Dans le même temps, l’environnement, supposé être l’une des préoccupations majeures des Français (sondage Elabe), n’a été que peu abordé dans le cadre des débats à la Présidentielle.
Si certains experts évoquent une forme de déni collectif sur le sujet, d’autres une méconnaissance persistante ou encore un enjeu tellement intériorisé qu’il ne représenterait plus véritablement une bataille à mener, qu’en est-il réellement ? L’urgence climatique est-elle perçue comme telle par les Français ? Sont-ils prêts à changer ou pensent-ils qu’il est simplement trop tard et qu’il faudra « faire avec » ? Décryptage de l’étude OpinionWay réalisée pour PrimesEnergie.fr, principal financeur privé de la transition énergétique.
« Nous entendons régulièrement une petite musique qui nous raconte que l’enjeu climatique est désormais intégré par le plus grand nombre, les résultats de l’étude nous montrent que ce n’est pas tout à fait vrai. Non seulement 1 Français sur 5 ne croit pas au réchauffement climatique, mais parmi les autres, la moitié ne semble pas prendre la mesure du défi qui nous attend », constate Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr.
« Une part significative des répondants ne fait pas de lien direct entre le dérèglement climatique et les thématiques sociales et pourtant, les périodes de sècheresse de plus en plus intense en France et dans le monde, comme actuellement dans l'Ouest des Etats-Unis, vont avoir des conséquences directes sur la production alimentaire et donc générer ou renforcer une inflation préexistante. Opposer la lutte pour le climat aux enjeux sociaux est un contresens total, le niveau de réchauffement sur lequel nous pouvons agir aujourd’hui va totalement conditionner l’ensemble des autres sujets jugés plus prioritaires par la majorité des Français ».
1 Français sur 5 est climatosceptique
21% des Français sont climatosceptiques avec des différences très sensibles selon la région et l’âge.
Les habitants du Sud-Est, particulièrement confrontés à des phénomènes météorologiques extrêmes ne sont « que » 18% à ne pas croire au réchauffement climatique. Une proportion qui monte à 26% soit plus d’1 Français sur 4 dans le Nord-Ouest du pays.
Les plus climatosceptiques (25%) vivent dans des communes de 2 000 à 20 000 habitants contre 20% dans les zones rurales et 18% en région parisienne.
Le critère de l’âge est le plus déterminant avec des écarts de 15 points entre les plus climatosceptiques (29% des 35-49 ans) et les moins climatosceptiques (14% des + de 65 ans). En revanche pas de différence significative entre les femmes et les hommes (respectivement 21% et 20%).
Conflit générationnel ?
Si une majorité de Français (79%) ne doutent pas du réchauffement du climat, ils sont toutefois 63% à considérer qu’il y a des sujets plus prioritaires (emploi, sécurité, pouvoir d’achat, santé). A nouveau, le critère le plus déterminant pour observer des différences de perception est générationnel avec 71% des 35-49 ans qui considèrent que d’autres sujets sont prioritaires contre 52% des 18-25 ans, soit près de 20 points d’écart.
Lutter pour le climat… sans changer nos modes de vie ?
Par ailleurs, 75% considèrent qu’il est possible de concilier lutte pour le climat, croissance économique et mode de vie des pays développés en réalisant des économies d’énergie. A nouveau, les 35-49 ans sont les plus enclins à penser cela possible (81% contre 70% chez 25-34 ans et chez les 50 – 64 ans).
Dans le même temps, près de la moitié des Français (47% des personnes interrogées) pensent qu’il est trop tard pour inverser le cours du réchauffement climatique et même 57% pour les 35-49 ans.
A contrario, 44% des jeunes de 18 à 24 ans et seulement 39% des + de 65 ans pensent qu’il est trop tard. Les plus jeunes et les plus anciens se rejoignent dans une forme d’optimisme.
Méthodologie : étude et analyse réalisée au 1er trimestre 2022 par OpinionWay auprès d’un échantillon de 1022 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.