L'entreprise a engrangé l'an dernier un bénéfice net en hausse de 6,9% à 1,04 milliard d'euros, pour un chiffre d'affaires de 56 milliards (+26,4%), porté notamment par l'intégration d'Equans, acheté à Engie en 2022.
"Bouygues a publié des résultats 2023 très solides pour tous ses métiers, hormis Bouygues Immobilier qui fait face à des conditions de marché très difficiles en France", a commenté mardi son directeur général, Olivier Roussat, pour qui "la rapidité et la qualité de l'intégration d'Equans ainsi que les premières étapes du déploiement du plan stratégique présenté en février 2023 sont un grand sujet de satisfaction".
Pour 2024, "dans un environnement économique et géopolitique incertain, et après une année de forte croissance", le groupe de BTP, de médias et de télécoms vise "un chiffre d'affaires et un résultat opérationnel courant des activités en légère croissance par rapport à 2023".
La construction a généré l'an dernier un revenu de 27,3 milliards d'euros, en hausse de 2% sur un an, tirée par Bouygues Construction et Colas (travaux publics, rail et route en particulier).
Le carnet de commandes de la branche "offre une bonne visibilité sur l'activité future". Y figurent notamment de gros contrats: métro d'Abidjan, Potomac River Tunnel aux Etats-Unis, extension de métro à Hong Kong... La commande de routes s'accroît en France, comme à chaque "période pré-électorale", note M. Roussat. Bouygues table aussi sur le retour en grâce du nucléaire et ses gros chantiers de génie civil.
De son côté, Equans, 100.000 collaborateurs, soit la moitié des effectifs de Bouygue, a fourni plus de 18,7 milliards d'euros de revenus, sur des marchés porteurs. Son activité future est portée par des commandes déjà signées (installation d'usines de batteries, de parcs photovoltaïques, centres de données...), mais aussi des contrats récurrents de maintenance de sites industriels et de bâtiments publics.
"Adapter l'organisation"
Le contexte est moins propice en revanche pour Bouygues Immobilier, qui a subi en 2023 une perte nette de 7 millions d'euros (contre un bénéfice de 18 millions en 2022), pour un revenu d'1,7 milliard (-14,5%).
La branche "continue de faire face à un environnement de marché difficile", notamment en France, avec également un carnet de commandes en repli de 32% par rapport à fin 2022.
Les réservations dans le résidentiel ont baissé de 25% sur un an, et dans le tertiaire, l'activité commerciale reste à l'arrêt.
"Dans ce contexte, Bouygues Immobilier adapte son organisation, et repousse le lancement de certains projets", indique le groupe.
"On adapte nos coûts et nos structures à l'évolution du marché", a précisé M. Roussat à des journalistes qui l'interrogeaient notamment sur un éventuel plan social. "Nous avons lancé un plan" de redéploiement "d'un certain nombre de collaborateurs de Bouygues Immobilier à l'intérieur du groupe". Il s'agit aussi de "voir si on peut faire matcher" certains avec les besoins de recrutements en cours, a-t-il ajouté.
L'immobilier "reste un secteur absolument nécessaire mais pour l'instant on ne le voit pas repartir", note-t-il.
Interrogé sur l'action du gouvernement pour soutenir le logement, il souligne que "pour l'instant, objectivement il n'y a pas à date de mesure explicite qui soit véritablement proposée. C'est la raison pour laquelle on n'entrevoit pas de reprise à court terme (...) Le besoin de logement est là, la France est plutôt un pays de propriétaires mais ils ont été désolvabilisés avec la hausse des taux (d'intérêt)."
Sur son volant Télécoms, Bouygues a en revanche annoncé une rentabilité en hausse, grâce à la conquête de nouveaux clients.
Il avait annoncé jeudi la signature d'un protocole d'exclusivité pour racheter 100% de l'opérateur virtuel La Poste Telecom, détenu à 51% par La Poste et à 49% par SFR, pour un prix d'acquisition des titres fixé à 950 millions d'euros.
Sous réserve notamment de l'aval de SFR, ce rachat doit être finalisé d'ici la fin 2024 et permettre notamment à Bouygues de prend pied en zones rurales, a expliqué M. Roussat, ajoutant que la migration des clients commencerait en 2027.
Quant au groupe TF1, le chiffre d'affaires s'établit à 2,3 milliards d'euros en 2023, avec un revenu publicitaire en repli de 4% mais alimenté au second semestre par le retour de certains annonceurs.