en mai dernier.
Chaque porteur de projet s'est adjoint des partenaires distincts, tant pour la partie éoliennes, que pour le flotteur de plusieurs dizaines de mètres de côté --en béton ou en acier-- ou pour le raccordement et le couplage réseau.
L'installation des fermes pilotes prendra un peu de temps: études sur la levée des risques, autorisations environnementales, d'occupation du domaine maritime et d'exploitation, montage, tractage et ancrage à plusieurs dizaines de mètres de profondeur de l'ensemble flotteur/éoliennes... à Fos, la mise en service de la ferme est envisagée fin 2020. Les deux projets du golfe du Lion visent l'horizon 2021.
"Compétition à l'échelle mondiale"
La phase d'expérimentation pour chaque projet en Méditerranée est de 20 ans. Elle permettra de répondre à cette question résumée par Olivier Guiraud, le directeur général de Quadran Energies Marines : Sachant que les sites choisis se montrent généreux en terme de vents, "est-ce qu'on sait produire de l'énergie en pleine mer, sur des flotteurs" ?
Avec la ferme pilote, "on est en condition réelle" de production, explique de son côté Jean-Mathieu Kolb, le directeur du Projet EFGL. "Cette étape va nous permettre de prouver et éprouver la viabilité technique et économique de cette technologie, et démontrer la compétitivité de la filière", ajoute-t-il.
Pour l'instant, les retours d'expérience dans l'éolien flottant, technique novatrice qui permet notamment de se libérer des contraintes des profondeurs, sont limités: "Des démonstrateurs ont été installés au Japon, au Portugal et en Ecosse", souligne Olivier Guiraud. En France, seule une éolienne sur flotteur équipée d'une turbine de 2 MW a été installée fin avril au large du Croisic.
Mais l'objectif, tant pour le gouvernement que pour les industriels, est bien de se projeter dans les fermes commerciales, sachant que ces derniers devront se priver des aides liées à l'expérimentation --subventions à l'investissement, achat de l'électricité produite à un tarif spécial. "C'est sur l'énergie produite qu'on serait rétribué", explique Olivier Guiraud.
L'enjeu est important: "Il y a une compétition à l'échelle mondiale dans l'éolien flottant", souligne Jean-Mathieu Kolb.
"On en est au démarrage de la filière dans le monde", explique Matthieu Monnier, responsable Industrie et Offshore chez France Energie Eolienne, l'association française qui représente les industriels du secteur. Et la France, qui a pris du retard dans le développement de l'éolien posé en mer, "est dans les starting-blocks pour être un des leaders mondiaux", poursuit Matthieu Monnier.
Les appels d'offres pour des fermes commerciales pourraient être lancés dès 2019, dans la continuité du développement des fermes pilotes, selon M. Monnier.
Six ans s'écouleraient alors entre l'attribution d'appels d'offres et la mise en service de fermes commerciales, le temps pour les industriels de se positionner en s'appuyant sur les retours d'expérience tirés des fermes pilotes.
"Notre objectif est bien de transformer le projet pilote en commercial et pouvoir un jour nous exporter", assure Olivier Guiraud.