"Nous avons non seulement amélioré la qualité de notre patrimoine, avec un recentrage dans les meilleures centralités de Paris intra-muros, mais aussi rechargé notre pipeline de développement", a résumé Meka Brunel, directrice générale de Gecina, lors d'une conférence téléphonique à l'occasion des résultats annuels du groupe.
L'an dernier, le groupe a vu ses revenus augmenter de 18,4% à 662 millions d'euros. Ce bond s'explique par l'intégration d'Eurosic, l'une des plus grosses opérations récentes dans le secteur immobilier français. Ce rachat, à plus de trois milliards d'euros, a fait gonfler les loyers perçus par Gecina, même s'ils montent aussi à périmètre constant (+2,5%).
Il explique aussi la prudence du groupe pour 2019: Gecina s'attend à une hausse de 2% de son bénéfice net récurrent, indicateur le plus parlant pour une foncière, après l'avoir vu augmenter de 9% l'an dernier, ces variations s'entendant par action.
Cet objectif "n'est pas exceptionnellement élevé", a reconnu Mme Brunel. "On essaiera toujours de faire mieux mais on vit une année un peu complexe".
En effet, le groupe a engagé d'importantes cessions pour équilibrer son patrimoine gonflé par Eurosic. Or, pour une foncière, se défaire d'actifs revient à se priver de loyers futurs.
Gecina, qui avait à l'origine annoncé au moins 1,2 milliard d'euros de cessions, a largement dépassé cet objectif, puisque le groupe en est maintenant à deux milliards et ne s'interdit pas de poursuivre. Ces éventuelles futures cessions ne sont d'ailleurs pas prises en compte dans son objectif de performance.
Quelques constructions de logements
Cette situation rappelle celle de l'un des principaux concurrents de Gecina: le groupe immobilier Icade, également très présent dans les bureaux. Il a fait part cette semaine de prévisions freinées par des cessions, là encore à la suite d'une grosse acquisition: celle de la foncière ANF Immobilier.
Pour autant, la stratégie de Gecina diverge de celle d'Icade, ainsi que de celle de Covivio - ancienne Foncière des Régions. Ces deux derniers acteurs se diversifient hors des bureaux, l'un dans la santé, l'autre dans les hôtels ainsi que le logement à l'étranger.
De son côté, Gecina, qui a vendu voici quelques années ses actifs de santé, se concentre sur les bureaux et tout particulièrement en Île-de-France, une grande part des cessions post-Eurosic ayant eu lieu en régions.
A ce titre, le groupe compte relancer sa croissance à partir d'un portefeuille de développement centré sur les bureaux franciliens: celui-ci dépasse trois milliards d'euros et le groupe promet qu'il créera au moins 130 millions d'euros de loyers en plus d'ici à 2024, soit un cinquième de leur niveau actuel.
"La dynamique du marché est déjà très forte, avec ou sans Brexit", a jugé Mme Brunel, alors que les investisseurs tentent depuis des années de mesurer les effets de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ces interrogations étant relancées ces dernières semaines par le risque d'une absence d'accord.
Interrogée sur la répartition actuelle de son patrimoine de quelque 19 milliards d'euros, qui compte une petite part de résidentiel aux côtés des bureaux, Mme Brunel s'est dit satisfaite.
Le groupe marque d'ailleurs son attachement à ses logements en y prévoyant 200 millions d'euros de travaux, une nouveauté au sein de son portefeuille de projets.
"Nous allons construire des logements locatifs à Ville-d'Avray", où le groupe compte procéder à la "densification" d'un site qu'il possède dans cette localité des Hauts-de-Seine, a précisé Mme Brunel.