A 1,9% sur un an en août, contre 2,3% en juillet, l'inflation s'est assagie du fait du "très net ralentissement des prix de l'énergie", détaille l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une estimation provisoire publiée vendredi.
Le coût de l'énergie n'a ainsi progressé que de 0,5% sur un an en août 2024, alors qu'il avait bondi de près de 7% un an plus tôt, "principalement" en raison de la hausse des tarifs réglementés de l'électricité au 1er août 2023, rappellent les statisticiens nationaux.
Les prix des produits alimentaires ont également augmenté de 0,5% sur un an en août, un rythme identique à celui du mois de juillet.
"Les prix baissent et vont continuer à baisser, l'inflation est derrière nous", a jugé le vice-président de Lidl France, Michel Biero, sur RTL.
Mais après des mois d'inflation à deux chiffres sur les produits alimentaires, "on ne pourra pas revenir aux prix d'il y a deux ans", a-t-il aussitôt nuancé.
Pour le patron de Coopérative U Dominique Schelcher, qui s'exprimait sur RMC/BFM TV, "les prix baissent depuis le mois de mai en France, très légèrement malheureusement pour les Français et ça ne se traduit pas encore assez de manière significative" dans leur chariot de courses.
Autre point d'attention, l'inflation dans les services a accéléré en août, bondissant de 3,1% sur un an après avoir 2,6% en juillet. Or les services pèsent à eux seuls plus de la moitié de l'indice des prix à la consommation.
Chef économiste du cabinet Asterès, Sylvain Bersinger voit deux explications possibles à ce sursaut: soit un renchérissement des hôtels et transports lié aux Jeux olympiques, soit une répercussion des hausses de salaires dans les prix de vente du secteur.
Mais la tendance au ralentissement de l'inflation globale "semble cependant bien engagée", souligne-t-il dans une note.
IPC et IPCH
L'économiste de BNP Paribas Stéphane Colliac juge également qu'"avec le reflux de l'effet JO et la diminution progressive des tensions inflationnistes dans le secteur, l'inflation dans les services devrait refluer vers 2,7% sur un an en fin d'année et 2% à la fin du premier semestre 2025".
En tombant à 1,9%, l'indice des prix à la consommation (IPC) est en tout cas repassé sous l'objectif d'inflation de 2% poursuivi par la Banque centrale européenne (BCE) - comme en Allemagne, selon les chiffres d'août publiés jeudi.
Si l'IPC fait référence en France, la BCE privilégie néanmoins un autre indicateur, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui a lui progressé de 2,2% sur un an en août, selon l'Insee.
L'IPC pourrait par ailleurs être révisé à la hausse lors de la seconde estimation de l'Insee prévue le 13 septembre, comme il l'a été en mai et en juin (+0,1 point à chaque fois par rapport à la première estimation).
Le ralentissement de l'inflation en France et en Allemagne devrait encourager la BCE à procéder à une nouvelle baisse de ses taux directeurs mi-septembre, ce qui pourrait soutenir la consommation des ménages.
Les achats de biens des ménages français ont déjà rebondi de 0,3% sur un mois en juillet, après s'être repliés de 0,6% en juin, mois de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, selon l'Insee.
Les statisticiens français ont enfin fait état vendredi d'une croissance de 0,2% du Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, soit 0,1 point de moins qu'annoncé à la première estimation publiée fin juillet (0,3%).
Alors que les conséquences économiques de l'incertitude politique provoquée par la dissolution restent incertaines, les investissements des entreprises sont en recul de 0,5% par rapport au trimestre précédent, un reflux de même ampleur que celui enregistré entre janvier et mars.
Ceux des ménages reculent de 1,1% après avoir plongé de près de 2% au premier trimestre.