Si elle est moins médiatisée que la qualité de l’air extérieur, la pollution de l’air intérieur peut pourtant elle aussi avoir de nombreuses conséquences sur le bien-être et la santé des personnes : gêne olfactive, somnolence, irritations de la peau et des yeux, mais aussi apparition ou aggravation de pathologies aigües ou chroniques : asthme, allergies respiratoires, etc.
Pour pallier ces désagréments, l’arrêté du 24 mars 1982 introduit d’ores et déjà le principe d’aération générale et permanente des logements en toute saison. La réglementation indique par ailleurs que les bailleurs doivent remettre aux locataires un logement décent ne laissant pas apparaître de risques manifestes pour leur santé et leur sécurité et leur assurer la jouissance paisible dudit logement. Il leur appartient donc d’équiper les logements des solutions de ventilation adéquates.
L’humidité des bâtiments, source indirecte de pollution
Si la vapeur d’eau n’est pas toxique pour l’être humain, un logement humide permet aux moisissures et acariens de proliférer et de polluer l’air intérieur. Les moisissures peuvent induire des effets sur la santé des occupants, soit par exposition directe par inhalation de spores, soit par contact direct sur la peau ou les yeux. Elles peuvent également dégager une large gamme de composés susceptibles d'être à l’origine d’effets délétères.
Les sources d’humidité dans la maison sont nombreuses : la cuisson, le séchage du linge, la toilette, mais aussi la respiration humaine. À titre d’exemple, un adulte produit environ 55 g de vapeur d’eau à l’heure, et une lessive environ 1 kg sur son temps de séchage. Les moisissures se développent principalement dans les pièces humides mal ventilées, comme les salles de bain, sur les murs mal isolés ou au niveau des ponts thermiques. Leurs spores peuvent envahir l’ensemble du logement. Selon une expertise de l’Anses, l’exposition aux moisissures concerne une part importante des habitations : entre 14 et 20% de logements en France présentent des moisissures visibles.
Un risque de dégradation du patrimoine
Au-delà des risques sanitaires, les moisissures présentent également des dommages patrimoniaux liés à la dégradation des lieux : des cloques se forment sous la peinture qui se met à craquer, les enduits s'effritent et les papiers peints se décollent. La plupart des revêtements ne résistent pas longtemps à la présence d'humidité. De plus, l'eau contenue dans un mur humide transporte avec elle des sels hygroscopiques qui migrent vers la surface des parois et qui participent fortement au décollement des enduits et des revêtements.
Dans certains cas, l'humidité peut même aller jusqu'à fragiliser la structure et dégrader la solidité d'un bâtiment. En général, les coûts de remise en état d’un logement avec des moisissures se chiffrent à plusieurs milliers d’euros.
Le rôle de la ventilation
La ventilation, processus par lequel l’air intérieur d’un bâtiment est renouvelé, a pour objectif de contribuer au confort et à la santé des occupants ainsi qu’à la pérennité du bâtiment. La ventilation des espaces clos est une nécessité absolue et une obligation réglementaire. Elle doit assurer une bonne qualité de l’air intérieur et un confort thermique et hygrométrique optimal. Elle permet d’apporter de l’air neuf, de diluer les polluants et d’évacuer l’excès d’humidité.
Plusieurs solutions techniques existent pour assurer le renouvellement d’air d’un bâtiment en conciliant les besoins de renouvellement d’air et les économies d’énergies. On notera que les réglementations applicables à chaque type de bâtiment ont une influence importante dans le choix d’un système adapté. L’arrêté du 24 mars 1982 a rendu obligatoire la ventilation générale et permanente des logements neufs : on parle depuis de VMC (ventilation mécanique contrôlée).
Des dysfonctionnements dommageables mais facilement contrôlables
Pour aller plus loin, plusieurs solutions permettent d’assurer que la qualité d’air intérieur est conforme aux standards et d’alerter au mieux les propriétaires et occupants sur les risques de condensation et de développement de moisissures.
Il a été constaté que les défauts de fonctionnement (panne, sous débit, etc.), souvent à l’origine d’une mauvaise qualité de l’air, étaient rarement identifiés avant la réalisation de la maintenance annuelle, laissant parfois les logements sans renouvellement d’air mécanique pendant de nombreux mois. L’instrumentation du caisson VMC permet d’alerter sur les défauts les plus impactants : grâce à l’installation d’un capteur de pression différentielle sur le réseau horizontal de la VMC, il est possible de détecter une panne du caisson, une pression insuffisante, un mauvais réglage du point de fonctionnement du caisson, etc. Enfin, la détection de l’humidité relative, symptôme particulièrement révélateur au cœur de l’habitat, permet d’alerter en cas d’humidité excessive et de risque de condensation.
L’humidité représente ainsi un véritable fléau pour les logements comme pour leurs occupants, en générant de la moisissure qui endommage le patrimoine et présente un véritable risque sanitaire. Pour jouir de leur droit à respirer un air qui ne nuise pas à leur santé, les propriétaires, bailleurs et locataires doivent plus que jamais s’assurer que l’ensemble des mesures et solutions ont bien été déployées dans leur bâtiment, et contrôlées régulièrement. Pour que tous puissent respirer en toute sérénité.
Tribune d'Olivier JUNG, Responsable Solutions Techniques et Matériels chez OCEA Smart Building (LinkedIn) et Riccardo ISSOGLIO (LinkedIn), Expert capteurs chez OCEA Smart Building (Groupe OCEA).