Gestion des forêts ou construction de bâtiments bas carbone: l'Etat s'efforce de conclure la formation de ses hauts fonctionnaires à la transition écologique par une illustration concrète des enjeux environnementaux et des solutions. Une démarche saluée par les participants, mais à l'impact encore incertain.
La forêt de Montmorency "est la seule d'Île-de-France à être classée en état de crise sanitaire", explique Michel Béal, directeur de l'agence Île-de-France Ouest de l'ONF.
Depuis quelques années, les nombreux châtaigniers qui la constituent sont touchés par la maladie de l'encre, un parasite qui serait "moins virulent" si les températures ne s'étaient pas autant réchauffées, explique-t-il.
D'où les coupes sur la parcelle, pour limiter la propagation de ce parasite. L'ONF compte aussi diversifier les espèces d'arbres pour mieux adapter la forêt aux effets du changement climatique.
Le chêne ne représentera plus que 50 à 55% des essences que l'ONF compte replanter. "Avant, on aurait dit 80% de chêne", détaille Philippe Belchi, référent territorial de l'office.
Quelques minutes plus tard, le groupe s'arrête devant un amas de bois coupé. Le but est cette fois d'illustrer une autre priorité de l'ONF: la valorisation de la filière bois.
"En France, il y a plus de 400.000 emplois dans la filière forêt-bois, des emplois dans les territoires ruraux", insiste Olivier Rousset, directeur général adjoint de l'ONF.
Au bout de deux heures en forêt, trois membres du groupe retrouvent les quais baignés de soleil de la gare de Saint-Leu-la-Forêt - les autres sont repartis en voiture.
25.000 hauts fonctionnaires
L'ambition de l'Etat est de former à la transition écologique l'ensemble de ses 25.000 hauts fonctionnaires d'ici à 2024, puis les 5,7 millions d'agents publics d'ici à 2027. Le gouvernement s'attend ensuite à ce que les cadres du secteur public élaborent des plans d'action en matière de transition écologique.
Venus de Bercy, du ministère de la Culture ou encore de l'Académie de Poitiers, tous s'accordent à juger intéressantes la matinée en forêt et, plus généralement, la formation proposée.
Grâce à ce module pratique, doublé d'ateliers de groupe et de conférences, "on sent que (les enjeux environnementaux) infusent" dans les sphères dirigeantes de l'Etat, avance une directrice d'administration du ministère de l'Economie.
Une prise de conscience déjà opérée cet été au ministère de la Culture. Avec une température de "60 degrés" mesurée dans les bâtiments vitrés de la Bibliothèque nationale de France, la canicule a eu des effets physiquement palpables, relève un responsable de la Direction du Livre.
Reste à voir comment les hauts fonctionnaires partageront à leurs équipes les connaissances acquises au cours de la formation et quel impact celle-ci aura sur l'action publique.
Comme le confesse un haut fonctionnaire du ministère des Armées à la sortie d'un module de sensibilisation à la construction de bâtiments bas carbone, "c'est un peu éloigné" des thématiques qui l'occupent au quotidien.
Le rôle des pouvoirs publics sera pourtant crucial pour répondre aux défis du changement climatique, rappelle Guillaume Carlier à une trentaine de hauts fonctionnaires réunis lundi pour ce module dans une tour du quartier Montparnasse à Paris.
"D'ici 2050, on doit diviser par cinq" l'empreinte carbone moyenne de chaque Français, souligne devant eux le directeur de la stratégie Climat Ressources de Bouygues Immobilier, une entreprise membre de l'Association pour le Développement du Bâtiment Bas Carbone (BBCA).
"La part individuelle (de cet effort) est évaluée à 25% et la part de l'Etat et des entreprises à 75%", insiste-t-il.