L'Expo 70 d'Osaka au Japon, un succès mémorable dur à égaler

L'événement a longtemps détenu le record mondial de fréquentation pour une exposition universelle: 64,2 millions d'entrées, un nombre uniquement surpassé en 2010 par celle de Shanghai (73 millions).

L'Expo 2025 mise elle sur 28,2 millions d'entrées: un objectif faisant pâle figure à côté de l'Expo 70, mais néanmoins supérieur à la fréquentation de l'Expo 2020 de Dubaï (24,1 millions).

"Pour les Japonais, l'événement le plus mémorable de l'après-guerre au Japon a été l'Expo 70", déclare à l'AFP Shinya Hashizume, un universitaire d'Osaka spécialiste de l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme, auteur de nombreux ouvrages sur sa ville natale.

"Six mois extraordinaires"

C'était une époque où le Japon, pays vaincu de la Seconde Guerre mondiale, tournait la page de cette période sombre avec son "miracle économique", et marquait symboliquement son retour dans la communauté internationale en accueillant de grands événements, comme les Jeux olympiques d'été de Tokyo en 1964.

"Ces six mois ont été extraordinaires pour Osaka (...). Toute la ville était une fête", se souvient avec émotion M. Hashizume.

Agé de dix ans à l'époque, il s'était rendu 18 fois à l'Expo 70, fasciné d'y découvrir le "monde entier" et "un futur qui ressemblait à de la science-fiction", avec ses pavillons avant-gardistes aux couleurs chamarrées et des innovations en pagaille.

Les visiteurs découvraient des écrans géants (le premier film au format IMAX y a notamment été projeté), testaient de premiers téléphones portables et des "vidéophones", et pouvaient admirer des roches ramenées de la Lune, exposées au pavillon des Etats-Unis.

L'énorme succès populaire de l'Expo 70 s'explique aussi par le fait que très peu de Japonais voyageaient à l'étranger à l'époque, tout en ayant soif de le découvrir.

"Des Japonais ont rencontré des étrangers pour la première fois de leur vie à l'Expo 70. Certains leur couraient même après pour leur demander des autographes", relate Jun Takashina, secrétaire général adjoint de l'Expo 2025.

"Tout y était nouveau, et c'est pourquoi c'était si enthousiasmant" pour le public nippon, à une époque où internet n'existait pas, résume-t-il.

Références dans des mangas

Le site de l'Expo 70, dans le nord d'Osaka, est devenu un parc verdoyant. On peut toujours y visiter son monument le plus emblématique, la "Tour du Soleil", qui reste un spot photo très apprécié.

Haute de 70 m, cette curieuse création cosmique de l'artiste japonais Taro Okamoto (1911-1996) a aussi fait l'objet d'apparitions ou de clins d'oeil dans divers mangas dont "Naruto" et "20th Century Boys", ainsi que dans l'univers Pokémon.

Le parc commémoratif accueille aussi un musée de l'Expo, à l'ambiance rétrofuturiste, et dont M. Hashizume a supervisé les installations intérieures.

Les structures de la nouvelle Expo, bâties sur une île artificielle dans la baie d'Osaka, doivent en revanche être démantelées après l'événement (13 avril-13 octobre 2025), les autorités locales projetant d'y construire à terme un gigantesque complexe touristique avec un casino.

M. Hashizume, qui occupe aussi un rôle de conseiller pour des préparatifs de l'Expo 2025, espère que les médias nippons en parleront "de manière positive" une fois qu'elle aura commencé. Et que le Japon prendra pleinement conscience de son rôle d'"hôte" de cet événement planétaire festif, axé sur le développement durable.