Son exaspération partagée par tous ses confrères interrogés par l'AFP tranche avec l'émerveillement des adeptes des mobilités douces ravis de découvrir ce carrefour majeur de 70.000 m2 où circulaient 5.400 voitures par heure en temps normal, devenu vide, respirable et doté d'installations olympiques.
Dans le cadre de la nouvelle phase de montage des infrastructures pour les Jeux, qui auront lieu du 26 juillet au 11 août, la préfecture de police a ordonné la fermeture "à toute circulation" de l'ensemble de la plus grande place de Paris qui accueillera les épreuves des sports urbains (BMX freestyle, breakdance, skateboard et basket à trois), ainsi que la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques (28 août au 8 septembre).
"Enfin, les JO, c'est concret!", s'exclame Dina Zeghir, opticienne de 44 ans venue à Paris de Montreuil, dans la banlieue est, afin de "repérer le chemin pour accéder à la Seine".
Elle n'a de billets ni pour la cérémonie d'ouverture ni pour les épreuves, mais vient s'imprégner de l'ambiance JO.
"J'essaie d'imaginer la foule en délire, la terre entière présente ici. Ressentir l'ambiance que ça va procurer. On a hâte", dit-elle.
"Beaucoup de klaxons"
Postés devant les barrières à l'entrée de la place, des agents redirigent les voitures et invitent les cyclistes à longer la clôture métallique.
Certains cyclistes et piétons s'arrêtent pour immortaliser à travers le grillage les gradins autour de l'obélisque de Louxor ou faire un selfie.
Le retraité Frédéric Verdeaux, 64 ans, regrette de ne pas avoir pris de place pour des épreuves sur ce site.
"Utiliser les sites historiques emblématiques de la capitale, cela va donner des images splendides", s'enthousiasme-t-il.
"On fera ça une fois dans la vie et cela vaut le coup", abonde-t-il tout en disant "compatir pour les pauvres automobilistes". "Je ne sais pas par où ils passent, j'ai entendu beaucoup de klaxons."
"C'est un évènement planétaire, il y a des sacrifices à faire", lance Anita Cobbaert, retraitée, qui trouve que les travaux sont "plutôt bien gérés". "Nous, les Parisiens, on est râleurs, mais dans trois mois tout le monde sera heureux."
Piétonnisation
Chemise à rayures et pantalon de costume slim, le banquier trentenaire Amaury Prévost pédale sur la très chic rue Royale qui relie la place de la Madeleine à celle de la Concorde et accueille le restaurant Maxim's et des boutiques de luxe. Une voie presque déserte.
"Il faut passer par où?", demande-t-il à un policier en arrivant à la Concorde.
"Il faut faire tout le tour de la place, Monsieur."
"Cela a quelques inconvénients mais quand on se balade en vélo, on fait avec, on apprend à circuler par de nouveaux itinéraires. Là, c'est hyper agréable, il n'y a aucune circulation", dit-il à l'AFP.
Chauffeurs de taxi et voituriers peinent, eux, à faire avec.
"Franchement là, je cherche juste à sortir et rentrer chez moi. On ne peut plus travailler, les voies de bus sont obstruées, la place de la Concorde est fermée, le pont Alexandre III est fermé. C'est une catastrophe", lance Abdel, 52 ans. "Si c'est comme ça, autant partir en vacances en été !"
Le taxi Tharshan Kokulan, 30 ans, qui attend un client rue Royale se plaint lui aussi des conditions du travail de plus en plus dures.
"Avant je passais de la rive droite à la rive gauche en 10 minutes, aujourd'hui cela m'en prend 25 et cela va devenir encore plus compliqué", dit-il, la fermeture de la Concorde allongeant les itinéraires de 2 km minimum.
La réouverture partielle de la place est prévue pour le 7 septembre et à compter du 25 septembre, toute la partie ouest sera rouverte à la circulation.
Mais la mairie de Paris n'entend pas laisser les voitures envahir de nouveau la place après les JO: elle compte piétonniser la Concorde pour l'ouvrir à la promenade depuis les Tuileries jusqu'à l'obélisque, un vœux voté au conseil de Paris en février.