Bien qu'au nombre de quatre, les écoles clermontoises représentent à elles seules environ 40% de la consommation énergétique des 25 bâtiments publics de cette ville de 10.000 habitants.
"On investit dans les économies d'énergie depuis 2014, en particulier dans les écoles", assure le maire Lionel Ollivier, ancien proviseur de lycée, pour qui l'école est une priorité "en raison de son rôle d'ascenseur social".
"Si nous n'avions rien fait, nous aurions pris plein pot la crise énergétique de 2022, avec 150.000 euros de facture supplémentaire alors qu'on a aujourd'hui 60.000 euros à payer en moins", se félicite l'édile socialiste, élu depuis 2004.
Toiture, chaudière, fenêtres, façades: l'école des Sables, construite après guerre, a été rénovée pendant les deux mois de l'été 2015. Une opération à près de 500.000 euros, financée à 35% par le conseil départemental, le reste à charge par les fonds propres de la commune.
Le mercredi, quand les élèves n'ont pas classe, la température stagne autour de 18 degrés dans les locaux, soit un à deux degrés de moins qu'en temps scolaire. "C'est très important d'adapter la température à la fréquentation des locaux car les écoles ne sont occupées que 35% du temps", souligne Quentin Mérel, directeur du pôle Energie du Syndicat de l'énergie de l'Oise (SE60).
Se faufilant dans l'escalier menant à une chaudière gaz récente, pièce maîtresse du puzzle énergétique, il désigne un coffret de commandes. "Ce câble internet nous permet de piloter à distance les équipements - chaudière, pompes, vannes -, et le programme de chauffe est paramétré jour par jour à partir d'un calendrier en ligne", explique M. Mérel, qui suit les courbes de température de l'école sur son téléphone, grâce à une quinzaine de sondes posées dans les couloirs et les classes.
"40 milliards"
Car il ne suffit pas de faire monter un bâtiment de la catégorie énergétique E à C grâce aux travaux d'isolation, encore faut-il mieux consommer. Sur les 30% d'économies d'énergie réalisées aux Sables, la moitié découle de mesures de sobriété énergétique.
A quelques encablures, le groupe scolaire Belle-Assise, tout en briques rouges, est le prochain sur la liste des travaux de la mairie.
"Cette école est typique des bâtiments construits avant le choc pétrolier de 1973, qui a signé la fin de l'énergie pas chère. Leur durée de vie est certes très importante mais ce sont de véritables passoires thermiques", souligne M. Mérel.
Dans le préau fermé, les plaques de polycarbonate au plafond sont selon lui une "catastrophe thermique" tandis que dans une classe, on entrevoit l'extérieur du bâtiment à travers une porte pourtant fermée. La faute au bois des menuiseries qui a joué.
Les architectes ont chiffré à 800.000 euros le montant des travaux nécessaires pour cette école, dont une isolation par l'extérieur. Pour financer le reste à charge, la mairie compte sur le "fonds vert" de 2 milliards d'euros.
Un grand plan de rénovation des 49.000 écoles de France, soit 50 millions de m2, a été lancé le 9 mai par le gouvernement, alors que seuls 10% à 15% du parc a fait l'objet d'une rénovation thermique.
Ce chantier est évalué à 40 milliards d'euros pour atteindre l'objectif de réduction de 40% des consommations d'énergie en 2030.
Dans l'Oise, le Syndicat de l'énergie a réalisé 1.300 diagnostics énergétiques de bâtiments publics en trois ans grâce au financement du programme "Actee", porté par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et doté d'une enveloppe de 220 millions d'euros.
Actee finance également 400 postes d'"économes de flux", chargés de conseiller les collectivités sur leur stratégie énergétique.
"Les diagnostics ont permis aux élus de prendre conscience de l'état de leur bâti scolaire, ce qu'ils ignorent souvent", remarque Eric Guérin, président du SE60, rappelant que l'objectif de "zéro artificialisation nette" des sols les obligera de toute façon à "passer par la rénovation et non plus la construction".