"Je ne veux pas revenir, je ne veux pas mourir ici", a expliqué une mère de famille, Djabari Fahamoe, qui dort à l'hôtel depuis le sinistre, lors d'un point presse du collectif des habitants de Maison-Blanche, grand ensemble des quartiers Nord.
Chez elle, le spectacle est comparable à celui des 24 appartements impactés par l'incendie, parti d'un balcon du 4e étage et qui n'a pas fait de victime : murs noircis par la fumée, odeur de brûlé, humidité depuis l'intervention des pompiers.
Le tout dans un quasi bidonville vertical, où le manque de travaux est criant : un peu partout, les toilettes fuient, les fils électriques sont rafistolés avec du scotch et l'eau coule du plafond du voisin lorsque l'on passe la serpillère.
Depuis l'incendie, la mairie, qui se débat par ailleurs dans une vaste crise du logement insalubre depuis l'effondrement le 5 novembre 2018 de deux immeubles rue d'Aubagne, faisant 8 morts, a pris en charge le relogement d'urgence des familles. Une partie est toujours à l'hôtel, d'autres dont les appartements sont "réintégrables" sont aidés par le collectif.
"Il s'agit d'un conflit de droit privé, entre locataires, propriétaires et assureurs", précise à l'AFP Julien Ruas, adjoint au maire de Marseille chargé de ces dossiers. "On veut bien accompagner encore quelques jours les familles, à l'approche de la rentrée, mais on ne peut pas payer à la place des propriétaires qui encaissent les loyers depuis des années".
Au-delà du sinistre, malgré l'inscription de Maison-Blanche parmi les 17 copropriétés dégradées qui font l'objet d'un suivi national, avec le but de les faire reprendre en main par la puissance publique, les locataires des 220 logements désespèrent de voir leur situation s'améliorer.
"Cela fait des années que tous les voisins harcèlent leur propriétaire et au niveau des travaux rien n'a été fait", se lamente Fatima Ibrahim, qui élève quatre enfants de 6 à 17 ans, dans un appartement où les toilettes ne sont plus utilisables, refoulant régulièrement les eaux usées.
Depuis l'incendie, "je ne peux plus remonter chez moi, j'ai trop peur". "On paie des impôts, on paie des charges, on ne devrait pas devoir se battre pour obtenir le minimum de sécurité", poursuit-elle. "On ne veut pas retourner là-dedans, on veut partir d'ici !".