"On a demandé à la SNCF de préparer un projet beaucoup plus réduit, dans une dimension de l'ordre de 50 millions d'euros, pour faire des aménagements et répondre aux enjeux de 2023 et 2024", soit la Coupe du monde de rugby et les JO, a précisé mercredi M. Djebbari.
"Le projet initial était de 600 millions d'euros et a glissé vers 1,5 milliard, et qui s'est décalé de deux à trois ans dans le calendrier. C'est la chronique d'un projet qui s'est mal déroulé sur le plan technique", a regretté le ministre sur RMC/BFMTV en revenant sur l'annonce de mardi.
"Il est abandonné en l'état. La SCNF a indiqué son intention de prononcer la déchéance du contrat", et elle est "soutenue par le gouvernement", a souligné M. Djebbari.
La SNCF a annoncé mardi soir qu'elle renonçait au gigantesque et controversé projet de transformation de la Gare du Nord à Paris conçu avec Ceetrus, une filiale d'Auchan, mettant en avant des "dérives insupportables", notamment en matière de coût. Le chantier devait tripler la surface de la première gare d'Europe en prévision notamment des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
"C'est un projet qui a été soutenu par la mairie de Paris, voté par la maire de Paris, qui a ensuite fait une campagne électorale contre le projet de la gare du Nord (...) Il n'y a pas eu de constance politique sur ce sujet", a accusé le ministre.
La SNCF réduit son projet avec un "Plan B" pour les JO
La SNCF va lancer un "Plan B" d'amélioration de la Gare du Nord à Paris avant les Jeux olympiques de 2024, beaucoup plus modeste que l'ambitieuse rénovation abandonnée mardi, mais elle envisage pour la suite un nouveau projet plus vaste, à l'horizon 2030.
La foncière immobilière Ceetrus a dénoncé mercredi les manquements de SNCF Gares & Connexions.
"Ceetrus regrette le manquement manifeste de son partenaire, SNCF Gares & Connexions, à ses responsabilités de co-actionnaire et à la loyauté requise entre les partenaires d'une entreprise commune", a déclaré la société dans un communiqué, au lendemain de l'abandon officiel du projet qui devait tripler la surface de la gare parisienne en vue des Jeux olympiques de 2024.
La SNCF a justifié l'abandon par des "dérives insupportables", notamment en matière de coût.
Au lendemain de l'annonce de la SNCF, le gouvernement lui a demandé mercredi de préparer un projet "beaucoup plus réduit" pour la gare, autour de 50 millions d'euros, a annoncé le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Le projet initial était estimé à 600 millions d'euros et avait gonflé pour atteindre quelque 1,5 milliard d'euros, selon le ministre.
Concrètement, la concession a été confiée à SA Gare du Nord 2024 (StatioNord), une coentreprise formée par SNCF Gares & Connexions (34%) et la foncière Ceetrus (66%), cette dernière ayant la main pour la conception, les travaux et leur financement, ainsi que l'exploitation des boutiques pendant 46 ans.
Après une longue polémique avec la ville de Paris, qui pourtant avait approuvé le dossier à l'origine, car le projet était jugé trop imposant et s'apparentant trop à un centre commercial déconnecté du quartier, une mouture moins ambitieuse du projet avait été adoptée en novembre 2020.
Une "phase de participation du public par voie électronique" en vue de la délivrance d'un permis de construire modificatif était d'ailleurs en cours jusqu'à vendredi.
"Plan C" pour 2030
Cette réduction de la voilure n'a pas empêché l'envolée des coûts et les retards. En outre, les travaux tels que "StatioNord" les envisageait auraient exigé de supprimer le quart des trains en 2023 et 2024, "ce qui (était) juste impossible", selon la SNCF.
"C'est une déroute industrielle, et pas du tout un problème politique", affirme-t-on au sein du groupe.
"Le projet est abandonné en l'état. La SNCF a indiqué son intention de prononcer la déchéance du contrat", et elle est "soutenue par le gouvernement", a résumé Jean-Baptiste Djebbari.
La mairie de Paris a appelé à "ne pas reporter une nouvelle fois la modernisation et la rénovation de la gare".
Un "Plan B" doit permettre, avec l'aide d'Arep l'agence d'architecture de la SNCF, de la rénover pour les événements sportifs de 2023 et 2024.
"On démarre tout de suite, on s'y met dès aujourd'hui", a affirmé à l'AFP la directrice générale de SNCF Gares & Connexions, Marlène Dolveck.
Il s'agit selon elle d'ajouter des escaliers mécaniques, de renforcer la signalétique, de réaménager la gare routière, d'ajouter des places de stationnement pour les vélos, de revoir la zone des taxis et VTC, de pacifier les espaces jouxtant le bâtiment...
Le terminal transmanche doit également être réaménagé, avec une amélioration de la salle d'attente et des zones d'embarquement pour Eurostar.
"Après, il y aura un +Plan C+ parce qu'on n'a pas abandonné l'idée d'avoir une gare prête à l'horizon 2030, pour accueillir nos voyageurs, car on anticipe qu'il y aura une importante augmentation des flux", a annoncé la responsable.
"Le cahier des charges est à définir" pour cette nouvelle transformation, qui doit être étudiée "en réflexion avec l'ensemble des acteurs publics", selon Mme Dolveck.
"Nous sommes disponibles et volontaires pour engager un nouveau projet de rénovation de la Gare du Nord qui soit au service des usagers du quotidien, de l'insertion urbaine et de l'intermodalité", a déclaré dans un communiqué Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire PS Anne Hidalgo.